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Cécile Marie / La révélation du carbone

Les trois grandes croix et les deux rouleaux Carbone (1) créés en 1995 pour l'ancienne chapelle de l'École d'art d'Évreux, présentés en 2013 au musée d'art sacré de Dijon (2), forment un moment puissant dans l'oeuvre de Cécile Marie. Les travaux qui depuis, lui succèdent (3), interagissent avec cet ensemble monumental en carbone plié.
Publié le 10 juillet 2015

Cécile Marie dans son atelier © Michel Itty

Papier carbone

Cécile Marie est peintre. Et peintre reste-t-elle, au moment où elle compose avec le papier carbone. L’artiste ne s’en sert pourtant ni comme pigment, ni comme procédé de reproduction. Variant à l’infini le noir et la lumière du noir, par une gestuelle maîtrisée de la pliure et du glissement, Cécile Marie le fait devenir autre.

 Croix carbone, détail (partie droite) © Michel Itty

« Croix carbone »

Formée de quatre carrés perceptibles sur châssis assemblés, chacune des trois croix ensemble, se constituent en polyptyque. Avec le matériau pour seule référence, sorte d’équivalence linguistique à la rigueur plastique et minimaliste de l’oeuvre, elles se dénomment à leur genèse « Croix carbone ».

Polyptyque de troix croix exposé au musée d’art sacré de Dijon en 2013, H. 180 ; L. 270 cm chacune des croix © David Bordes

« Prière à Malevitch »

Réponse artistique à la spiritualité du lieu d’accueil, l’installation s’affirme en 2013 et devient « Polyptyque de trois croix ou Prière à Malevitch ». Substantiellement forme-t-elle également un Chemin de croix, référence qui, en aucune manière, ne s’interpose à l’inclusion des autres.

L’emporter avec soi

Des grandes croix aux petites, jusqu’aux retables portatifs, Cécile Marie est progressivement passée du grand format à l’emporter avec soi. Elle a su réinterpréter les inamovibles retables anciens en peintures polyfaces déplaçables, dans une relation de juste proximité. Comme un recentrement ; dans un même déploiement.

Polyface retable, 2004, avers, encre sur carton Van Gelder, H. 50 ; L. 100 cm, collection du musee du hieron, paray-le-monial © Jean-Pierre Gobillot

Ecriture et pli

Triptyques à volets repliables et surface de plis continus, les oeuvres de Cécile Marie font resurgir des sens plus anciens. Le polyptyque, dont l’étymologie évoque la multiplicité des plis, prolonge les tablettes à écrire à feuillets repliables de l’Antiquité. Ecriture et pli des origines sont à l’ouvrage dans ce travail de traversée.

Polyface retable, 2004, revers , encre sur carton Van Gelder, H. 50 ; L. 100 cm, COLLECTION DU MUSEE DU HIERON, PARAY-LE-MONIAL © Jean-Pierre Gobillot

Enroulement, déroulement

Par fissure et entrouverture, « Bande », sur papier népalais, s’apparente à la technique du plissé. Sur les bandes de lin déroulables, l’écriture rejaillit par suite de signes graphiques. Peints sur cartons, ils se réinventent en nouvelles calligraphies créant, par agencement multiple, d’autres possibilités de replis.

Bande, 1998, peinture sur toile de lin, H. 8,5 ; L. 210 cm © Michel Itty

L’enveloppement du dedans

Polyptyques, polyfaces, rouleaux, bandes, cartons… avers et revers, ouverts, pliés, multipliés et déroulés… A partir de techniques très différentes, l’artiste oeuvre dans une même gestuelle d’esprit, entrée possible dans l’enveloppement et la profondeur des choses, approche intérieure du dedans de la pensée.

Corps mutilés ou Christ d’or rouge, douze encres sur polyester, 1998, H. 32,5 ; L. 25 cm, COLLECTION DU MUSEE DU HIERON, PARAY-LE-MONIAL © Laurent Chaintreuil

Dominique Dendraël
Conservatrice du musée du Hiéron à Paray-le-Monial
juin 2015.

A savoir…

Du 1er au 30 juillet 2015, Cécile Marie expose à la galerie Convergences, fait rare qui vaut le détour ! Retrouver toutes les informations pratiques ci-dessous :

Cécile Marie 

Du 1er au 30 juillet 2015

Galerie Convergences
22, rue des Coutures Saint-Gervais
75003 Paris

Tél 01 48 87 77 20

Site internet : Galerie Convergences 
 

 

 

 

Encre sur papier sur toile de lin, 2014, H. 40 ; L. 40 cm, © Michel Itty
 

(1) H. 180 ; L. 270 cm chaque croix et H. 60 ; L. 891 cm chaque rouleau. 

(2) A Évreux, deux des trois croix étaient exposées avec deux rouleaux ; à Dijon, au musée d’art sacré, ancienne église des bernardines, les troix croix étaient présentées avec un seul rouleau, dans le cadre de l’exposition « Une spiritualité au féminin » organisée avec le musée du Hiéron à Paray-le-Monial, Une spiritualité au féminin, Bernard Chauveau éditeur, 2013, p. 124-125.

(3) Les premiers carbones datent de 1991. Les autres travaux de 1998 à 2014. La série des Corps mutilés (1998) et le Polyface retable (2004) ont fait l’objet d’acquisitions publiques et sont exposées au musée du Hiéron, à Paray-le-Monial.

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