
Giacomo Travisani a centré sa composition sur quatre silhouettes en mouvement, aux couleurs de l’espérance (vert) et des trois primaires (bleu, jaune, rouge). Ensemble elles symbolisent les quatre points cardinaux (Fig. 1). Ces personnages sont liés entre eux et à la croix-ancre. En route, les croyants, venus de tous les « coins du monde » (i.e. les quatre points cardinaux), sont solidaires et solidement attachés à la croix salvatrice. Cette Espérance « nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme » (He 6, 18b-19). Les variantes observées dans différents diocèses, ne portent pas sur le dessin central mais principalement sur les couleurs.
Certains ont choisi un logo de couleur uniforme blanche détachant sur un fond coloré (vert pour le diocèse de Reims-Ardennes, bleu pour celui de Rennes par exemple). Ont-ils été gênés par l’aspect un peu publicitaire de ces couleurs franches qui empruntent aux couleurs primaires, augmentées du vert, et rappellent celles de l’arc-en-ciel ?
« Over the Rainbow »
Souvenons-nous de la pochette du huitième album du groupe Pink Floyd (Dark side of the moon, 1973) en forme de clin d’œil à la découverte d’Isaac Newton : un faisceau de couleur blanche, passant par un prisme, se décompose selon les sept couleurs de l’arc-en-ciel.
Symbole biblique, l’arc-en-ciel naît d’eau et de lumière. Après le déluge, Dieu place dans les nuées le sceau (le signe) de la nouvelle alliance, formé des sept couleurs de la décomposition de la lumière blanche. Sept le chiffre parfait, que l’on retrouve dans le nombre des dons de l’Esprit et celui des sacrements. « Je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre » (Gn 9, 13).

Ces couleurs, déclinées en nombre variable, sont utilisées comme emblème de fraternité et de paix. Le drapeau de la Paix (PACE) est né en Italie lors d’une marche pour la paix le 24 septembre 1961 (Fig. 2). Une plus ancienne version était frappée de la colombe de Picasso. (Notons que ce drapeau est bien plus ancien que le « rainbow flag » adopté pour défendre les droits humains et par les communautés LGBTQ+. Il s’en distingue par le nombre des couleurs qui peuvent varier de 8 à 6.)
Présentes depuis les années 70 dans les images publicitaires, nous voyons souvent ces couleurs franches, parfois empruntées à celles de l’arc en ciel, parfois simplifiées dans leur nombre, mais toujours « claquantes », comme sont celles des personnages du logo du Jubilé. Souvenons-nous du premier logo de Polaroid, ou celui d’Apple (la pomme multicolore créée en 1977 par le designer Rob Janoff ( Fig. 3 ) ou encore ceux de Google, ou d’IBM). A présent nous voyons ces couleurs simples déclinées pour accompagner l’échelle des lettres attribuées aux performances énergétiques (DPE).

Les exemples peuvent être multipliés, ouvrons les yeux ! Mais ouvrons-les plus encore sur la grande inventivité de ceux qui, dans les diocèses de France, se sont emparés de ce logo jubilaire pour en faire de nouvelles créations.
En blanc-lumière et bleu-céleste
Certains ont choisi de décliner sur des fonds colorés le logo traduit en blanc (avant la décomposition de la lumière). Voici deux exemples, parmi bien d’autres, de ces variations monochromes sur fond bleu céleste. Celui du Diocèse de Tours (Fig. 4) pour annoncer l’année jubilaire. Ou celui du Diocèse de Rennes (Fig. 5)


Ailleurs, le diocèse de Reims et des Ardennes, propose une image dont le champ est occupé par la photo d’une « croix » d’or sur laquelle est fixé le Christ habillé de rouge. Sur le fond dégradé du bleu au vert, se découpe dans le vert le logo monochrome blanc. La dynamique de la mise en route des pèlerins est suggérée par la diagonale du fond coloré que suit l’inscription : « Croix du Jubilé pour le diocèse de Reims et des Ardennes » (Fig 6 A).


