Ambroise naquit à Trèves vers 339, son père, de haute noblesse et de classe sénatoriale, y avait été placé par l’empereur Constantin à la tête de la préfecture des Gaules (France, Espagne, Portugal, Bretagne). Son père mourut prématurément ; sa mère regagna Rome.
Gouverneur de la province de Milan et évêque
Devenu magistrat, Ambroise occupa le poste de gouverneur de la province de Milan. Il découvre alors Jésus-Christ. Il n’est encore que catéchumène lorsque, de passage dans sa ville, il est élu évêque par acclamation du peuple. Il est alors baptisé, ordonné prêtre, consacré évêque en 374.
Relations avec les empereurs
Ses relations avec les empereurs successifs (qui favorisent soit les chrétiens, soit les ariens) sont mouvementées. En 390, l’empereur Théodose fait massacrer toute une partie de la population de Thessalonique pour arrêter des émeutes. C’est pourquoi Ambroise lui refusera l’accès de son église à Milan, exigeant qu’il se soumette d’abord à la pénitence publique de l’Église. L’empereur obéit.
Conversion de saint Augustin
Saint Augustin doit, en partie à saint Ambroise, sa conversion, car il suivait ses sermons en cachette, admirait les idées de ce grand orateur. Le diacre Paulin, à l’invitation d’Augustin, écrivit sa Vie.
Ses œuvres doctrinales
Traité sur l’évangile de Luc (IV, 58, trad. G. Tissot, Sources Chrétiennes 45 bis, Cerf, Paris, 1971)
Beaucoup s’attachent à ce passage pour exploiter la tristesse du Seigneur comme la preuve d’une infirmité innée dès le principe, et non pas prise pour un temps ; ils voudraient détourner les mots de leur sens naturel. Pour moi, non seulement je ne vois pas qu’il y ait sujet de l’excuser, mais nulle part je n’admire davantage sa tendresse et sa majesté : son bienfait eût été moindre s’il n’avait pris mes sentiments. C’est donc pour moi qu’il s’est affligé, n’ayant pour lui nul sujet d’affliction ; et mettant de côté la jouissance de sa divinité éternelle, il se laisse atteindre par la lassitude de mon infirmité. Il a pris ma tristesse, pour me prodiguer sa joie ; sur nos pas il est descendu jusqu’à l’angoisse de la mort, voulant sur ses pas, nous rappeler à la vie. Je n’hésite donc pas à parler de tristesse, puisque je prêche la croix. C’est qu’il n’a pas pris de l’incarnation l’apparence, mais la réalité ; il devait donc aussi prendre la douleur, afin de triompher de la tristesse, et non de l’écarter : on ne saurait être loué pour son courage si l’on a connu des blessures que l’étourdissement sans la douleur.
• De officiis ministrorum, en 3 livres, ouvrage d’éthique chrétienne (allusion au De officiis de Cicéron), qui aura une grande influence ;
• De sacramentis, œuvre en quatre livres sur les sacrements du baptême, de la confirmation et l’eucharistie ;
• De Abrahamo, Patrologia Latina 14 ;
• Des mystères (De mysteriis), traité sur le baptême ;
• De la foi, traité sur la Trinité, composé pour l’empereur Gratien en 376 et 379 ;
• Du Saint Esprit, en 381, traité inspiré de celui de Didyme l’Aveugle, dédié à Gratien ;
• Sur la pénitence (vers 384), contre les Novatiens ;
• Apologie de David, où il tente d’apaiser le scandale provoqué par l’adultère de David et Bethsabée ;
• 91 Lettres ;
• Oraisons funèbres (de Théodose Ier le Grand, de Valentinien II) ;
• Sermons sur les Psaumes ;
• Sermons sur la virginité : Omnia Christus est nobis ! (Le Christ est tout pour nous !) Si tu veux guérir une blessure, il est le médecin ; si la fièvre te brûle, il est la source ; si tu es opprimé par l’iniquité, il est la justice ; si tu as besoin d’aide, il est la force ; si tu crains la mort, il est la vie ; si tu désires le ciel, il est le chemin ; si tu es dans les ténèbres, il est la lumière… Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon : bienheureux l’homme qui espère en lui ! (De virginitate, 16, 99)
• Hymnes ambrosiennes, vers 386
Saint Ambroise avait un grand souci de belles liturgies. Il introduisit dans l’Église latine l’usage grec de chanter des hymnes qui étaient à la fois des prières, des actions de grâce et des résumés du dogme. Il en composa plusieurs chantés encore aujourd’hui. Aeterne rerum Conditor (Dieu créateur de toutes choses) a inspiré cette œuvre de 6 m de hauteur sur 20 m de largeur, et trois lancettes de façade, fondée sur ces hymnes ambrosiennes pour vêpres qui chantent la Genèse.
Prière dans la nuit
Au lever de la nuit,
Dieu créateur de toute chose,
Roi des cieux qui revêts
le jour de lumière éclatante,
la nuit des grâces du sommeil
pour que le repos nous détende,
rende nos membres au travail ;
soulage nos cœurs fatigués,
dénoue nos chagrins anxieux,
le chant de notre hymne te rend grâce
pour ce jour déjà terminé,
te prie au lever de la nuit ;
aide-nous à tenir nos vœux.
Que le fond des cœurs te célèbre,
que la voix qui chante t’acclame,
que te chérisse un chaste amour
et que l’âme sobre t’adore !
Puisse, lorsque la nuit profonde
de sa noirceur clora le jour,
la foi ignorer les ténèbres,
et la nuit resplendir de foi !
Ne laisse point l’âme dormir ;
puisse la faute s’endormir !
la foi chaste et rafraîchissante
tempérer l’ardeur du sommeil !
St Ambroise de Milan. Hymnes, IV, trad. M. Perrin, Paris, Cerf, 1992, p. 236-238.
Martine Petrini-Poli