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[Hommage] rencontre avec le P. Frédéric Debuyst, témoin du Mouvement liturgique et de l’art sacré

Nous apprenions récemment avec tristesse le décès du P. Frédéric Debuyst le 12 décembre 2017. Ce moine bénédictin, ancien directeur de la revue « Art d’église » et grand spécialiste du théologien et philosophe allemand Romano Guardini, a largement contribué au renouveau de l'art sacré au XXe siècle. L’équipe de Narthex avait eu la chance de le rencontrer en 2012 dans son monastère de Clerlande en Belgique.
Publié le 08 février 2018

Chapelle du Monastère réalisée par Jean Cosse © Département art sacré/SNPLS
« Immuabilité et adaptations de l’espace »
Narthex: Avez-vous des conseils généraux à donner dans le cadre de l’aménagement des lieux de culte ?

P.Frédéric Debuyst: Les problèmes varient selon les églises, il convient de regarder pour chaque église la manière dont elle est utilisée, son histoire, l’histoire de la communauté chrétienne locale.
Les éléments fondamentaux doivent rester mais l’adaptation est essentielle. Il faut se laisser « déprendre » par le même schéma.

Je remarque que le problème réside souvent dans les dimensions de l’autel. Le modèle repris était celui du maître-autel ancien, avec ses dimensions développées en largeur qui épousent le fond de l’église. Aménager un autel proche des fidèles et proportionné par rapport au choeur et à l’assemblée demande une toute autre logique spatiale.

L’Assemblée des fidèles : premier lieu de la Liturgie

Je dois dire que penser à l’aménagement d’une église c’est d’abord partir de l’Assemblée.
Penser à partir de l’Assemblée sainte est la logique principale à suivre, de là découle le reste.

Itinéraire

L’exemple de l’église de Saint Laurent à Munich est très intéressant; composée d’une succession de lieux, avec tout au fond, la salle de l’eucharistie :  l’itinéraire dans l’église amène le fidèle à la Rencontre finale. Le fidèle s’est « enrichi » progressivement de ces différentes lieux-étapes.

Un lieu de la Parole cohérent
Narthex: Dans la liturgie est-ce qu’il faut toujours tout voir ?

Dans le cadre de la mise en valeur de l’ambon dans l’espace liturgique, de nombreuses questions se posent quant à son emplacement par rapport à l’autel mais aussi par rapport à l’Assemblée.
Même si les gens sont placés derrière l’ambon, celui-ci a toute sa place, les gens sont témoins de la Parole. La Parole  n’est ni un enseignement ni un cours.
C’est la  cohérence qui doit prévaloir et non le voir ou l’entendre.

Des espaces qui invitent à la prière

L’espace a aussi besoin d’un vide, d’une circulation aisée, quelque chose de naturel.
En parallèle de cette idée de vide, cela me fait penser à Guardini qui disait: « Si quelqu’un vous demande : où commence la liturgie ? Dans le silence. »
Le traitement de la lumière est également fondamental, il doit y avoir une gradation de la lumière. Partir du narthex, dans la pénombre, pour progressivement entrer dans la Lumière.

Vue du monastère de Clerlande réalisé par jean Cosse ©Département art sacré/SNPLS

Pour aller plus loin

Le génie chrétien du lieu, Frédéric Debuyst, le Cerf
L’entrée en liturgie (introduction à l’œuvre liturgique de Romano Guardini), Frédéric Debuyst, Le cerf

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