La direction mettait à disposition une pièce toute en longueur de 32m2, sans fenêtre, précédée d’un petit couloir bien situé en face des ascenseurs.
Nous avons commencé par écouter longuement la façon de se recueillir de chaque religion. Nous ne voulions pas que ce soit un lieu de culte et, au fil des rencontres, nous avons choisi de ne pas séparer les espaces de chaque communauté tout en dédiant l’orientation vers la Mecque pour les musulmans.
Nous avons étudié le lieu précurseur de l’hôpital Bretonneau (2001) et celui de l’hôpital Trousseau (2007). Nous avons visité le nouvel espace inter-religieux (grand et partagé en trois) de l’hôpital d’Annecy et repris l’essentiel de leur charte d’utilisation.
Les contraintes de l’espace nous ont amenés à faire appel à architecte ami qui avait déjà reconstruit une synagogue au Maroc. Pendant plus d’un an il est venu travailler avec nous sur le cahier des charges et nous a beaucoup écoutés. Il nous a alors proposé d’utiliser chaque coin de la pièce pour chaque grande tradition : juive, musulmane, chrétienne(s), et pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans celles-ci. Ce serait une tablette surmontée d’un panneau vertical avec un symbole lumineux retro-éclairé. Il a dessiné l’arbre de vie que nous avions choisi comme symbole spirituel universel ainsi que les banquettes. Un autre ami, ébéniste, nous a offert de réaliser tout le mobilier en noyer clair du pays.
Le service technique de l’hôpital a assuré l’aménagement de l’espace : relever le faux plafond très bas, élargir le sas d’entrée pour les fauteuils roulants, réaliser la peinture, l’éclairage et le sol. Un appel à des donateurs nous a permis de commander l’arbre de vie à une entreprise et le bois du mobilier.
Dans le couloir, un panneau affiche la charte (respect des autres, pas de prière à haute voix), le calendrier de la prière musulmane, les horaires d’ouverture (fermé la nuit) et celui des messes mensuelles (célébrées dans une salle neutre).
A travers la porte, un hublot laisse apercevoir l’arbre et invite à entrer. Dans le sas, un mur inscrit une parole choisie par chaque tradition. Puis une découpe ogivale encadre l’Arbre de vie réalisé en acier découpé et illuminé par des ampoules jaunes évoquant des fruits.
A gauche de l’entrée : une banquette le long de deux murs permet de déposer dans les casiers en dessous les livres, tapis de prière et chaussures des musulmans.
Dans le panneau du coin « juif », la découpe lumineuse d’une ménorah, face à celui du croissant de l’islam. Entre les deux une colombe à contre-jour.
A droite de l’entrée un banc « double face » élargi en arrondi permet de choisir son orientation. Le quatrième pôle ne présente que les veines naturelles du bois.
Pour le pôle chrétien nous avons bien discuté de l’opportunité de mettre un tabernacle : il gênait les protestants mais les catholiques le désiraient. Comme il était utile pour porter la communion aux malades, il fut décidé de le faire petit, sans lumière spéciale, mais reconnaissable. Sur sa tablette les protestants ont alors aimé poser la Bible.
Seul regret : notre architecte nous avait proposé un sol de ton feu et un plafond bleu foncé, « étoilé » de leds, gardant juste assez de lumière pour lire. Les contraintes du Service technique ne nous l’ont pas permis.
Mais le résultat d’ensemble enchante les visiteurs : patients, familles, personnel et même personnes de l’extérieur.
Elyane Saussus
CDAS du diocèse de Grenoble-Vienne