Jean Bazaine (1904-2001), ce « chanteur de l’Aube » (1), se disait incroyant cependant il a réalisé de nombreux vitraux. Tout d’abord dans l’église du plateau d’Assy, magistrale entreprise du Père Couturier, puis celle d’Audincourt dans le Doubs, Saint Séverin à Paris ou encore, la Cathédrale de Saint Dié dans les Vosges où il est associé à plusieurs artistes pour sa restauration : Manessier, Le Moal, Fernand Léger etc. Ces vitraux seront inaugurés en 1957.
Bazaine aimait la lumière éblouissante de ce pays de la fin de la terre et souhaitait y laisser une trace de son passage
Vingt-cinq ans plus tard, lors du pardon pour la fête de Marie-Madeleine, à Penmarc’h dans le Finistère sud, sont inaugurés, en présence du chef de cabinet du ministre de la Culture, Jacques Lang, six somptueux vitraux que Jean Bazaine a réalisés en hommage à ce pays bigouden auquel il est attaché depuis 1936, sa première visite en Bretagne. Il aimait la lumière éblouissante de ce pays de la fin de la terre (pen ar bed) et il avait exprimé le souhait de laisser une trace de son passage dans ce pays.
Le sommet est atteint avec la grande verrière murale qui illumine toute la chapelle , où Bazaine « l’incroyant » évoque la Résurrection.
Le responsable de l’art sacré du diocèse de Quimper lui suggère de réaliser des vitraux pour cette petite chapelle en ruines en 1968, mais restaurée en partie par des gens du pays et par les monuments historiques, qui financeront la réfection de la charpente et du toit entre 1970 et 1977.
La création de Jean Bazaine est exceptionnelle : six verrières évoquent, dans un style non-figuratif (cher à Bazaine) le parcours de Marie de Magdala,de l’évocation de sa chevelure pour le premier vitrail jusqu’à la rencontre avec le Ressuscité dans le cinquième, avec cette splendide évocation de la présence de Marie de Magdala au calvaire dans des tons froids de bleu et de pourpre. Mais le sommet est atteint avec la grande verrière murale qui illumine toute la chapelle , où Bazaine « l’incroyant » évoque la Résurrection. Jean Bazaine a tenu à faire figurer sa signature en bas de ce chef d’œuvre qu’il considérait comme un des sommets de son travail d’artiste, il a 77 ans.
Un petit groupe de gens du pays, constitué en association des « Amis de la Madeleine », maintiennent l’ouverture de la chapelle, de la mi-juin jusqu’à la journée du patrimoine au mois de septembre, tous les après-midi, sauf le lundi. Ils présentent la chapelle, érigée au tout début du XVe siècle, son histoire et font découvrir comment Jean Bazaine raconte la vie de Marie-Madeleine, « apôtre des apôtres » à travers ces six verrières.
Pour évoquer son œuvre, voici ce que Bazaine en disait : « C’est merveilleux de créer des lieux de lumière. Et je crois que dans le grand vitrail de la Résurrection, je suis allé plus loin que dans n’importe quelle peinture, à cette mobilité de la lumière que j’ai cherchée par des valeurs proches du jaune et du rose, par exemple . C’est un vitrail qui bouge. »
Robert Saadi-Rendu
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1- comme l’avait surnommé Bernard Berrou dans l’article publié par La Croix lors de son décès en 2001
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Pour se rendre à la Chapelle de la Madeleine
La Chapelle se trouve sur la route qui va de Plomeur à Penmar’ch (29760) juste avant le second rond-point,une petite route à droite avec l’indication : Chapelle de la Madeleine.
Coordonnées GPS : 47 49’32 N/04 19’21 O