Tout commence donc par la Femme qui marche I, bronze de l’époque surréaliste, qui marque un dialogue renoué avec la figuration et annonce le retour crucial au modèle vivant en 1935.
Autour de cette figure Giacometti invente une statuaire moderne et nourrie de modèles antiques tels que la silhouette en mouvement de Gradiva, la célèbre « femme qui marche en avant » et séduit l’archéologue Norbert Hanold dans la nouvelle de Wilhelm Jensen, analysée par Freud en 1907.
Puis en 1947, Giacometti modèle L’Homme qui marche. Frêle et portée en avant, la silhouette de bronze se tient debout en un équilibre précaire, à l’effet de présence saisissant.
Ensuite, ce sont La place (1948), Homme qui marche sous la pluie (1948), Homme traversant une place (1949), toutes ces figures en situation dans l’espace quotidien qui nourrissent l’essai de Sartre de 1948 « La recherche de l’absolu ».
Le sculpteur invente enfin, en 1960, les figures de L’Homme qui marche I, II et III, qui incarnent l’énergie de l’homme à aller de l’avant comme sa fragilité essentielle. L’humanité, telle que Giacometti l’expérimente, tient à la condensation inédite de sa puissance et de sa vulnérabilité. Fragilité et inextinguible détermination.
Paul-Louis Rinuy
« L’Homme qui marche, Alberto Giacometti »
Fondation – Institut Giacometti, 5, rue Victor Schoelcher, 75014 Paris.
Exposition jusqu’au 29 novembre 2020