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L’extraordinaire rayonnement de Basile de Césarée, dit Basile le Grand (329-379)

Notre blog Ecrits mystiques poursuit son cycle de patristique dédié aux pères du désert, aux pères cappadociens, aux pères de l’Eglise latine. Nous découvrons maintenant Basile de Césarée, dit Basile le Grand (329-379), reconnu docteur de l’Église, qui fait partie du trio des « grands Cappadociens », avec son jeune frère, Grégoire de Nysse, et son ami, Grégoire de Nazianze. Il est vénéré en tant que saint par les orthodoxes et les catholiques.
Publié le 23 décembre 2021
Écrit par Martine Petrini-Poli

Basile fait partie du trio des « grands Cappadociens », avec son jeune frère, Grégoire de Nysse, et son ami, Grégoire de Nazianze. Tous trois évêques du IVe siècle et Pères de l’Église, ils ont contribué à l’élaboration des formulations de la foi chrétienne. La vie de Basile de Césarée, dit Basile le Grand, est connue par son œuvre et par la biographie rédigée par son frère Grégoire de Nysse sur leur sœur Macrine qui s’était retirée au désert, en Cappadoce, dans l’actuelle Turquie. Reconnu comme docteur de l’Église en 1568 par le pape Pie V, Basile est vénéré en tant que saint par les orthodoxes et les catholiques.

Fresque paléochrétienne de Cerula, catacombe de San Gennaro, Naples ©D.R.

Basile appartenait à une grande famille noble et fortunée, proche du pouvoir, chrétienne de longue date. Il avait trois frères, dont Grégoire de Nysse, et six sœurs. Il reçut une bonne éducation ; son père enseignait la rhétorique. Il fit ses études à Césarée, Constantinople et Athènes, où il se lie d’amitié avec Grégoire de Nazianze. Tous deux lisent l’Ecriture et sont animés par la même soif de Dieu. « Un jour, comme me réveillant d’un profond sommeil, je me tournai vers l’admirable lumière de l’Évangile (…) et pleurai sur ma misérable vie » Lettre 223.

Attiré par la vie contemplative, Basile rend visite aux moines d’Egypte. Cependant, en pleine crise arienne, l’évêque de Césarée, Eusèbe, appelle Basile à la prêtrise en 364. Basile prêche et écrit sur l’Incarnation du Verbe. Il succède à l’évêque vers 370 et concentre son épiscopat sur trois charges : la liturgie, sommet auquel tend l’action de l’Église et en même temps source d’où découle toute sa vertu (Sacrosanctum concilium, 10), l’enseignement catéchétique, le gouvernement de l’Eglise et la nomination des évêques.

Ses ouvrages dogmatiques sont consacrés à la lutte contre l’arianisme, Contre Eunome et Sur l’Esprit Saint. Basile est prêtre de Césarée en Cappadoce au moment où il dicte le Contre Eunome, en 364. Eunome a été nommé évêque de Cyzique dans l’Hellespont en 360, mais en raison de son adhésion aux thèses de l’arianisme, il fut déposé dès 361 et envoyé en exil à cause du scandale de ses propos ariens. Pour se défendre, Eunome écrit une Apologie, où il affirme la transcendance de Dieu le Père, mais refuse la divinité au Fils et au Saint Esprit, qui ne sont pour lui que des créatures : Dieu ne peut être engendré, donc le Fils n’est pas Dieu.

Basile répond, sous forme de dialogue socratique, en trois Livres ; Basile défend dans le Livre II la doctrine de la consubstantialité (homoousios) du Père et du Fils, proclamée par le concile de Nicée (325), et, dans le Livre III, celle du Saint-Esprit avec les deux autres personnes de la Trinité. Affirmer la consubstantialité du Fils et de l’Esprit Saint avec le Père, c’est affirmer la même nature divine des trois personnes de la Trinité.

Basile oppose (Lettres 70 et 243) l’unité des membres du corps du Christ aux divisions des églises de son temps : Nous serions vraiment les plus étranges de tous les hommes, si nous trouvions notre plaisir dans des schismes et des divisions des églises, et si nous ne regardions pas comme le plus grand des biens l’union des membres du corps du Christ.

Porte sainte, saint Basile-le-Grand, saint Jean-Chrysostome, XVe siècle, école de Novsgorod, Musée russe, Saint-Pétersbourg ©D.R.

Les ouvrages ascétiques sont composés des Moralia ou Règles morales, du Grand Asceticon ou Grandes Règles, et des Petites Règles. La règle de saint Basile est devenue la principale règle monastique de l’Église d’Orient, car elle paraît plus équilibrée que celle de Macaire. Basile reprend l’image paulinienne des membres et du corps, dont le Christ est la tête : Puisque nous tous qui avons été associés par vocation dans une espérance unique, nous sommes un seul corps ayant le Christ pour tête et sommes membres les uns des autres, nous n’entrons, chacun pour sa part, dans la construction de ce corps unique dans l’Esprit Saint que par la concorde. Grandes Règles, 7.

Cette règle a partiellement inspiré saint Benoît et le monachisme en Occident. Elle est composée de 55 grandes questions-réponses et de 313 petites réponses à des questions posées par les frères, à la manière des dialogues socratiques rapportés par Platon. Les Grandes Règles exposent les trois conditions de la vie ascétique : l’amour de Dieu et l’amour du prochain, qui sont indissociables ; le renoncement aux biens et la chasteté ; la tempérance qui vise à orienter les réalités concrètes de la vie et les relations aux autres vers l’accomplissement de ce qui plaît au Christ.

Basile a, en outre, rédigé des Homélies, un traité Aux jeunes gens Sur la manière de tirer profit des lettres helléniques, et il a tenu une correspondance (365 lettres échangées). Ainsi la Lettre 94, rapportée en 2007, dans l’audience du pape Benoît XVI sur Basile le Grand :

À Dieu, qui est amour et charité, Basile rendit le puissant témoignage de la construction d’hospices pour les malheureux, telle une cité de la miséricorde, qui prit de lui le nom de « Basiliade ».

Martine Petrini-Poli

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