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Bibliothèque de chanoines

L’histoire du trésor de la cathédrale de Besançon est étroitement liée à celle du Chapitre cathédral.
Publié le 23 mai 2017
Écrit par Chloé Baverel

C’est au XIe siècle que l’archevêque Hugues de Salins (1031-1066) donne à la cathédrale saint Jean un chapitre de cinquante chanoines, astreints à la vie commune. Quand l’église Saint-Etienne, sur le mont, fut achevée, il lui donna un chapitre semblable. En 1254, sous l’épiscopat de Guillaume II de la Tour, les deux chapitres furent réunis en un seul, et le nombre des chanoines fut réduit à 43 membres. Autrefois, le Chapitre, choisi et désigné par l’Evêque, servait de conseil pastoral et financier… Les chanoines n’avaient pas seulement voix consultative, mais avaient effectivement « voix au chapitre » et savaient au besoin s’opposer à l’Evêque. Jusqu’au règne de Louis XIV, c’est le chapitre qui élisait le futur archevêque. Après la révolution, Mgr Lecoz, installa le nouveau chapitre en 1803. Aujourd’hui, le chapitre, qui comporte approximativement une douzaine de membres, n’a gardé que sa fonction de « permanent de la prière pour tout le Diocèse » c’est-à-dire que les chanoines prient chaque jour aux intentions du diocèse.

L’insigne du canonicat est la croix pectorale. Celle de Besançon représente d’un côté saint Jean et saint Etienne, les saint patrons de la cathédrale et de l’autre Saint Louis, en souvenir du droit de porter cette insigne concédé en 1779 par le roi Louis XVI.

La bibliothèque du Chapitre, dispersée à la Révolution, nous est connue à travers l’inventaire du District de 1792. Y sont mentionnées des pertes définitives considérables telles qu’une Bible manuscrite de 1200 ou un pontifical romain de la basse antiquité.

Le refondateur de la Bibliothèque capitulaire est l’archevêque concordataire Claude Lecoz (1740-1815). Il n’aura de cesse durant son épiscopat de reconstituer la bibliothèque disparue à la Révolution en réclamant auprès de la Ville les ouvrages diocésains. Dans le même temps, il encouragera vivement ses prêtres à recourir au legs d’ouvrages pour la formation des jeunes séminaristes. A sa mort, c’est donc tout naturellement qu’il laisse en héritage aux chanoines de la cathédrale sa propre bibliothèque à la condition qu’ils se procurent « un local décent pour la placer ». C’est la salle dite théologale qui fut choisie.

Une charge de bibliothécaire capitulaire, élu par l’assemblée des chanoines, est créée pour gérer ce patrimoine. Le premier catalogue établi mentionne 1222 ouvrages soit 4247 volumes répartis entre théologie, sciences, belles lettres et histoire. Les inventaires successifs mentionnent un accroissement du nombre d’ouvrages notamment dû à des legs importants consignés dans les actes du Chapitre.

Cependant, la salle théologale servant en même temps de dépôt pour la Fabrique, la bibliothèque se dégrade. C’est le chanoine Charles-François Denizot (1799-1882) qui en assura la sauvegarde. Soucieux de cet héritage, le bibliothécaire capitulaire alerta le cardinal Mathieu (1796-1875) sur l’urgence de la situation. Ce dernier fit déménager le garde-meuble et permit la remise en service de bibliothèque. L’état de la bibliothèque de 1875 permet de dresser le bilan de l’administration Denizot. On y recense 4100 ouvrages soit 9434 volumes ce qui représente une augmentation de 5872 volumes en seize années d’exercice. Le chanoine Denizot est d’ailleurs lui-même donateur de 2619 volumes. La bibliothèque sera désormais ouverte aux bibliophiles, laïques et clercs, le mercredi après-midi à partir du 15 novembre 1899.

Le 26 janvier 1906, l’inspecteur des Domaines vient faire l’inventaire des biens du Chapitre en exécution de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Les archives quittent en premier la bibliothèque. C’est seulement en 1909 que les livres rejoignent la Bibliothèque municipale où ils seront marqués d’un timbre indiquant leur origine. 1220 volumes sont choisis sans volonté particulière apparente même si certains manuscrits précieux, telle l’Evangéliaire Saphyr, font partie de cette sélection.

Devenue « chapelle d’hiver » pour le Chapitre, la bibliothèque va être une dernière fois remaniée dans les années 70. C’est encore un chanoine qui est à l’origine de ce changement. L’abbé Lucien Ledeur (1911-1975), fondateur de la Commission d’Art Sacré du diocèse de Besançon et Conservateur des Antiquités et Objets d’Arts du Doubs, décide d’installer le Trésor de la cathédrale dans ce « décor ».

Mise en place dans les années 1973-1975, cette collection est constituée par des pièces provenant du trésor originel de la cathédrale, appartenant à l’Etat, du trésor de l’Archevêché, des paroisses de la Ville, auxquelles sont venus s’ajouter des dépôts d’autres paroisses du Diocèse. L’ajout de ces vitrines a amputé la bibliothèque d’une partie de ses ouvrages, il est en reste aujourd’hui près de 5400 volumes. Le plus ancien conservé ici est un incunable de 1485 : missel à l’usage de Besançon que l’archevêque Charles de Neuchâtel (1463-1498) a fait imprimer à Salins.

Après l’installation du Trésor dans son nouvel écrin, que va devenir cette salle théologale? Bibliothèque ou chapelle des chanoines, et pourquoi pas les deux…

MISSEL À L’USAGE DE BESANÇON, JEAN DU PRÉ, BENOÎT BIGOT, CLAUDE BODRAM, SALINS, 1485, PAPIER, 206 FOLIOS

Chloé Monnier

 

Source

TRAMAUX Manuel « La bibliothèque du Chapitre métropolitain de Besançon, 1816-2006 : 190 ans d’histoire sur 50 m²» dans Procès-Verbaux et mémoires de l’Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Besançon et de Franche-Comté. Volume 198. 2005-2006.

 

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