Réhabiliter une basilique mariale est une tâche rare, précieuse, et impressionnante. La basilique Notre-Dame de Bon-Secours à Saint-Avold menaçait ruine. Grâce à la ténacité de son recteur – digne de celle de l’abbé Lemire le bâtisseur initial de la basilique – l’impossible chantier se mit à devenir possible. En parallèle de très grands travaux qui devaient assurer l’avenir du bâtiment, il me revint de redonner à ce lieu un visage.
Lors de ma première visite, une réalité me frappa : la vétusté et la morosité des peintures intérieures empêchaient littéralement de voir les qualités architecturales de l’édifice. Je commençais donc d’avoir le souci de souligner les formes romano-byzantines du bâtiment pour lui redonner son élégance et mettre en lumière ses qualités. J’allais plus loin encore dans la réflexion en observant le dôme, zone très fragilisée rendue viable par les travaux. Je voulais aussi la rendre belle, car ce dôme a une majesté réelle. J’osais alors rêver de le rendre polychrome et d’en faire un ciel étoilé. Une voûte bleue, où Marie, étoile parmi les étoiles rendrait grâce avec nous pour la création. La prière de Saint Bernard de Clairvaux revint à ma mémoire : « Regarde l’étoile, appelle Marie … » Avec l’aide de Claude Fromholz, l’architecte en charge de toute la rénovation, ce dôme autrefois plein de fissures fut revêtu des couleurs du ciel et d’étoiles d’or.
En parallèle de cela, une question se posait car deux chœurs se faisaient face : l’un sous le dôme, l’autre au pied de la châsse de Notre-Dame. Dans ce second lieu, on sent véritablement l’attachement local et la piété mariale qui vit là depuis 1902 et même depuis le XVIIIe siècle autour de la statue de Notre-Dame. Pourtant en célébrant là, on tournait le dos à la véritable orientation du bâtiment, voulue par son concepteur l’abbé Lemire, à savoir vers le levant, symbole du Christ ressuscité, comme le veut la tradition chrétienne. Il semblait donc plus intéressant de séparer les deux, l’un serait sanctuaire marial, quand l’autre, sous le dôme, deviendrait le seul chœur pour célébrer la messe.
Pourtant il y a bien sûr un lien entre les deux : Marie est celle qui conduit au Christ, celle qui l’accompagne de la Nativité jusqu’au Golgotha. Pour que ce chemin soit visible aux yeux des pèlerins l’idée vint de le graver dans la pierre, et le bleu, couleur mariale par excellence s’imposa à nouveau, en union avec le dôme. J’émis le souhait de faire courir tout le long de la basilique une ligne de quartz bleu, allant de la châsse au chœur et montant même sur l’autel pour se terminer par une croix. « A Jésus par Marie » pourrait être la devise des lieux.
Du côté du sanctuaire, une reliquaire de la famille Martin serait placé au pied de Marie, et des porte-lumière seraient disposés sur les côtés de la chasse pour bien signifier la prière qui monte comme un chant de louange. Pour l’autel, ligne d’arrivée de notre chemin, une belle pierre, noble et claire fut choisie pour tailler une forme à la fois majestueuse et évasée. L’ambon serait réalisé dans le même esprit, avec une sobriété quasi monastique.
Ultime difficulté dans le plan des lieux, l’entrée s’effectue par le fond du chœur… Très vite je vis dans ce fond de chœur un mur de gloire où viendrait surgir, comme le soleil levant, un Christ ressuscité orné de feuilles d’or. Réalisé en verre thermoformé, ce mur de gloire, gageure technique et objet de multiples recherches avec les maîtres verriers Loire de Chartres donnerait définitivement son centre et son horizon au chœur. Le tabernacle, sous la forme d’une étoile, pouvait trouver sa place dans l’un des bras du transept. Les bénitiers eux aussi seraient marqués du signe de l’étoile.
Ainsi j’espère avoir rendu ce bâtiment à sa beauté véritable. Par les couleurs et les formes, cette basilique est un lieu d’amour et d’espérance où l’on peut confier ses détresses et se réjouir des dons de la vie. Un lieu où regarder vers le Haut et y sentir l’infini de l’amour de Dieu.
Fleur Nabert
Sculpteur
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