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Christian Lapie, des figures qui nous regardent

Christian Lapie invente, depuis plus de deux décennies, de grandes figures dans des arbres, des troncs dressés qui rayonnent aujourd’hui dans le monde, de l’Ardèche au Rajasthan, du Japon au Canada, du Cameroun à l’Allemagne, et font en ce moment escale à Paris, dans une salle de la Galerie RX.
Publié le 12 février 2019
Écrit par Paul-Louis Rinuy

Vue de l’exposition à la galerie RX © Sophie Lapie-Nerot

Taillant le bois, fendant les troncs, il ouvre l’espace et révéle en chaque arbre un de nos frères silencieux, dressé vers l’azur. Ses arbres, qui sont parfois en bronze, s’enracinent dans notre imaginaire et viennent peupler nos rêves et notre vie de piétons urbains. Chaque sculpture, chaque groupe déploie la force rayonnante de sa silhouette, et la vérité de sa dimension propre, de sa présence réelle, ouvre notre regard vers un espace infini, qui nous accueille avec une hospitalité toute humaine. Et le bois que travaille Christian Lapie se révèle surtout notre complice en un sens spirituel, essentiel, il entretient avec l’homme une étrange connivence, qu’on peut nommer figure, ou stature. « Je me suis mis à travailler le bois, confie le sculpteur, parce que j’aime la symbolique qu’il représente, car la verticalité de l’arbre dont il est issu m’évoque l’homme debout. » Stare, se tenir debout, la sculpture est originellement, cette pierre ou ce bois dressé qui tient, qui se tient debout face à l’adversité et à l’espace, et évoque ainsi l’homme, l’homme debout parce qu’il se relève, et qu’il offre à l’autre le secours de ses mains, la grâce de son sourire,  l’hospitalité de son regard. A dire le vrai, Christian Lapie ne sculpte guère de visages, ses figures sont toujours des silhouettes, mais elles nous accueillent, nous regardent, nous parlent même… « Mes sculptures ne sont pas des œuvres-objets, affirme-t-il. Chaque œuvre est une réponse à une invitation. Je travaille toujours en relation avec les personnes qui m’invitent ».

VUE DE L’EXPOSITION À LA GALERIE RX © SOPHIE LAPIE-NEROT

« Sculpter, c’est créer des liens », dit encore l’artiste et l’histoire de ses œuvres dans l’espace public –je songe à la magnifique Constellation du fleuve  dans le non moins splendide jardin du Domaine de Chuamont-sur Loire – naît toujours d’une invitation, d’un dialogue relation qui se construit avec les commanditaires, puis les promeneurs. Chaque œuvre accepte de dépendre du regard de ceux devant lesquels elle se dresse, tire son énergie, sa vigueur même de ceux auxquels elle s’adresse. Des portraits d’arbre en fusain et lavis complètent l’exposition parisienne des groupes Revoir le ciel, La Clarté du jour, Le Songe d’Icare, et entrent eux aussi en conversation avec l’espace, avec nous. Etrange expérience que de contempler ces figures muettes, ces portraits sans yeux qui nous regardent à leur façon. Et nous expérimentons une essentielle, une nourrissante complicité avec ces silhouettes debout, nos frères les arbres.

 

Paul-Louis Rinuy

Exposition « 4+4 » jusqu’au 21 février – Galerie RX, 16 rue des Quatre Fils, 75003 Paris.
A ne pas manquer, le jeudi 21 février à 18h, une conversation entre Christian Lapie et la commissaire de l’exposition, Chantal Colleu-Dumont, directrice du domaine de Chaumont-sur-Loire.

Site internet de la galerie RX.

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