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L’église Saint-Jean-Bosco au décor Art déco

Dans le cadre de notre partenariat avec la revue "Le Monde de la Bible", notre chronique intitulée "la Bible des pierres" vous propose de découvrir une église du XXe arrondissement , située dans l'ancien village de Charonne, Saint-Jean-Bosco, édifiée au cours des années trente dans le plus pur style Art Déco, alliage étonnant de piété débordante et de modernisme épuré.
Publié le 04 avril 2018

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Vue extérieure de l’église Saint-Jean-Bosco © Claire Niemkoff

Le site de l’église Saint-Jean-Bosco

Située dans l’est parisien, l’église Saint-Jean-Bosco dresse la blancheur éclatante de sa façade dans l’ancien village de Charonne, au cœur du quartier de la Réunion, dans le XXe arrondissement. Rattaché à Paris en 1860, Charonne bénéficie à l’époque de côteaux bien exposés sur lesquels poussent des vignes. Consacrée en 1938 par Mgr Verdier, la paroisse a pour objectif de décharger celle de Saint-Germain-de-Charonne dans ce quartier alors peuplé d’immigrés italiens, d’ouvriers, d’artisans et de maraîchers. L‘église s’élève sur le terrain de l’ancien patronage Sainte-Anne, créé en 1845 par les religieux de Saint-Vincent-de-Paul et confié en 1921 aux Salésiens par son directeur, un des neveux de Frédéric Ozanam.

Vue de la nef vers le chŒur de l’ÉGLISE SAINT-JEAN-BOSCO © Wikimedia commons

Un peu d’histoire…

L’église Saint-Jean-Bosco est le soixantième édifice des « chantiers du Cardinal », œuvre fondée en 1931 par le cardinal Verdier, archevêque de Paris, dont la vocation était de construire à Paris et dans sa banlieue des églises pour les populations ouvrières et défavorisées. Confié au Père Vincent Siméoni, salésien, et piloté par l’architecte Dumitru (Demetrius) Rotter, le projet initialement très conséquent, qui comprenait la construction de l’église et de vastes locaux pour l’éducation, fut ensuite revu à la baisse. En effet, ce projet prévoyait d’entourer l’église de grandes constructions sur quatre ou cinq niveaux formant un cloître moderne autour de deux cours. L’édifice devait regrouper les espaces fonctionnels de l’institution, de l’école primaire à l’internat, sans oublier le patronage et la salle de sports. Faute de financements, seule l’église put sortir de terre. Sa première pierre est bénite en 1933, elle est ouverte au culte en 1937, et le 20 février 1938, la paroisse est canoniquement érigée. Le chantier ne s’achèvera définitivement qu’après la guerre, en 1943, sous la houlette de René Rotter, fils de l’architecte, qui prend le relais. Le rayonnement de l’église Saint-Jean-Bosco repose en grande partie sur ses oeuvres à destination de la jeunesse, dans la continuité de la mission d‘éducation de son saint patron. Le patronage Sainte Anne, destiné aux jeunes apprentis dans les métiers du bois, existait déjà dans le quartier depuis 1865 avec comme aumônier le Père Planchat – qui fût arrêté au patronage en 1871 et martyr de la Commune. Par la suite, le patronage rencontra des aléas et fut finalement confié aux Salésiens en 1921; il connut alors un bel essor avec 450 jeunes inscrits.

Intérieur DE L’ÉGLISE SAINT-JEAN-BOSCO © WIKIMEDIA COMMONS

Le style architectural

Edifiée entre 1933 et 1937, Saint-Jean-Bosco constitue l’ultime exemple parisien d’église à grand décor, de style Art Déco, avec une ornementation alliant statuaire, peintures, mosaïques et vitraux, confiée aux plus grands talents de l’époque : Mauméjean, Gaudin, Bessac … Issue d’un projet très ambitieux conçu par l’architecte Dumitru Rotter, l’église Saint-Jean-Bosco s’inspire de l’église Notre-Dame du Raincy, construite dix ans plus tôt par les frères Perret. Surmontée d’un clocher de 53 mètres, « phare pour le quartier » avec ses 28 cloches, l’édifice s’impose avec la rigueur de sa façade de béton revêtu d’un enduit blanc immaculé. De part et d’autre, deux tourelles abritent des escaliers percés de claustra ornés de verres colorés, bénéficiant d’un éclairage naturel. Sur la balustrade de l’escalier de la façade, se dresse la statue de Jean Bosco par Georges Serraz, juste devant les grandes portes en bronze, ornées de croix grecques rayonnantes en relief, signées de Raymond Subes.

