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L’œuvre d’Ann Veronica Janssens pour la chapelle Saint-Vincent de Grignan

Les vitraux d'une chapelle de la Drôme datant de la fin du XIIème siècle ont fait l'objet d'une nouvelle mise en lumière. Un travail, tout en finesse et en couleur, une œuvre de l'artiste Ann Veronica Janssens. Frère Marc Chauveau décrypte pour nous cette nouvelle création.
Publié le 07 octobre 2013
Écrit par Paul-Louis Rinuy

Lorsque l’on pénètre dans cette chapelle romane on est saisi par la simplicité du volume de la nef romane voutée en berceau. Les proportions sont harmonieuses et le décor dépouillé. La lumière pénètre à travers les nouveaux vitraux récemment installés : deux dans la nef,  un dans le chœur et un oculus au-dessus de la porte d’entrée.

La chapelle Saint-Vincent vient de faire l’objet d’une commande publique à l’artiste belge Ann Veronica Janssens, en partenariat avec le ministère de la Culture et de la Communication. Située à Grignan la chapelle date de la fin du XIIe siècle. Elle devint église paroissiale du milieu du XIIIe à la fin du XVe siècle.

 

L’artiste


Ann Veronica Janssens, née en 1956, mène depuis de nombreuses années des recherches sur la lumière et conçoit des œuvres créant des atmosphères lumineuses dans lesquelles les visiteurs sont baignés. L’artiste développe une œuvre expérimentale qui privilégie les installations in situ et l’emploi de matériaux volontairement très simples, ou encore immatériels, comme la lumière, le son ou le brouillard artificiel. Elle explore la relation du corps à l’espace, en confrontant le visiteur à des environnements qui provoquent une expérience directe, physique, sensorielle, et qui renouvellent à chaque fois l’acte de perception. Très tôt, son travail a conjugué peinture, sculpture et un intérêt remarqué pour la lumière, naturelle et artificielle.

 

Vue d’ensemble de la chapelle  St Vincent de Grignan, vitraux  d’ Ann Veronica Janssens(c) ADAGP

Un projet global


Le projet concerne la totalité de l’intérieur de la chapelle. Le programme fut ainsi défini : la conception des quatre baies existantes, la mise en lumière de l’intérieur de l’édifice, la création d’un mobilier liturgique et le traitement du mobilier usuel. La campagne de restauration de l’édifice prévue initialement fut poursuivie. Aussi l’intervention de l’artiste met en valeur la totalité de l’architecture intérieure de l’édifice.

Un extrait de la note d’intention initiale d’Ann Veronica Janssens indique que « la proposition pour l’espace de la chapelle aborde la question de la sculpture et de la picturalité par des interventions minimales qui fusionnent au cœur d’un projet global. L’intervention principale a lieu au niveau des vitraux, par les ouvertures à la lumière naturelle. Un programme de restauration et d’allègement du mobilier vient parachever le projet. ».

Les vitraux


L’artiste conçoit des vitraux d’un bloc. Chaque ouverture reçoit une plaque de verre massif et monochrome. Epais de huit centimètres, ils reprennent le forme des ouvertures en plein cintre mais légèrement plus petits laissant filtrer la lumière naturelle et l’air. On voit ainsi autour de la plaque de verre coloré un halot de lumière naturelle. Cette conception de vitraux est une première en France. L’ambivalence de leur identité – à la fois peinture et sculpture – mais également la subtilité et la variété dans le temps de leurs effets lumineux et architecturaux en font une réalisation unique.

Ces quatre plaques en verre coloré sont incrustées à fleur de mur. Chacune est d’une couleur différente : bleu, vert, rose pâle et orange. Ces couleurs déclinées dans des nuances lumineuses et légères structurent l’espace lumineux de la chapelle. La lumière traverse le verre coloré et vient projeter sur le sol et le mur opposé un halot de couleur. On est comme enveloppé par ces couleurs qui délicatement viennent colorer les murs de la chapelle.

 

Vitrail d’Ann Veronica Janssens pour la chapelle Saint-Vincent de Grignan, Août 2013 (c) ADAGP

Le choix du verre s’est porté sur un matériau nommé “anaglass” qui a comme propriété la phosphorescence et donne un éclat subtil à la couleur. Le visiteur perçoit la couleur profonde du verre. Celui-ci contient à l’intérieur des bulles d’air et sa surface présente un léger relief aléatoire. Les plaques ont été réalisées par un atelier en République tchèque et obtenues par la fonte de la pâte de verre dans un moule placé au four. Le système d’accrochage permet de laisser visible sur le côté l’épaisseur du verre afin de faire apparaître sur le champ la densité plus profonde de la couleur.
Comme pour beaucoup de vitraux, celui qui souhaite les apprécier au mieux aura intérêt à venir des moments et sous des conditions météorologiques différents.

Le mobilier


L’artiste a conçu le mobilier liturgique placé dans le chœur : croix, autel, ambon. La petite niche dans le chœur a été restaurée et sert de crédence. Quant aux bancs des fidèles dans la nef ils ont été conservés et simplement décapés et lazurés en blanc.

On ne saurait trop vous recommander d’aller découvrir à Grignan cette admirable réalisation. Passez-y du temps en silence et laissez-vous toucher par les jeux subtils de la lumière colorée dans cette sobre architecture aux proportions si harmonieuses qui élève notre âme.

Frère Marc Chauveau, o.p. Couvent de La Tourette

 

Informations :

Chapelle Saint Vincent

26230 Grignan

 

Légende vignette : Vitrail d’Ann Veronica Janssens pour la chapelle Saint-Vincent de Grignan, Août 2013 (c) ADAGP
 
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