Ce diocèse innove encore en plaçant cette « croix » glorieuse, sculptée et dorée, au centre d’une installation dans le chœur de la cathédrale de Reims, aux côtés de « deux boîtes, l’une pour y déposer les intentions de prière, l’autre pour puiser des images souvenirs du Jubilé » (Fig 6 B).
«Elle a été réalisée à Raucourt et par l’atelier d’icônes St François des Clarisses (colorisation et dorure à la façon des icônes)… Le style du Christ (sic) est inspiré de l’art roman, mais fait l’objet d’une création locale pour sa sculpture et sa colorisation». Elle est installée en permanence à la cathédrale de Reims, à l’entrée du chœur.
Au revers de ce crucifix est placée en sa base, une petite croix noire ornée d’une ancre et d’un cœur (Fig. 7 B).


Peut-être avez-vous déjà croisé cette croix dite « Camarguaise » ? En elle se trouvent réunies les symboles des trois vertus théologales la Foi (croix), l’Espérance (ancre) et la Charité (cœur). Un heureux rappel qui vient, lui aussi, compléter le logo de cette année jubilaire 2025.
« Le style du Christ est inspiré de l’art roman » …
Fixé à une croix revêtue d’or, cette image du crucifié est reprise de celle du « Volto Santo » conservé en la cathédrale de San Martino de Lucques en Italie. (Fig. 8 A et B) Ce serait, d’après les conclusions de récentes restaurations, une copie du XIIe-XIIIe siècles d’un original plus ancien.

Déjà, dans les enluminures syriaques, de la fin VIe siècle, le Christ crucifié est représenté revêtu d’une longue tunique de couleur pourpre et fixé à la croix par quatre clous, ceux des pieds étant placés sur les chevilles (Fig. 9).

Il en est de même, sur les images de la crucifixion de l’Evangéliaire ottonien de l’archevêque Egbert de Trèves, aux environs de l’An Mil. (Fig. 10)

Cette enluminure fait partie de la séquence des sept images de la Passion : le grand-prêtre déchire sa robe (Ms 24, f. 80r) dont est ensuite revêtu le Christ (f. 82-85v). Sur la croix réalisée dans une feuille d’or est peint le Christ fixé par quatre clous.
« Il est ce grand prêtre-là que nous avons, lui qui s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les cieux » (lettre aux Hébreux 8).
Une nouvelle création
Le Diocèse de Quimper Leon a souhaité utiliser des éléments de ce logo pour annoncer son Rassemblement diocésain « Pentecôte 2025 ». (Fig. 11)

Le service de communication donne à Narthex.fr ces explications : « Ce logo en pièce jointe a été travaillé par notre service de communication en vue du rassemblement diocésain « Pèlerins d’Espérance – Pentecôte 2025 ». Durant cette journée Mgr Dognin, évêque de Quimper et Léon, proclamera les nouvelles orientations diocésaines. Les éléments du logo original ont été repris afin d’inscrire cette journée dans la démarche jubilaire. » Ce que montrent la reprise du dessin central, et les inscriptions « Pentecôte 2025 »- en grand- et « Pèlerins d’Espérance », en plus léger et petits caractères.
« Par ailleurs le graphisme de la croix et l’ancre ainsi que leur couleur ont été modifiées. Le bleu, plus « doux », a été choisi à la place du noir. La virgule verte, sous les personnages, rappelle que le Finistère se trouve entre terre et mer. L’arc, bleu également, ajouté en haut à gauche du logo (à la place de l’inscription » Jubilé 2025″) permet d’équilibrer l’ensemble en prolongeant le mouvement de la croix et de l’ancre. Il évoque également un porche d’église. L’ensemble présente une forme moins ronde, plus dynamique. »
A la suite de ces quelques exemples stimulants, nous vous lançons, chers lecteurs, un appel à vous qui avez créé ou découvert un logo original à partir de la proposition officielle. Envoyez-nous une photo de ces réalisations, accompagnée d’une courte explication.
Nos remerciements à madame Chrystel LEJOLIVET, adjointe à la Pastorale Liturgique et Sacramentelle du Diocèse de Quimper Leon et à son service de communication.