La chapelle Saint-Philibert en ruines, avant sa restauration. © Wikimedia commons

L’histoire de la chapelle Saint-Philibert

Une première chapelle est édifiée en 1364, elle sera démolie pour être remplacée par la chapelle actuelle construite au début du XVe siècle. C’est un prieuré de Landévénec, l’abbaye bénédictine de la presqu’île de Crozon. Il reste une trace de ce prieuré grâce à la très belle demeure qui se trouve à côté de la chapelle : ce fut sans doute une résidence temporaire pour le prieur du XVe siècle. L’autre trace, c’est la statue de St Guénolé, conservée à l’abbaye, qui fut mise à l’abri au monastère bénédictin de Landévenec sur la presqu’île de Crozon où l’on peut l’admirer. Cette nouvelle chapelle va être église paroissiale du village de Lanvern à partir de 1747, ce privilège disparaîtra, au moment où Lanvern formera une seule commune avec Plonéour, en 1825 pour constituer le village de Plonéour-Lanvern.

Ensuite c’est pratiquement l’abandon.

Mais auparavant, il faut savoir qu’en 1625, son clocher va être rasé, comme pour cinq de ses sœurs bigoudènes : représailles royales à la révolte des bonnets rouges qui se déroule avec violence en pays bigouden, plus que dans d’autres régions. C’est le duc de Chaulnes, gouverneur de la Bretagne qui organisera les représailles où l’on pourra dénombrer de nombreuses pendaisons.

De l’abandon à la renaissance

Mais disons un mot du site : la chapelle est construite sur une immense prairie où coule un ruisseau, avec des arbres majestueux et un calvaire, mais surtout, c’est le calme paisible de la campagne bigoudène avec l’éloignement de la route départementale.

Au XXe siècle, la mairie ne prend plus soin du tout de cette chapelle qui n’a plus fonction d’église paroissiale, et finalement le toit s’écroule, probablement à la fin du siècle. Des scouts font quelques travaux de débroussaillage mais il ne subsiste que les murs et l’on coule une dalle de ciment pour éviter les remontées d’eau.

État de la chapelle Saint-Philibert avant sa restauration © WIKIMEDIA COMMONS

De 1930 à 2011, la chapelle sera visitée en raison de l’architecture de ce monument : merveilleuse dentelle de pierre, en particulier pour la grande verrière du fond, dans le style régional de Pont-Croix. Arrivons à 2011, la chapelle est restaurée, et c’est elle désormais que vous pourrez visiter. Une chapelle entièrement restaurée, éclairée par de très beaux vitraux ; grâce à un don exceptionnel de Mr Milou Cossec, propriétaire de l’épicerie-bar de Créac’h Calvi à Lanvern, décédé en 2004, homme célibataire, qui n’a probablement pas mis les pieds dans une église depuis son baptême, mais membre de l’association qui assure la conservation de la chapelle, Il offre par testament tous ces biens à la mairie de Ploneour-Lanvern (et ils sont importants : le montant s’élève à 1,5 M€) à condition qu’ils servent à la restauration de la chapelle Saint-Philibert. Le notaire tient bon, face aux discussions du conseil municipal qui avait peut être d’autres projets que la remise en état de la chapelle.

ÉTAT DE LA CHAPELLE SAINT-PHILIBERT AVANT SA RESTAURATION © WIKIMEDIA COMMONS

Les nouveaux vitraux de la chapelle Saint-Philibert

Ainsi est entreprise la restauration de cette chapelle, sous la conduite des monuments historiques – et non seulement la restauration, mais la réalisation de vitraux confiée à Jacques Godin, artiste peintre à Pont-l’Abbé qui expose régulièrement en galerie dans sa ville bretonne, mais aussi aux États-Unis, et qui a déjà réalisé la maîtresse vitre de l’église de Carhaix dans le Finistère.

Il va gagner le concours pour la création des vitraux de la chapelle Saint-Philibert, il va donc les réaliser accompagnés d’une explication de son travail, affichée dans la chapelle, en particulier sur les couleurs retenues : leur valeur et leur sens.

Les vitraux de la chapelle Saint-Philibert sont inaugurés lors de la célébration du pardon de Lanvern début juillet 2017. Cette manifestation est évoquée ainsi par la journaliste Marie Le Goaziou (le 21/03/2017) :
D’une ruine, les habitants de Lanvern, en pays Bigouden (29), ont fait renaître une chapelle merveilleuse. L’été prochain, de nouveaux vitraux vont y être installés.
« Œuvre de Jacques Godin qui connaissait particulièrement bien les lieux car son arrière grand père y était maréchal-ferrant. L’artiste, ayant son atelier à une dizaine de kilomètre de là a déjà à son actif un certain nombre de vitraux réalisés en collaboration avec l’atelier Charles Robert de Pluguffan (29), dont ceux de la chapelle voisine de Beuzec-en-Plomeur et surtout la maitresse vitre de l’église de Saint-Trémeur de Carhaix, haute de plus de 15 mètres ! Ici, il a voulu traduire cette atmosphère de paix, de sérénité et de douceur qui imprègne l’ensemble de l’édifice. Pour cela, il a opté pour des formes abstraites, fluides, des rythmes graphiques et des rapports de couleurs afin de créer cette ambiance propice au recueillement de la foi comme à la contemplation profane pour que ceux qui les regardent s’émerveillent et voient dans la beauté, une lueur d’espérance ».

Les vitraux seront inaugurés pour le pardon de 2017 et depuis la chapelle Saint-Philibert est ouverte plusieurs jours par semaine et visitée par des personnes de la région ou des touristes ayant eu vent de cette chapelle qui vaut véritablement le détour pour sa restauration, ses vitraux et son site. Plonéour-Lanvern est propriétaire de trois chapelles en plus de l’église paroissiale – trois chapelles qui toutes les trois sont un précieux témoignage du passé et de la foi des Bigoudens.

Robert Saadi-Rendu