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Les sermons de saint François de Sales

Les Sermons de saint François de Sales (1567-1622), saint patron des écrivains et des journalistes. Partez à sa découverte à Annecy !
Publié le 11 juillet 2024
Écrit par Martine Petrini-Poli
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Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

Maryse Julliard, Portrait de saint François de Sales, détail, début des années 1960, Conférence des évêques de France, Paris © DR

François de Sales, né au château de Sales, près d’Annecy dans le duché de Savoie, est issu d’une vieille famille aristocratique savoyarde. Il se forme au Collège jésuite de Clermont, à Paris, puis entreprend des études de droit civil et canonique et de théologie à Padoue en 1588 ; il est reçu Docteur en 1591. Nommé prévôt du chapitre cathédral de Genève, il est ordonné prêtre en 1593. Il exerce son activité apostolique dans le Chablais, gagné au protestantisme, avec la devise « Rien par force, tout par amour ». Nommé évêque de Genève en 1602, il réside à Annecy, car Genève est devenu « la Rome des calvinistes ». Il fréquente, à Paris, les grands spirituels et les grands de la Cour, et il prêche. Il fonde à Annecy en 1610 l’ordre de la Visitation avec la baronne Jeanne de Chantal, dont il est le directeur spirituel. Cherchant à insérer le christianisme dans la vie quotidienne, il publie en 1610, l’Introduction à la vie dévote, et, en 1616, le Traité de l’Amour de Dieu. Auteur de Controverses qu’il diffuse auprès des calvinistes, il deviendra en 1923 saint patron des journalistes et des écrivains, après avoir été élevé à la dignité de Docteur de l’Eglise en 1877. Il meurt à Lyon en 1622. Son tombeau se trouve dans la basilique de la Visitation à Annecy.

Aujourd’hui encore, vous pouvez découvrir la chapelle de Sales, construite en 1672 sur les vestiges du château de Sales, précisément à l’emplacement de la chambre natale de saint François. Il est encore possible de visiter la seconde demeure de la famille, le château de Thorens, situé à 200 mètres du précédent.
Antonia Barot, « Qui était saint François de Sales ? » pour Le Pèlerin, 24 janvier 2024.


Sermon de Saint François de Sales prononcé en l’église Saint-Jean-en-Grève, à Paris, pour la fête de l’Assomption de Notre-Dame de l’an 1602, sur la Vierge aux sept douleurs :

« (…) Notre-Dame, Mère de Dieu, est morte de la mort de son Fils ; la raison fondamentale est parce que  Notre-Dame n’avait qu’une même vie avec son Fils, elle ne pouvait donc avoir qu’une même mort ; elle ne vivait que de la vie de son Fils, comment pouvait-elle mourir d’autre mort que de la Sienne ? C’étaient à la vérité deux personnes, Notre-Seigneur et Notre-Dame, mais en un cœur, en une âme, en un esprit, en une vie ; car si le lien de charité liait et unissait tellement les chrétiens de la primitive Eglise que Saint Luc assure qu’ils n’avaient qu’un cœur et une âme, aux Actes deuxièmes, combien avons-nous plus de raison de dire et de croire que le Fils et la Mère, Notre-Seigneur et Notre-Dame, n’étaient qu’une âme et qu’une vie. Oyez le grand apôtre Saint Paul, il sentait cette union et liaison de charité envers son Maître et lui, qu’il faisait profession de n’avoir point d’autre vie que celle du Sauveur : « Vivo ego, etc. Je vis, mais non pas moi, mais Jésus-Christ vit en moi ». Ô peuple ! cette union, ce mélange et liaison du cœur était grande, qui faisait dire telles paroles à Saint Paul ; mais non pas comparable avec celle qui était entre le cœur du Fils Jésus et celui de la Mère Marie ; car l’amour que Notre-Dame portait à son Fils surpassait celui que Saint Paul portait à son Maître, d’autant que les noms de mère et de fils sont plus excellents en matière d’affection, que les noms de maître et de serviteurs : c’est pourquoi si Saint Paul ne vivait que de la vie de Notre-Seigneur, Notre-Dame aussi ne vivait que de la même vie, mais plus parfaitement, mais plus excellemment, mais plus entièrement que si elle vivait de sa vie ; aussi est-elle morte de Sa mort.

Et certes, le bon vieillard Siméon avait longtemps auparavant prédit cette sorte de mort à Notre-Dame quand tenant son enfant en ses bras il lui dit : « Le glaive transpercera ton âme » ; car considérons ces paroles, il ne dit pas : Le glaive transpercera ton corps ; mais il dit : Ton âme. Quelle âme ? La tienne même, dit le prophète. L’âme donc de Notre-Dame devait être transpercée, mais par quelle épée ? Par quel couteau ? Et le prophète ne le dit pas ; néanmoins puisqu’il s’agit de l’âme, et non pas du corps, de l’esprit, et non pas de la chair, il ne faut pas l’entendre d’un glaive matériel et corporel, mais d’un glaive spirituel et qui puisse atteindre l’âme et l’esprit. »

Dans la collection des Œuvres complètes de François de Sales réalisée par les Visitandines d’Annecy en 27 volumes, les Sermons occupent les tomes VII à X. On découvre, à côté du ton polémique des Controverses contre les Calvinistes, une éloquence simple et persuasive s’adressant au cœur comme dans cette méditation sur la Vierge des douleurs. Par cette invitation à la contemplation, l’orateur se distingue d’une certaine emphase propre à l’éloquence sacrée du XVIIe siècle de Bossuet ou Bourdaloue. C’est l’auteur du Traité de l’Amour de Dieu qui transparaît ici. Toutefois Bossuet sait rendre hommage à l’évêque de Genève dans son Panégyrique du Bienheureux François de Sales : « Certainement, chrétiens, il n’est rien de plus efficace pour toucher les cœurs que cette sincère démonstration d’une charité compatissante. »

L’ouvrage de Jean-Pierre Landry Le temps des beaux sermons, paru en 2004, nous permet de clore cette présentation de l’éloquence sacrée du Grand siècle par cette question sur les rapports entre la rhétorique et l’éloquence sacrée : la vérité chrétienne nécessite-t-elle le support profane des artifices de la rhétorique ?

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