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Comment redonner fraîcheur et éclat à une centenaire ?

Le programme de restauration de l’église Saint-Louis de Vincennes.
Publié le 08 janvier 2015

Il y a un peu plus de cent ans, en juillet 1914, étaient donnés les premiers coups de pioche pour la construction de l’église Saint-Louis de Vincennes.
Les travaux progressèrent jusqu’à début 1916, date où ils furent interrompus par la guerre. L’ouvrage fut repris en 1920, et l’église consacrée en novembre 1924.
Le passage de près de cent années, avec son cortège d’intempéries, de désordres architecturaux, et de vieillissement des matériaux a entraîné des dégradations qu’il convenait de réparer. De plus, certaines initiatives parfois maladroites, sinon malheureuses, des hommes, ont modifié le projet initial des deux architectes de l’église.
D’autant que le classement de l’église aux Monuments historiques, en décembre 1996, crée une obligation de sauvegarde de ce patrimoine remarquable de l’art sacré du début du XXème siècle.

C’est sur ce programme de sauvegarde et de restauration que se sont penchés le diocèse de Créteil, maître de l’ouvrage, l’équipe paroissiale de Saint-Louis, avec l’architecte en chef des Monuments historiques, M. Vincent Brunelle.
Un avant-projet de ce programme de restauration a été proposé par M. Brunelle à la Direction régionale de l’Action culturelle (DRAC Ile-de-France) qui l’a approuvé dans ses grandes lignes.

Quelles sont les grandes lignes de ce programme ?

Un axe important du programme couvre ce que l’on peut appeler « le clos et le couvert ». En effet, malgré quelques interventions effectuées il y a une vingtaine d’années, il apparaît que des infiltrations d’humidité se sont produites, avec des répercussions sur les décors peints à l’intérieur de l’église. A quelques reprises, des pluies orageuses ont aussi détérioré le décor. Il a donc été décidé de revoir la qualité de la couverture en tuiles plates, et surtout de revoir en profondeur le système d’évacuation des eaux pluviales – modifié en 1990-1991 – pour lui permettre d’évacuer sans dommage des chutes de pluies abondantes.

L’église Saint-Louis a été une des premières à utiliser le béton armé, tant pour sa structure de base (deux paires d’arcs qui se croisent à angle droit) que pour certains éléments extérieurs comme les verrières ou le campanile. Les premiers architectes, et les premiers entrepreneurs qui mirent en œuvre le béton armé manquaient du recul nécessaire pour évaluer la tenue dans le temps de ce matériau. Il s’avère que les fers d’armature, quand ils ne sont pas assez protégés, subissent une oxydation, et exercent de ce fait une pression sur le ciment, ou les autres matériaux (comme le verre des verrières) ; ces derniers se fissurent alors, ou éclatent, créant des risques d’infiltrations.
Une part importante du programme de restauration couvrira donc le béton armé, avec l’expérience de techniques curatives ou préventives de ces désordres.

Ces deux problèmes une fois réglés, il devient possible de s’attacher à la restauration des décors peints. A Saint-Louis, le parti des architectes a été d’en couvrir la quasi-totalité de la surface intérieure de l’église, pour des motifs à la fois économiques (le crépi peint couvrant les matériaux peu onéreux mais hétérogènes des parois: béton, meulière, brique) et esthétiques. Il s’agira de nettoyer l’ensemble de ces crépis, des frises et des décors à figures, et de reprendre les manquants : fresques d’Henri Marret et de Maurice Denis, et composition de La Glorification de Saint-Louis, de Denis,  au fond de l’abside.

ci-dessus: Béatitude (restaurée), Maurice Denis

A ces chantiers se rajoute un nettoyage général des céramiques de Maurice Dhomme, des plafonds en bois, des sols (dont le dallage) et des éléments de menuiserie et de ferronnerie.

Sur une plan plus technique, il est prévu de revoir de fond en comble l’installation électrique (qui a fait l’objet d’ajouts successifs parfois maladroits, et n’est plus aux normes) et de restaurer un système d’éclairage aussi proche que possible de celui qu’avaient voulu les architectes, et qui a été démonté dans les années 1950.

Quel phasage pour ce programme ?

L’importance de ce programme – dont le premier chiffrage atteint 3,5 M € —, la nécessité de trouver les ressources pour le financer, et enfin la volonté de conserver à l’église son rôle cultuel pendant la durée des travaux, a conduit l’architecte des MH à proposer un programme en cinq phases successives, chacune des phases concernant une zone de l’église. Ces phases sont visibles sur les illustrations, qui couvrent respectivement l’extérieur et l’intérieur de l’église.
La phase 1, qui a été menée entre juin et décembre 2014, couvre la façade Ouest sur la rue Faÿs. Il s’agissait en effet  de traiter cette zone de façon à permettre l’installation du nouvel orgue au début 2016.
En phase 2 seront traitées la zone Sud de l’église (bas-côté droit), ainsi que la couverture de la lanterne centrale de l’édifice.
Puis la zone Nord (bas-côté gauche) en phase 3.
La phase 4 intéressera l’abside, et le campanile.
Et les travaux se termineront en phase 5 par le traitement intérieur de la lanterne, du dallage, et l’achèvement  du nouveau système d’éclairage.

Les travaux devraient se dérouler sur 8 à 10 ans, le programme étant établi en fonction des possibilités de financement.

Un avant-goût du résultat final attendu

A l’issue des travaux de la phase 1, il est recommandé aux fidèles de ce blog de venir visiter l’église : ils pourront y voir comment la façade extérieure en meulière a perdu sa teinte grisâtre et triste pour faire vibrer la blondeur de ses jeunes années ; comment les fresques de l’auvent ont retrouvé leur lisibilité et leur fraîcheur native ; et comment les deux Béatitudes de Maurice Denis qui décorent les parois latérales de l’alcôve de l’orgue offrent à nouveau au regard la finesse et la subtilité de ses teintes.

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