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La « Legenda Major » de saint Bonaventure, récit des prodiges lors de la réception de la règle des frères mineurs par saint François

Avec ce nouveau cycle du blog Ecrits mystiques, Martine Petrini-Poli nous invite à l'étude de la vie et de l'oeuvre de saint Bonaventure (1217 ou 1221 - 1274). Théologien et philosophe majeur du XIIIe siècle, contemporain de Thomas d’Aquin, il est devenu supérieur de l’ordre des Frères Mineurs (franciscains) et créé cardinal-évêque d’Albano à la fin de sa vie. Sa réflexion philosophique s'inscrit dans le courant de l'augustinisme. En abordant la lecture des chapitres III et IV de la « Legenda Major », ouvrage consacré à la vie de saint François d'Assise, nous découvrons les étapes de l'approbation de la règle des frères mineurs, confirmée à plusieurs reprises par des signes d'ordre spirituel.
Publié le 24 juin 2021
Écrit par Martine Petrini-Poli

La Legenda major de saint Bonaventure est magnifiquement illustré par un cycle de fresques retraçant les épisodes de la vie et de l’enseignement de François d’Assise dans la basilique éponyme d’Assise qu’il n’a jamais connue. Entrepris dès 1260, ce chef-d’œuvre de l’art médiéval a été réalisé par les plus grands peintres italiens de l’époque : Cimabue, Giotto, et les Siennois Simone Martini et Pietro Lorenzetti.

Chapitre III – De l’institution de l’ordre des Frères mineurs, et de l’approbation de la règle

Au début du chapitre III, nous voyons François faire une prière à la Vierge de la Portioncule pour lui demander d’être l’avocate de sa cause : mettre au monde l’esprit de la pauvreté évangélique.

Un jour qu’il entendait une messe célébrée en l’honneur des saints apôtres, on y lut l’Evangile où Jésus-Christ, envoyant ses disciples prêcher et leur donnant une règle de vie, leur recommande de ne posséder ni or, ni argent, ni aucun autre trésor ; de ne porter pour le voyage ni sac, ni deux habits, ni souliers, ni bâton. En entendant ces paroles, cet ami de la pauvreté apostolique les comprit, les garda fidèlement en sa mémoire et s’écria, transporté d’une joie indicible : « C’est là ce que je désire, c’est là ce que j’ambitionne du fond de mon cœur. » Ensuite il ôte ses souliers de ses pieds et laisse-là son bâton ; il met de côté son sac, maudit l’argent, et content d’un seul vêtement, il rejette sa ceinture et la remplace au moyen d’une corde.

François entraîne plusieurs hommes à sa suite jusqu’au nombre de douze. Le premier, plus âgé, était un homme vénérable qui, ayant reçu du ciel le bienfait de la vocation divine, mérita d’être l’aîné des enfants de notre bienheureux père (…). François fut rempli de consolation à la vue de ce premier enfant d’une famille ainsi conçue par l’Esprit-Saint. Le vocabulaire employé par François est celui de la paternité spirituelle. Ces hommes nous sont connus par leur prénom : Bernard, Gille, Sylvestre. Ayant ouvert, en la présence de ces futurs frères, dans une église par trois fois les Evangiles, il tombe sur les passages recommandant la pauvreté. François a l’intuition divine de l’extension de l’ordre qu’il fonde aux quatre coins de l’univers. Il écrit alors sa règle et la présente au pape Innocent III au Palais du Latran, qui la rejette dans un premier temps. Une discussion s’élève entre cardinaux du Sacré-Collège sur deux objections : le genre de vie nouveau qu’apporte cette règle et sa trop grande exigence. François est défendu par le cardinal Jean de Saint-Paul. Après une vision du Saint Père de l’église du Latran tombant en ruines et relevée par un homme, il approuve la règle.

