Événement

RIBERA, Ténèbres et lumière

05
novembre
au 23 février 2025
Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
75008 Paris
01 53 43 40 00petitpalais.paris.fr
Le Petit Palais présente la première rétrospective française consacrée à Jusepe de Ribera, l’un des plus grands peintres du XVIIe siècle, d’origine espagnole et qui a fait toute sa carrière en Italie. Pour la première fois, une exposition retrace l’ensemble de son parcours, en s’appuyant sur les dernières découvertes scientifiques qui ont permis de réattribuer à Ribera un ensemble exceptionnel de peintures qui datent de ses jeunes années à Rome. Le parcours propose donc une confrontation inédite des deux temps forts de sa carrière, son séjour romain, désormais identifié et sa période napolitaine. À travers une centaine de peintures, dessins et gravures provenant de nombreux musées internationaux - Metropolitan Museum of Art (New York), le Musée du Prado (Madrid), la Galerie Borghèse (Rome), le Museo di Capodimonte (Naples), le Palazzo Pitti (Florence)… et français tels que le musée du Louvre, le musée des Beaux-arts de Rennes, le musée Fabre de Montpellier entre autres-, Ribera, ténèbres et lumière a pour ambition de démontrer, que l’artiste, au-delà de son rôle pionnier dans l’interprétation du Caravage, est l’un des plus grands peintres de l’âge baroque.

Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de Ribera au cœur de l’Italie du Caravage, tout en explorant son extrême originalité, son audace, ses motifs récurrents et ses métamorphoses.

Jusepe de Ribera, Saint Jérôme et l’ange du Jugement dernier, 1626. Huile sur toile, 262×164 cm. Museo e Real Bosco di Capodimonte, Naples. Su concessione del MiC – Museo e Real Bosco di Capodimonte © Archivio dell’arte/Luciano et Marco Pedicini.

La première partie de l’exposition aborde les débuts de Ribera à Rome. Le peintre, surnommé « lo Spagnoletto [le petit Espagnol] », arrive dans la cité papale vers 1605-1606, la même année que le départ du Caravage pour Naples. Les deux artistes se sont-ils rencontrés ? Personne ne peut l’affirmer mais l’influence du Caravage sur Ribera, ainsi que sur toute une génération de peintres présents à Rome à ce moment-là est décisive. Pendant ce séjour romain, Ribera élabore les fondements de sa peinture : l’usage du modèle vivant, un clair-obscur dramatique, une gestuelle théâtrale, un réalisme cru et la représentation de figures à mi-corps qui imposent au spectateur une frontalité saisissante. Ce nouveau vocabulaire, radical, se retrouve dans sa série des cinq sens, représentée dans l’exposition par l’Allégorie du goût (Wadsworth Atheneum, Hartford) et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’oeuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de Saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art.

En 1616, l’artiste quitte Rome pour s’installer à Naples, alors territoire espagnol. Sa carrière est fulgurante. Marié à la fille de l’un des peintres les plus importants de la ville, soutenu par le pouvoir en place, Ribera règne pendant près de quarante ans sur la scène artistique napolitaine et multiplie les commandes prestigieuses. Les séries qu’il conçoit pour la Collégiale d’Osuna près de Séville ou pour l’église de la Trinità delle Monache à Naples sont à l’origine de véritables chefs-d’œuvre comme Le Saint Jérôme et l’Ange du Jugement dernier (Museo di Capodimonte).

Artiste hors pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des individus, des chairs ou des objets, Ribera restitue la splendeur des humbles avec une acuité bouleversante. Un Mendiant en haillons (Galerie Borghèse), une Vieille usurière (Musée du Prado) ou un enfant Pied-bot (Louvre) gagnent leurs lettres de noblesse. Son intérêt pour les personnes en marge de la société se mêle à son goût pour l’étrange et donne naissance à des images puissantes, comme Le Portrait de Magadalena Venturi, la célèbre Femme à la barbe (Musée du Prado).

Au cœur du parcours napolitain, le visiteur peut également découvrir ses talents de dessinateur et de graveur – une singularité au sein de la galaxie caravagesque – avec un cabinet d’arts graphiques réunissant des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art, du British Museum ou de la Collection Colomer. Son oeuvre gravé, d’une grande virtuosité, est quant à lui présenté grâce au fonds Dutuit du Petit Palais.

Son goût pour un réalisme radical se traduit également dans sa volonté de peindre le pathos de manière naturelle et sans artifice. Il insiste sur la vérité des
corps et des chairs, même lorsqu’il représente le Christ mourant dans trois Pietà réunies ici pour la première fois : les deux Lamentation sur le corps du Christ de la National Gallery de Londres et du Musée Thyssen et La Mise au tombeau du musée du Louvre. Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini). L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.

 

Informations pratiques

Horaires d’ouverture :
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h.
Fermé le 25 décembre et le 1er janvier.

Plein tarif : 15 euros
Tarif réduit : 13 euros
Réservation d’un créneau de visite conseillé sur petitpalais.paris.fr

 

Pour aller plus loin…

Catalogue de l’exposition : Ribera, Ténèbres et lumière
49 €, 23,5×30,5 cm, 304 pages, relié, 180 illustrations
ISBN : 978-2-7596-0594-1

 

Autour de l’exposition…

CONFÉRENCES (à partir de 14 ans)
Entrée libre à partir de 12h, dans la limite des places disponibles.

