Etape 1 : Lumières dans la nuit
Depuis l’incendie de Notre-Dame, la nuit du 15 avril 2019, à la date anniversaire de la catastrophe, la jeune association du Pèlerinage des Pierres Vivantes, a pris l’initiative d’organiser une procession dont les centaines de lumières ont brillé dans la nuit. Cet article est une partie de la conférence « Dans quelle tradition s’insère la sculpture de la Vierge à l’enfant au pilier de N-D de Paris ? », donnée à Saint-Germain-l’Auxerrois de Paris, le 3 novembre 2024. Ce furent les « prémices » de la dernière étape de ce Pèlerinage : l’entrée de la sculpture en sa cathédrale le 15 novembre 2024 (Fig. 1), avant sa réouverture au public le 8 décembre 2024.
Marie dans le rayonnement de la croix glorieuse (Fig. 2)
Au lendemain de l’incendie de la cathédrale, une image d’espérance folle, a paru dans les médias, celle du chœur de la cathédrale rempli d’un amas de décombres de poutres calcinées et de pierres, provenant de l’effondrement de la flêche. Deux sculptures demeuraient intactes au sein des ruines, celle de la Pietà de Nicolas Coustou (1723)-surmontée de la croix glorieuse du sculpteur Marc Couturier (1994)-et la blanche « Notre-Dame du pilier » (XIVe siècle). Ces œuvres ornant le chœur sont les témoignages, de la profonde dévotion à Notre-Dame et à Jésus son enfant à travers les siècles.
Cette photo saisissante a été prise au lendemain de l’incendie. Elle nous permet de voir la Croix de gloire luire au sein des ruines. Fichée au-dessus de la sculpture de la Pietà de Nicolas Coustou (XVIIIe sc.), cette croix récente (XXe sc.) « apporte la clarté au sein de ces ténèbres, et elle rayonne» dit Marc Couturier, son sculpteur. De même, la statue de « Notre-Dame du pilier » (adossée au pilier sud-est, à droite de l’image), est demeurée intacte et immaculée après l’incendie.
Un peu d’histoire
Durant des siècle les artistes et leurs commanditaires n’ont pas séparé Marie de Jésus son enfant.
Marie est figurée assise dès les premiers temps, car elle est le trône de la Sagesse incarnée, Jésus, son enfant. On la nomme Sedes Sapientiae (Siège -ou trône-de la Sagesse). Assise, elle est également Mater dolorosa, la Mère de Douleurs qui porte le corps mort de son enfant.
Mais Marie est également celle qui se tient debout au pied de la croix. C’est ainsi que l’évangile selon saint Jean nous la donne à contempler (Jn 19, 25-27). Donnée comme mère au disciple, Marie est notre « Mère, source d’amour ». chantée par le Stabat Mater.
Au XIIIe siècle, avec l’essor de la dévotion mariale, les statues de Marie debout portant son enfant se multiplient, la « Vierge du pilier » en est l’un des plus beaux exemples (Fig 3).
Mais pourquoi ce nom et cet emplacement ?
Parmi les nombreuses destructions dues à la Révolution, en 1793, on compte une statue de la Vierge du XIIIe siècle, qui se trouvait devant le trumeau du portail occidental, le portail de la Vierge.
En 1818, cette sculpture a été remplacée par une Vierge à l’enfant (datée du XIVe siècle) provenant de la chapelle Saint-Aignan, sur l’Ile de la Cité. Elle est restée de 1818 à 1855, au trumeau du portail de la Vierge de la façade occidentale de Notre-Dame-de-Paris.
A cette date, Eugène Viollet-le-Duc l’a déplacée à l’intérieur de la cathédrale devant le pilier Sud-Est du transept, un emplacement qui était un haut lieu de dévotion dans la cathédrale depuis le XIIe siècle, où un autel, dédié à Marie était adossé à ce pilier.
Nous comprenons que, depuis tous ces siècles, le message porté à Notre-Dame est que l’on ne peut séparer Marie de l’autel. C’est auprès de cette statue que le poète Paul Claudel s’est converti, au cours des vêpres de Noël 1886. Désormais c’est sa place. Elle l’a retrouvée ce 11 novembre 2024.
A suivre…