L’église des Colimaçons
Placée à 1800 mètres d’altitude, l’église du Sacré-Cœur des Colimaçons est un véritable havre de paix. Surplombant fièrement la ville de Saint-Leu, l’église offre une vue magnifique sur l’Océan Indien…Classée monument historique depuis 1996, elle fut entièrement restaurée en 2010.
De taille modeste, elle est construite suivant un plan en croix latine et édifiée avec des blocs de basalte. Cette roche magmatique et sombre lui donne un aspect quelque peu austère comparé à la nature luxuriante qui l’entoure. Pourtant, cette apparente sobriété est rapidement contrastée par la blancheur lumineuse de l’intérieur et les couleurs chatoyantes des vitraux magnifiées par les rayons du soleil. L’église appartient toujours aux descendants du Marquis Sosthène de Chateauvieux mais reste à disposition d’une communauté vivante et une messe quotidienne y est célébrée. Notons que chaque année près de 8000 pèlerins se pressent à l’église des Colimaçons pour la fête du Sacré-Cœur !
Classée monument historique depuis 1996, elle fut entièrement restaurée en 2010. La dernière étape de ce grand chantier a consisté en la création d’une soixantaine de vitraux et la restauration des douze derniers vitraux d’origine, la plupart ayant été détruit au cours d’un cyclone.
L’artiste
Artiste-illustrateur, Alban de Chateauvieux travaille principalement pour des entreprises au positionnement haut-de-gamme pour le compte desquelles il crée des supports de communication illustrés. Sollicité par l’Association Les Amis de l’Église des Colimaçons en 2011, sa condition de descendant de Sosthène de Chateauvieux et son intérêt pour la vie du bâtisseur de l’église des Colimaçons inscrivent son intervention dans une continuité historique inédite et plébiscitée par la famille propriétaire des lieux.
Formé, en 2011, à la pratique du vitrail au Centre International du Vitrail de Chartres, il a pris part au travail d’atelier, en accord avec le célèbre atelier Parot basé à Dijon qui a été choisi pour réaliser ce projet (on repense aux magnifiques vitraux de Gérard Garouste à Notre-Dame de Talant !). Alban de Chateauvieux a ainsi réalisé la peinture à la grisaille de la majorité des pièces de carnation (portraits, mains…) afin de respecter le plus fidèlement possible le visage des personnages représentés. Pour cela, l’atelier Parot lui a envoyé à Marseille, où il travaille, un four à vitrail et lui a expédié régulièrement, les pièces de verre à peindre à son atelier. Cette organisation inédite permis ainsi d’assurer une cohésion graphique optimale à l’ensemble du projet.
Naissance du projet
La première chose qui frappe à la découverte des vitraux est le choix figuratif. A l’heure où les représentations abstraites dominent, ces vitraux sont totalement à contre-courant des productions actuelles. Pour être fidèle à la vocation souhaitée par le bâtisseur de l’église, les vitraux se devaient de constituer une œuvre de catéchèse. Le figuratif s’est donc imposé naturellement.
Afin de faire écho à l’histoire religieuse de l’île de la Réunion, le choix des sujets s’est porté principalement sur la vie de différents saints (notamment des saints missionnaires, des fondateurs d’ordres religieux à la Réunion), que l’on retrouve en grande partie de part et d’autre de la nef. La grande diversité des figures choisies est ainsi propre à suggérer l’universalité de la sainteté ; que l’on soit, homme, femme, enfant, adulte, religieux ou laïque, tout le monde est voué à devenir saint et peut le devenir.
A ces figures de saints s’ajoutent, sur la façade, des vitraux consacrés à l’Esprit-Saint et au niveau du transept et des chapelles rayonnantes, des personnages appartenant à l’entourage de Jésus, des saints du XXe siècle et proches du Sacré-Cœur, des anges et archanges. C’est ainsi une véritable « catéchèse en lumière » qui apparait sous nos yeux.
Mise en œuvre
Si l’iconographie reste classique par l’emploi de la figuration, la création graphique est tout autre ! Comment réaliser efficacement les dessins préparatoires de ces vitraux au vu de la quantité à réaliser ? Après des tentatives infructueuses par le biais de supports traditionnels tels que le dessin, l’aquarelle et l’acrylique, Alban de Chateauvieux s’est tourné naturellement vers la solution numérique. Grâce à une tablette graphique grand format, le travail de création a ainsi pu être facilité; les maquettes graphiques pouvaient être corrigées de manière immédiate et produites plus rapidement. Cette technique a également permis d’optimiser les échanges de maquettes entre les différents acteurs (artiste, coloriste, maître-verrier).
La mise en couleur a été confiée à Elvire de Cock, coloriste belge installé à Paris. Pour la production des vitraux le maître-verrier Pierre-Alain Parot s’est rendu dans deux verreries proposant encore une gamme relativement complète de verres soufflés à la bouche : la verrerie de St Just en France et la verrerie Lamberts en Allemagne.
La pose des vitraux
C’est le 15 juin 2015 que le container, chargé de près de deux tonnes de vitrail, a quitté l’enceinte du port de commerce de la Rivière des Galets en direction Saint-Leu. Pendant un mois, le container a traversé la mer et a été accueilli, à son arrivée, par quatre compagnons-verriers de l’atelier Parot qui l’ont pris en charge afin de s’assurer qu’aucun des vitraux n’aient été endommagés. Trois semaines après, les vitraux étaient définitivement posés, point final de cet immense chantier.
Si vous habitez l’île de la Réunion, ou si vous êtes seulement de passage, n’hésitez pas à découvrir ce beau et rare projet qui nous montre que l’art du vitrail est encore bien vivant et qu’il n’a pas dit son dernier mot ! Pour découvrir l’ensemble des différentes étapes de fabrication des vitraux, rendez-vous sur le site officiel de l’église des Colimaçons. Un court documentaire vous retrace le travail des différents acteurs du projet de la création jusqu’à la mise en place des vitraux. Un parcours émouvant à ne pas manquer !
« Je ne comprends pas l’abandon du vitrail qui s’éveillait et s’endormait avec le jour. L’art a préféré la lumière mais le vitrail animé par le matin effacé par le soir faisait pénétrer la création dans l’église du fidèle » André Malraux.
A savoir…
La bénédiction des vitraux aura lieu, en présence des évêques des îles voisines à la veille de la Toussaint, le 31 octobre à La Réunion.
L’artiste, Alban de Chateauvieux possède un site internet où il présente son travail. N’hésitez pas à vous y rendre : www.albandechateauvieux.com
Informations pratiques :
Eglise du Sacré-Coeur de Jésus
9 rue du Père Georges – Les Colimaçons
97436 Saint-Leu
Site officiel du projet : www.eglise-des-colimacons.com
Page Facebook : www.facebook.com/vitraux2015