La cathédrale luthérienne d’Oslo (L’église de Norvège, Den norske kirke, évangélique luthérienne est une Eglise d’Etat) a de nouveau ouvert ses portes le 18 avril 2010, après trois ans de travaux. Quelques images, ci-dessous, de cet édifice achevé en 1697, et élevé sur un plan simple, en forme de croix grecque…
Ci-dessus : façade de la cathédrale. On voit la tour, située à l’ouest et au rez-de-chaussée de laquelle se trouve l’entrée principale puis le narthex. © C. Levisse
Photographie ci-dessous :
Sur le coin sud-ouest de la tour se trouve ce relief représentant un homme attaqué par un lion et un dragon, qui aurait appartenu à la première cathédrale d’Oslo, achevée en 1130 et dédiée au saint patron de la capitale, saint Hallvard. Cet édifice fut abandonné en 1624 et une nouvelle cathédrale fut construite dans le nouveau centre de la ville (Akershus), inaugurée en 1639. Cependant, à peine cinquante ans plus tard le bâtiment brûle et plutôt que de le reconstruire, les autorités décident d’édifier une nouvelle cathédrale, à un endroit différent. Achevée en 1697, il s’agit de celle qui s’élève toujours aujourd’hui sur une petite colline. Ce relief du début du 12ème siècle, intégré à la construction du 17ème, sert la fonction de lien entre les différentes cathédrales : à travers cet élément – mais aussi grâce aux pierres provenant des deux sites précédents qui ont été réutilisées – le nouvel édifice acquiert un passé chargé de sens.
© C. Levisse
© C. Levisse
Ci-dessus se trouvent deux photographies du retable d’autel qui prend place dans le choeur de la cathédrale. Le nom du créateur de cette œuvre de style baroque s’est perdu avec le cours du temps, mais on sait qu’il date de 1699. Sa composition en trois étages et le choix des motifs iconographiques est typique des retables d’autel luthériens de cette époque en Norvège : le champ inférieur (qui est à hauteur de l’autel) est occupé par une représentation de la Cène en relief (bois peint) ; au second niveau est placée une représentation de la crucifixion ; puis, couronnant le retable, une sculpture du Christ victorieux, symbole du Christ ressuscité.
Autres éléments de la décoration d’origine, de style baroque : la chaire ainsi que la galerie réservée à la famille royale, que l’on aperçoit toutes deux sur la photographie suivante montrant l’intérieur de la cathédrale depuis la branche nord du transept.
© C. Levisse
On remarquera l’impressionnant plafond de bois peint, aux couleurs vives et aux figures animées, que l’on doit à l’artiste Hugo Lous Mohr. Commencée en 1936 et achevée en 1950, cette immense réalisation (environ 1500 m2) est aujourd’hui remise en cause et sa conservation est discutée.
La décoration part du centre de l’église, la croisée des transepts, où l’artiste a représenté un immense soleil, ressemblant davantage à une boule de feu, rayonnant de tous les côtés. Les peintures figuratives sont organisées selon la prière du Credo – "Je crois" – et divisées en trois branches que l’on identifie grâce au motif iconographique représenté dans le champ central. Dans chaque cas, la représentation est placée devant l’arbre de vie, une colombe – symbole du Saint Esprit – et une main descendant du coin supérieur du champ triangulaire, la main de Dieu :
La travée est (dans le choeur) est consacrée au Créateur ;
© C. Levisse
La travée nord (transept) montre le Christ combattant et victorieux ;
© C. Levisse
La travée sud (transept) est dédiée à l’Esprit Saint et au centre est représenté le baptème du Christ.
© C. Levisse
Enfin, à l’ouest ce sont les quatre évangélistes et quatre prophètes qui prennent place à la base du plafond, figurés en pied et étrangement bleus, comme le montre la photographie ci-dessous, sur laquelle apparaît aussi l’orgue, situé au-dessus de l’entrée :
La cathédrale possède également une superbe crypte, dont la rénovation se poursuit actuellement, qui abrite bien entendu quelques tombeaux mais qui est surtout un espace dédié à des expositions culturelles. C’est en effet l’un des soucis majeurs, non seulement du diocèse d’Oslo, mais aussi de l’Eglise de Norvège, que de s’ouvrir à la culture et à la société contemporaines pour être en mesure d’engager un dialogue pertinent avec les hommes et les femmes d’aujourd’hui.
C’est dans cet esprit que l’artiste norvégienne Grete Refsum a été invitée à présenter son installation dans la cathédrale, dès la réouverture de l’église. Le projet de Refsum, en partenariat avec Amnesty International, doit rester plusieurs mois dans la cathédrale et en appelle à la participation de chaque visiteur : il suffit de prendre un bout de tissu et de le nouer à un autre déjà suspendu par une personne passée auparavant ; au fil de l’année et à mesure que les chaînes de morceaux de tissu se rallongeront, l’installation sera tirée vers le haut… Ce n’est pas par hasard que le diocèse a choisi de montrer une installation de cette artiste. En effet, Grete Refsum est une artiste particulière au sein de la scène norvégienne car elle s’est engagée dans la création d’un nouvel "art ecclésial" et a déjà eu à plusieurs reprises l’occasion de placer ses oeuvres, installations et objets dans des églises ; des expériences que nous aurons l’occasion de découvrir dans un prochain article.
© Caroline Levisse