Chaire à prêcher de Saint-Jean-Bosco © Art Culture et Foi/Paris

La Chaire à prêcher

Avec ses lignes modernistes à pans coupés du plus pur style Art Déco, et son ornementation à la fois simple et raffinée, la chaire à prêcher en onyx est sans nul doute l’un des chefs d’œuvre de l’église Saint-Jean-Bosco. Véritable prouesse artistique, elle relève le défi d’associer avec préciosité les matériaux les plus variés, tels l’onyx, la mosaïque, le verre dans cette architecture de béton, offrant au regard une puissante synthèse des réalisations de la maison Mauméjean Frères alors au sommet de son art. Sa conception architecturale innove elle aussi totalement par rapport au modèle traditionnel de la chaire et s’intègre parfaitement à l’ensemble de l’église. Confié à la maison Guitard sur les modèles de Mauméjean, le décor de la chaire, de haute qualité, donne à voir le sacrifice du Christ offert par son Père, à travers la symbolique de la vigne et du blé, entre l’autel des parfums du temple de Jérusalem et l’hostie de la messe.

Détail des mosaïques de la CHAIRE À PRÊCHER DE SAINT-JEAN-BOSCO ©ART CULTURE ET FOI/PARIS

Rythmant les éléments structurels de la chaire, ces panneaux figuratifs réalisés par les ateliers Mauméjean associent avec virtuosité les tesselles de mosaïque, la nacre sertie qui évoque la blancheur de l’hostie, les cabochons de verre qui donnent un relief tangible aux grains de raisin. L’harmonie chromatique est également parfaitement maîtrisée dans cet ensemble qui décline des tonalités très naturelles sur un fond d’or. La chaire est surplombée par une croix enchâssée dans un cercle, entourée de quatre cabochons, comme dans un écrin, avec cette impeccable symétrie et cette ligne hiératique, épurée et classique qui est la signature du style des années trente.

Représentation de la Trinité à l’église Saint-Jean-Bosco ©ART CULTURE ET FOI/PARIS

La Trinité

Une des caractéristiques de l’église Saint-Jean-Bosco, voulue par l’architecte Dumitru Rotter, est cet espace intérieur cloisonné, constitué de volumes emboîtés, à l’atmosphère à la fois magistrale et intime. Sur les pans coupés du voûtement, se déploient les séquences de la méditation du Rosaire : les Mystères joyeux et douloureux en vis-à-vis dans la nef, d’une part, et d’autre part les Mystères glorieux, dans le chœur, où la verrière centrale célèbre Jean Bosco, entouré d’anges, reçu au ciel par Marie. Les caissons du plafond de la nef déclinent les Litanies de la Vierge suivies de l’Agneau vainqueur, dans l’avant-chœur, annonce de l’apothéose, avec la Trinité, conçue sur un carton par Charles Mauméjean et située dans la partie centrale du chœur, surplombant à l’ancien maître autel. Cette composition originale présente le Christ vêtu de blanc, soutenu par le Père, au-dessus desquels l’Esprit Saint déploie largement ses ailes dans un mouvement circulaire englobant la lune et le soleil.

Le baptistère de L’ÉGLISE SAINT-JEAN-BOSCO ©ART CULTURE ET FOI/PARIS

Le baptistère

Emblématique des réalisations de la maison Mauméjean, ce baptistère est le fruit d’un savoir-faire qui allie la mosaïque à l’onyx parfaitement architecturé dans lequel sont sculptées la crédence et la cuve. Avec audace, cet ensemble met en scène de manière spectaculaire les eaux du Jourdain, rappel du baptême du Christ, qui viennent se répandre sur le mur et sur le sol de l’église, avec un magnifique décor de mosaïques ondoyantes qui se déploie autour du baptistère. En partie basse, sont évoqués le baptême de sang avec le Massacre des Innocents, à gauche, et le baptême de désir, à droite, avec le Martyre des jeunes saints Donatien et Rogatien. Signée du ferronnier Paul Kiss, une grille de clôture clos l’ensemble, avec un ornement de cabochons en céramique évoquant la vie de Saint Jean Baptiste.

La Source

Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? »
Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ;
c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » (…)
Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était.
Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

Jean I, 25-34 (source AELF)

Valérie de Maulmin

Eglise Saint-Jean-Bosco
77-79, rue Alexandre Dumas 75020 Paris
01 43 70 29 27
www.saintjeanbosco.fr

Pour aller plus loin

À lire :

Guide des visites d’églises, édité par l’association Art, Culture et Foi, Paris, 2022, 115 édifices religieux décrits dans un recueil de 64 pages en français et en anglais, mis à disposition gratuitement.

Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat établi entre Narthex et la revue papier Le Monde de la Bible. Il a été publié dans le numéro 242 – septembre-octobre-novembre 2022. Cette revue trimestrielle a confié à Narthex le soin de nourrir la rubrique « La Bible des pierres » depuis décembre 2015. → Retrouvez tous les articles issus de cette collaboration.

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