Fresque de Giotto, Rêve d’Innocent III, voyant en songe François qui soutient l’église du Latran sur le point de s’écrouler, v.1292-1296, église supérieure Basilique Saint-François, Assise

Fresque de Giotto, Innocent III approuve la règle des frères mineurs, v.1292-1296, église supérieure Basilique Saint-François, Assise

Chapitre IV – Progrès de l’ordre sous la direction de François et confirmation de sa règle déjà approuvée

Ils examinèrent s’ils devaient demeurer parmi les hommes ou dans la solitude. Mais François, se défiant de ses lumières et de celles de ses frères, demanda au Ciel par d’instantes prières de lui faire connaître sa volonté en ce point. Eclairé enfin par une révélation d’en haut, il comprit que le Seigneur l’avait envoyé pour gagner à Jésus-Christ les âmes que le démon s’efforçait de lui ravir. Et ainsi il choisit de vivre pour tous et non pour lui seul, entraîné par l’exemple de celui qui a daigné mourir pour le monde entier.

Les frères mineurs ont la vision du char de feu, conduit par François rayonnant de gloire, nouvel Elie, guide des hommes spirituels :

Cette vue leur fit comprendre à tous sans exception que leur bienheureux père absent corporellement, mais présent en esprit au milieu d’eux, leur apparaissait sous cet emblème; que dans ce char de feu et tout resplendissant, le Seigneur, par un effet de sa puissance, l’offrait à leurs regards illuminé des splendeurs célestes et enflammé de divines ardeurs, comme un véritable Israélite à la suite duquel ils devaient s’avancer, comme un autre Elie établi par Dieu pour être le char et le guide des hommes spirituels.

Fresque de Giotto, Vision du char flamboyant, v.1292-1296, église supérieure Basilique Saint-François, Assise

Création du Tiers-Ordre

Il résolut donc de former un nouvel ordre de frères pénitents selon ce même genre de vie ; car le chemin de la pénitence étant la voie commune à tous ceux qui désirent s’avancer vers la patrie, il est certain que cet état doit admettre dans son sein des clercs et des laïcs, des vierges et des personnes engagées dans le mariage.

Engagement de Claire à la chasteté perpétuelle pour le Seigneur

Des vierges aussi s’engageaient à une chasteté perpétuelle. Parmi elles se trouvait Claire, femme vraiment chérie de Dieu. Elle fut la première de ces plantes bénies ; elle répandit ses parfums comme une fleur brillante et embaumée ; elle devint radieuse comme une étoile éclatante de lumière.

Vocation d’un poète mondain, devenu Frère Pacifique, favorisé d’une vision

François, le voyant passer d’une manière si parfaite des agitations du siècle à la paix de Jésus-Christ, l’appela frère Pacifique.

Augmentation du nombre des frères et convocation au Chapitre Général à Sainte-Marie de la Portioncule avec ses chapitres provinciaux regroupant 5000 religieux

Cependant le nombre des frères s’était considérablement augmenté. Alors ce pasteur plein de sollicitude les convoqua en chapitre général à Sainte-Marie de la Portioncule, afin de donner dans l’empire de la sainte pauvreté une part à l’obéissance de chacun d’entre eux. On manquait en ce lieu des choses les plus nécessaires, et plus de cinq mille religieux s’y étaient réunis.

Nouvelle approbation de la Règle des frères mineurs

Le pape Honorius succède à Innocent III. A sa 8e année de pontificat, François rencontre le pape Honorius et fait à nouveau approuver sa règle à Rome. Le chapitre 4 se termine par l’annonce de la réception des stigmates, comme confirmation de la Règle des frères mineurs :

Peu de jours après, Dieu, afin d’affermir par son témoignage ce que son serviteur avançait, lui imprima de son doigt même les stigmates de Jésus ; et ces marques sacrées furent comme la bulle du Pontife suprême du ciel, qui confirmait cette règle sans réserve et exaltait son auteur, comme nous le dirons plus tard après avoir parlé des vertus de notre saint.

Martine Petrini-Poli

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