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Barker et sa « machine »

La machine « Barker », du nom de son inventeur, Charles Spackman BARKER (1804 – 1879) est un dispositif d'assistance pneumatique permettant d'alléger le toucher de l'orgue, notamment pour les grands instruments dotés de plusieurs claviers. Cette invention géniale, associée au grand facteur d'orgues Cavaillé-Coll qui fut le premier à la mettre en œuvre, continue d'être utilisée : ce sera le cas sur le nouvel orgue de Saint-Louis de Vincennes.
Publié le 30 mars 2015

Charles Barker est un ingénieur anglais originaire de Bath (Somerset) qui s’est formé à la facture d’orgues à Londres. De retour à Bath où il s’installe comme facteur d’orgues, il effectue dès 1833 des recherches sur une machine pneumatique, qu’il ne réussit toutefois jamais à faire accepter en Angleterre (il essaya notamment à York ou à Birmingham).

C’est sans doute par l’entremise de Sigismond von Neukomm qu’il rentra en contact avec Cavaillé-Coll qui le fit venir à Paris en 1837 / 1838. Aristide Cavaillé-Coll, alors à ses débuts de carrière, avait obtenu très jeune (à l’âge de 22 ans, en 1833, mais en association avec son père) le marché de construction de l’orgue de la basilique royale de Saint-Denis. Il était alors confronté à l’épineux problème de la dureté de la mécanique de cet instrument novateur par son esthétique et son ampleur (5 plans sonores sur 3 claviers / pédalier – 69 jeux). Le retard pris par la réalisation du buffet néo-gothique permit à Charles Barker de peaufiner son invention au sein de la manufacture Cavaillé-Coll et de déposer le brevet correspondant en son nom en 1839. L’orgue, inauguré en 1841, était donc le premier instrument doté d’une machine Barker.

orgue de Saint-Denis

Ceci n’empêcha pas Charles Barker de quitter dès 1841 Cavaillé-Coll pour rejoindre comme contremaître la manufacture concurrente Daublaine & Callinet, non sans voir négocié avec Aristide Cavaillé-Coll les conditions d’utilisation de son brevet. Charles Barker participe alors à la construction de l’orgue de l’église Saint-Eustache à Paris, chantier qui s’acheva le 16 décembre 1844 dans des conditions dramatiques : l’orgue prit feu suite à une bougie renversée lors d’une intervention de Charles Barker qui assista impuissant à l’incendie qui ravagea tout l’instrument. Cet incendie entraîna la disparition de la manufacture Daublaine ; le facteur Ducroquet racheta cette manufacture et garda Charles Barker comme chef d’atelier qui dirigea la reconstruction de l’instrument en 1854 (dans un nouveau buffet dessiné par Baltard).

l’église Saint-Eustache

Avant de quitter la France en 1870, Charles Barker construisit encore l’orgue de l’église Saint-Augustin à Paris (en 1868). Il quitte la France en 1870 pour  Dublin où il construisit l’orgue de la cathédrale. Il meurt dans le dénuement en 1879.

La machine Barker, associée aux novations importantes apportées par Cavaillé-Coll, permit la naissance du vaste répertoire symphonique pour orgue qui se prolongea dans une certaine mesure dans l’esthétique néo-classique.

Les photos ci-après donnent un aperçu de la machine Barker qui vient d’être construite pour l’orgue de Saint-Louis de Vincennes.

la machine Barker de Saint-Louis de Vincennes
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