Ugo Gattoni, dessinateur onirique, diplômé en communication visuelle, a oublié en dépit de sa fidélité à rendre un univers parisien bariolé et surréaliste, de dessiner la croix dorée qui surplombe le dôme des Invalides, sur une affiche commandée pour l’ouverture des Jeux olympiques. Et ce fut le tollé général ! Etais-ce alors un parti pris ironique de l’artiste pourtant précis comme l’on dit certains ? Ce dessin sera suivi par un défilé fluvial, encore plus coloré et plus bruyant sur la Seine. Ainsi, d’autres, s’offenseront à la vue d’un des tableaux d’animation crée par son directeur artistique Thomas Joly et chanté par Philippe Katerine. Pour de nombreux spectateurs d’ailleurs, des drag-queens jouaient les apôtres et Barbara Butch déguisée en DJ, incarnait Jésus Christ sur une scène improvisée. La polémique reposait sur le fait que c’était une parodie supposée de la Cène de Leonard de Vinci, peinte pour le réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie à Milan. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’un archétype iconique est détournée : les dieux de l’olympe et Dionysos s’invitant au repas chez Levi de Véronèse, mêlés à un festin des Dieux d’éternité, sont en effet en nombre. Que dire alors des peintures de Roni Taharlev, peintre figuratif israélien qui fait référence dans ses œuvres à Tiepolo, Houdon, Girodet, Gustave Doré, Gaspard David Friedrich ou même Fuseli. En explorant l’identité de Marie dans sa toile : « Not this light, but the other light » (2018), la Vierge Marie, en sous-vêtement assise tenant son ventre déjà plein, un ange Gabriel lui susurrant à l’oreille de travailler encore autour du thème de l’annonciation ; ne peint-elle pas déjà une certaine forme de dérision et de moquerie ? Que dire aussi d’un tableau de petit format intitulé : » Intimations » (2024) de l’artiste Xie Lie, finaliste du prix Marcel Duchamp, représentant deux mains enserrant le ventre plein de mystère, d’une naissance à venir dans le bleu de la nuit et dont les influences /références sont de grands maitres comme Velasquez, Zurbaran…
Avec Narthex, première revue numérique catholique, nous avons la joie de perpétuer en responsabilité, en passion, un certain accent différent sur la création d’aujourd’hui, qui puise indubitablement ses racines dans l’art d’hier.
Alors, même si en lieu et en place de traditionnelles images d’athlètes défilant sur une piste d’athlétisme, même si l’offense relève certainement de la théologie propre à la tradition chrétienne, même si la cérémonie des JO a vu des tableaux avec lesquels il est si aisé d’interpréter une interprétation, nous avons l’intime conviction que chaque détournement d’image s’inscrit dans un contexte plus historique, sans forme d’iconodulie totale et absolue ; le débat nous semble donc vain. Nous vous invitons cependant à renouveler vos dons afin que nos articles soient toujours plus pertinents. La mission de Narthex est bien de diffuser des publications numériques d’intérêt général en accès totalement libre autour de l’art sacré, du patrimoine religieux, de la création contemporaine. On ne pouvait rêver d’ailleurs meilleurs moments car l’esprit de cette sainte année est décrit dans la bulle d’indiction : « Spes non confundit » (l’Espérance ne déçoit pas) signée par le pape François et rendue publique en la solennité de l’Ascension le 24 mai 2024. Et, puis dans quelques jours, vous pourrez lire, l’analyse audacieuse de Aude Viot-Coster sur le couvent de l’annonciation dédié au bienheureux Jean-Joseph Lataste et recouvert d’une fresque de Pierre Buraglio. Et ce n’est pas un blasphème.