Mardi 12 novembre à 12h30
Conférence inaugurale Par Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais et Maïté Metz, conservatrice des peintures anciennes au Petit Palais.
Dans le sillage du Caravage, Jusepe de Ribera, artiste espagnol installé en Italie, s’impose comme l’un des interprètes les plus fascinants de la peinture d’après nature. Artiste hors-pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des individus, des chairs et des objets, il traduit avec une acuité bouleversante la dignité du quotidien et les drames humains. Première rétrospective française consacrée à l’artiste, venez découvrir l’exposition avec ses deux commissaires.

Jeudi 12 décembre 2024 à 12h30
Le Pied-Bot ou la splendeur des humbles Par Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef des peinture espagnoles et portugaises (XVIe-XIXe s.) au musée du Louvre.
Quand il signe, en 1642, l’effigie de ce jeune infirme, pieds nus et pauvrement vêtu, Ribera s’inscrit dans la tradition caravagesque des représentations naturalistes des enfants des rues. Il s’en distingue cependant par le choix de peindre son modèle seul et en pieds, selon les conventions du portrait d’apparat, conférant d’emblée au sujet une noblesse inédite.

Jeudi 9 janvier 2025 à 12h30
« Un paradis habité par des diables » ? Ribera et la Naples du XVIIe siècle Par Edward Payne, maître de conférences en histoire de l’art à l’Université d’Aarhus (Danemark).
Le préjugé historiographique d’une « Naples violente » est inscrit dans les récits conventionnels de l’art du baroque. En effet, des œuvres telles que les représentations de Barthélemy ou de Marsyas écorchés vifs par Ribera ont été jugées répugnantes et choquantes, et ont souvent été interprétées comme le reflet d’une société violente. Cette conférence remet en question cette analogie transparente entre la vie quotidienne et la peinture violente, et situe l’œuvre de Ribera dans son contexte artistique, littéraire et social de la Naples du XVIIe siècle.

Jeudi 23 janvier 2025 à 12h30
Je t’aime… Moi non plus. Ribera et l’Espagne. Par Guillaume Kientz, directeur de la Hispanic Society Museum and Library.
Variablement « rangé » parmi les peintres d’écoles italienne ou espagnole, Jusepe de Ribera, passe l’intégralité de sa carrière, en Italie. Surnommé « Lo Spagnoletto », il choisit de ne jamais revenir dans son pays d’origine, même s’il peint abondamment pour des commanditaires espagnols. En Espagne, son art exerce une influence durable sur les peintres de la première moitié du XVIIe siècle. Cette conférence propose de mettre en lumière cet aspect méconnu de la fortune critique de Ribera.

Jeudi 6 février 2025 à 12h30
Passion française : Ribera entre David et Manet Par Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay.
La France s’est entichée très tôt de Ribera, elle a collectionné sa peinture, elle a aussi contribué à sa légende, aussi noire que l’autre. « Tu cherches ce qui choque », écrit de lui Théophile Gautier, à l’heure où la Galerie espagnole de Louis-Philippe donne une impulsion définitive à l’hispanisme des modernes. Manet s’en souviendra.

 

ÉVÉNEMENT : UN APRÈS-MIDI NAPOLITAIN

7 décembre 2024
(Re)découvrez autrement l’œuvre de Ribera le temps d’un après-midi, entre le théâtre avec les Tableaux vivants de la compagnie Ludovica Rambelli, et la musique avec un concert exceptionnel du pianiste Michele Campanella

Tableaux vivants
Au sein de l’auditorium. Représentation gratuite à 14h30 et 16h, accès libre dans la limite des places disponibles

Sur une scène en clair-obscur, les corps des comédiens s’animent sous les yeux des spectateurs, pour donner vie aux chefs-d’œuvre du Caravage et de Ribera. Leurs mouvements rendent un
hommage poignant à la virtuosité des deux peintres à mettre en scène les individus, leur chair dans un clair-obscur dramatique mais si réel.
Directeur : Ludovica Rambelli
Réalisateur : Dora De Maio
Sur scène : Elena Fattorusso, Andrea Fersula, Rocco Giordano, Chiara Kija, Maria Giovanna La Greca, Fiorenzo Madonna, Alessio Sica, Antonio Stoccuto.
Spectacle réalisé avec le soutien de l’Istituto Italiano di Cultura de Paris

Concert exceptionnel du Maestro Michele Campanella : Maestri napolitains. Scarlatti, Martucci et Campanella
Au sein du Pavillon sud. Représentation gratuite à 18h, accès libre dans la limite des places disponibles

Michele Campanella, piano,
Quartetto Indaco
Le Petit Palais a l’honneur d’accueillir le Maestro Michele Campanella accompagné du Quartetto Indaco, pour un programme napolitain. D’abord, un hommage au génie baroque de Domenico
Scarlatti (1685-1757) avec ses Sonates lentes. Puis la redécouverte du grand compositeur napolitain Giuseppe Martucci, avec son Quintette en do majeur.
En partenariat avec l’Ambassade d’Italie en France

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