Né en 1878 à Lyon, Antoine Poidebard effectue un premier voyage en Arménie en tant que missionnaire jésuite en 1904 où il affirme son engagement pour les causes humanitaires. Pionnier dans la maîtrise des langues étrangères rares, il apprend lors de ce voyage l’arménien, le turc mais aussi le tatar, langues qui lui serviront au cours de ses différentes expériences.
Infirmier sur le front lorrain au début de la Première guerre mondiale, il est envoyé sur le front caucasien en tant que chargé de missions cartographiques dans le cadre de la Mission militaire française au Caucase. De retour en Arménie en 1918, le Père Poidebard se retrouve au cœur d’une situation tendue et va déployer une action humanitaire et politique conséquente dans cette région du Caucase.
Routes de Perse © Photothèque de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph, Beyrouth
La Mission d’Arménie se replie au Liban en 1922, et Antoine Poidebard va s’installer à Beyrouth dès 1924. En parallèle de la poursuite de ses actions humanitaires auprès des réfugiés arméniens, il va débuter des recherches aériennes dans les nouveaux mandats formés par la Société des Nations à l’issue de la Première guerre mondiale. C’est alors que débute le travail d’archéologue du Père Poidebard.
Précurseur de la photographie et de l’archéologie aériennes, Antoine Poidebard, alors en poste à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, va mettre au point une nouvelle méthode d’archéologie visant à révéler par la photographie aérienne les vestiges archéologiques. Cette méthode se fonde sur des facteurs naturels tels que l’éclairage ou la végétation mais aussi sur des facteurs techniques tels que la hauteur de vol et le choix des émulsions et filtres permettant de mettre en valeur des détails invisibles d’ordinaire.
C’est grâce à cette méthode que le Père Poidebard va mettre à jour le système de défense de la frontière orientale de l’Empire romain, appelé limes, véritable réseau de voies de communication reliant des points d’eau contrôlés par des places fortes. Antoine Poidebard a également travaillé dans les années 1930 sur les ports de Tyr et Sidon.
Le parcours du Père Poidebard se distingue par une soif d’aventure insatiable ayant permis la réalisation de découvertes archéologiques précieuses. Antoine Poidebard s’est éteint en 1955 à Beyrouth, laissant derrière lui une œuvre photographique extraordinaire ainsi que des écrits scientifiques considérables pour le monde de l’archéologie.
Cette œuvre, conservée à la Photothèque de la Bibliothèque orientale de l’Université Saint-Joseph à Beyrouth nous plonge au cœur de l’Histoire récente mais aussi antique, et représente un héritage culturel, archéologique et historique mondial. Aujourd’hui, le fonds photographique Poidebard nécessite un important travail d’archivage et de numérisation pour assurer sa pérennité sur le long terme.
Pour cette raison, L’Œuvre d’Orient propose ce projet dans le cadre d’une opération nationale de soutien au patrimoine menée par Dartagnans, première plateforme de crowdfunding dédiée à l’accompagnement de projets culturels et patrimoniaux.
Apolline Piquenot
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