à gauche : affiche de l’exposition, design : Edholm Ullenius, 2008
à droite : vue de l’exposition © C. Levisse
Au Musée des Antiquités nationales de Stockholm (Historiska Museet), se tient depuis le 20 septembre et jusqu’au 29 novembre une exposition intitulée "Marie – le rêve de la femme" (Maria – Drömmen om kvinnan), rassemblant des sculptures mariales médiévales et des œuvres contemporaines autour de la question suivante : « Qu’est-ce que signifient les images de Marie pour nous aujourd’hui ? ».
La scénographie conçue par Katrin Brännström et Ellen Ruge est sophistiquée et révèle le souci de plonger les visiteurs dans une certaine atmosphère plutôt que de les faire déambuler de façon classique entre les différentes œuvres. A travers une épaisse tenture rouge, on pénètre dans la salle de l’exposition où la l’éclairage se modifie progressivement (depuis une lumière sombre bleue-violet à une lumière plus habituelle). On évolue entre installations contemporaines et anciennes sculptures en écoutant la musique composée pour l’occasion par Eva Dahlgreen, une musique qui participe – à mon sens – à l’atmosphère paisible et douce créée par la lumière. Ce sentiment de délicatesse est parfois paradoxal en comparaison avec certains des thèmes abordés dans la description de ce que représente la Vierge. De nombreuses femmes ont été invitées à participer à ce projet ; on trouve par exemple au milieu des sculptures médiévales les photographies de l’artiste Ann Hamilton, Aloud ; ou encore la vidéo de la chorégraphie Kalagni de la danseuse Virpi Pahkinens (photographie ci-dessous) qui sert de fond pour un groupe de sculptures de Vierge trônant et pour la plupart couronnées.
ci-dessus : vitrine avec des sculptures médiévales en bois, représentant la Vierge trônant ; derrière on aperçoit la vidéo Kalagni de Vipri Pahkinens © C. Levisse
Trois femmes, l’une écrivaine – Maria Sveland – l’autre prêtre – Eva Brunne – et la troisième historienne de l’art – Mia Åkestam – ont écrit les textes qui accompagnent les œuvres. Eva Brunne et Mia Åkestam ont été chargé de commenter les sculptures de Marie en présentant la Vierge sous ses différents aspects et relations :
« Marie et sa famille : Les légendes / La Bible »
« Marie et la maternité : mère universelle / Mère et Vierge ? »
« Marie – Mère de Miséricorde : L’intermédiaire / La consolatrice »
« Marie – Madone : Idéal de beauté / Madone et Prostituée », etc.
Quant à Maria Sveland, elle expose sur les murs d’une seconde salle ses réflexions sur la pertinence des concepts véhiculés par le symbole marial pour les femmes d’aujourd’hui. Dans cette autre salle on peut également regarder des photographies de femmes des quatre coins de la terre, toutes prises par des femmes.
Cette exposition, à laquelle se sont ajoutés de très nombreux articles de presse et des débats, ainsi que l’exposition des sculptures mariales de Lena Lervik dans la cathédrale de Strängnäs (voir article précédent) pointent un intérêt renouvelé et grandissant pour la figure de la Vierge Marie dans la Suède contemporaine, un pays de tradition protestante dans lequel Marie avait depuis quelques siècles perdu en importance. Ces expositions sont le reflet d’une recherche d’ouverture non seulement venant de l’Eglise évangélique luthérienne de Suède, mais aussi venant de la sphère séculaire d’une société qui semble être en quête de « nouveaux » symboles et valeurs qui puissent servir de repères dans la vie quotidienne.
Vue de l’exposition © C. Levisse
Informations :
Site de l’exposition, courte présentation en anglais :
http://www.historiska.se/home/exhibitions/temporaryexhibitions/Mary–The-Dream-of-Woman/
Version plus longue et mieux documentée en suédois :
http://www.historiska.se/utstallningar/tidsbegransadeutstallningar/Maria–drommen-om-kvinnan/