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Les Trois anges, mystère de la fragilité

Cette œuvre énigmatique nous invite d'entrer dans la singularité du mystère de la 'grâce issue de la fragilité'. Paul-Louis Rinuy nous livre ici ses réflexions et impressions face à ce vitrail contemporain de Pascal Convert, réalisé pour l'abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois...
Publié le 11 décembre 2021
Pascal Convert, Les trois anges de l’abbatiale de Saint-Gildas-des-Bois, verre, maitre verrier Olivier Juteau, 2011, commande publique du Ministère de la culture, Paris, galerie Eric Dupont © Pascal Convert

Trois personnes nous font face, avec leurs vêtements d’autrefois, leurs visages qui nous contemplent frontalement, les yeux douloureusement vides. Nulle couleur dans cette plaque de verre transparente. Nulle vie, nulle expression dans ces regards absents. Ils sont là, tous les trois, comme des anges venus de je ne sais où, pour je ne sais quoi. Force poignante de l’être-là de ces figures, de ces personnages incarnés dans ce vitrail sans lieu, sans destination, devenu simple bas-relief. Etrangeté de ces présences, qui s’imposent à nous dans leur stature singulièrement fragile. Francis Ponge écrit : « Le verre (matière) est de nature amorphe, dur et fragile. C’est le symbole de la fragilité. (J’aime assez “dur et fragile”). »

La fragilité du verre résonne comme un appel impérieux

Cette curieuse alliance là – le dur et le fragile – nous ébranle fortement. Trois apparitions, venues d’autrefois, nées de photographies d’enfants aliénés dont Pascal Convert a trouvé trace dans des archives médicales – photographies du Dr Désiré Bourneville, assistant de Charcot à la Salpêtrière, se tiennent résolument debout dans l’espace, sans vaciller ni faiblir. Et pourtant, et pourtant ! La fragilité du verre résonne comme un appel impérieux : Regarde-moi, même si je ne dis rien ! Ecoute-moi parce que je ne dis rien ! Prends soin de ce que je suis, de ce que j’annonce !

Est-ce le vitrail ou bien les figures qui nous parlent ? A quoi nous invitent ces anges ?  De quelle attente leurs regards vides sont-ils secrètement porteurs ?

Paul-Louis Rinuy

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