« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. »
(Jn 1, 4-5)
Le décès récent du peintre Pierre Soulages est l’occasion de faire mémoire de son œuvre, dont on retient habituellement les vitraux de l’abbatiale de Conques en Rouergue. Et aussi que Soulages fut le peintre de la couleur noire. Il se défendait en fait de cette qualification, disant qu’il voulait en peignant le noir (l’outrenoir, même) révéler ce que le noir dit de la lumière. Etonnant rapport à cette couleur noire dans laquelle un autre peintre fameux, Vassily Kandinsky, voyait, lui, « un néant sans possibilités » ou « un silence définitif ».
Même si Pierre Soulages se définissait lui-même comme agnostique, difficile de ne pas être frappé par la portée de son intuition, écrivant sur la toile ce que nous pourrions dire de la Révélation.
Un automne qui commence sous le signe de la guerre, du réchauffement climatique et d’autres désastres pourrait nous donner à glisser vers cette noirceur, cet « outrenoir », nous enfonçant dans un tranquille désespoir.
Mais de la même manière que nous faisions mémoire de nos morts il y a quelques jours en reprenant le chemin du cimetière dans l’Espérance de la Résurrection, ce que révèlent les ténèbres à qui les regarde avec les yeux de la foi, c’est qu’elles sont le lieu d’où jaillira la lumière.
Fr. Nicolas Tixier, op
prieur des Dominicains de la Province de France