La Legenda major de saint Bonaventure est magnifiquement illustré par un cycle de fresques retraçant les épisodes de la vie et de l’enseignement de François d’Assise dans la basilique éponyme d’Assise qu’il n’a jamais connue. Entrepris dès 1260, ce chef-d’œuvre de l’art médiéval a été réalisé par les plus grands peintres italiens de l’époque : Cimabue, Giotto, et les Siennois Simone Martini et Pietro Lorenzetti.
CHAPITRE PREMIER Vie de François dans le siècle
Un homme simple d’Assise fait, un jour, la prophétie de sa grandeur spirituelle de François
Bonaventure nous présente d’abord la vie de François dans le siècle : sa naissance en 1182 à Assise en Italie dans un environnement privilégié, le prospère commerce de tissus de son père Pietro di Bernardone, mais déjà les marques de compassion du futur saint, visibles dans un récit édifiant. François semble, d’après Bonaventure, marqué par un destin exceptionnel. Un homme simple fait, un jour, la prophétie de sa grandeur spirituelle : Un homme simple d’Assise déposa ses vêtements devant François et lui rendit hommage. Il affirmait, peut-être inspiré par Dieu, que François était digne d’un grand respect, qu’il était destiné à accomplir sous peu de grandes choses et qu’il devait être par conséquent honoré de tous.
François rencontre des problèmes de santé. Un jour, il fait don de ses vêtements à un chevalier noble, mais pauvre et mal vêtu. La fresque de Giotto montre la scène hivernale avec un arrière-plan de rochers sombres, se détachant sur un ciel balayé par le vent.
François se prépare au combat spirituel d’un chevalier de Dieu : les combats de Jésus-Christ commencent par la victoire sur soi-même.
François a la vision en songe d’un palais splendide et grand avec des armes frappées du signe de la croix. Il pense aux honneurs militaires et veut s’enrôler. Cependant, à Spolète, sur le chemin des Pouilles, durant la nuit, Dieu lui demande de retourner à Assise et de se préparer au combat spirituel d’un chevalier de Dieu. Les combats de Jésus-Christ commencent par la victoire sur soi-même. Il lui faudra d’abord vaincre sa répugnance pour les lépreux. Le baiser au lépreux inspirera l’écrivain Claudel. François commence à prier et a une vision du Christ sur la croix : L’homme de Dieu comprit que, par cette vision, le Seigneur lui adressait ces paroles de l’Evangile : Si vous voulez venir après moi, renoncez-vous vous-même, portez votre croix et suivez-moi. François est soucieux des lépreux, des pauvres, des prêtres démunis. Au tombeau de saint Pierre, à Rome, il offre ses vêtements à un pauvre. Il se mortifie afin de porter extérieurement en son corps la croix qu’il avait placée intérieurement en son cœur.
CHAPITRE II. François se convertit parfaitement à Dieu et répare trois églises.
Devant l’image du Christ crucifié de l’église de Saint-Damien, il entend par trois fois une voix : « François, allez et réparez ma maison, car elle tombe en ruine, comme vous le voyez. » Revenu à lui-même il se prépare à obéir sans retard et à réparer autant qu’il le pourra l’église de Saint-Damien selon le commandement qu’il en avait reçu, bien que l’intention principale de la voix se rapportât à cette Eglise que Jésus-Christ a acquise au prix de son sang, comme l’Esprit-Saint le lui manifesta dans la suite et comme lui-même le fit connaître à ses disciples (…)
François se heurte à la forte opposition de son père, soucieux de son commerce. Celui-ci le roue de coups, l’enchaîne. Ensuite ce père vraiment terrestre s’efforça, après avoir enlevé son argent à l’enfant de la grâce, de le conduire devant l’évêque de la ville pour obtenir qu’il renonçât à tout droit en sa succession et lui rendît ce qu’il possédait (…)
Il se dépouille de ses vêtements et les rend à son père (…). Alors il dit à son père : « Jusqu’à ce jour je vous ai appelé mon père sur la terre ; maintenant je puis en toute assurance dire : Notre Père, qui êtes dans les cieux, car je l’ai rendu dépositaire de tout mon trésor et j’ai placé en lui toute mon espérance. » L’évêque, qui était un homme pieux et excellent, transporté d’admiration à la vue d’un tel amour de Dieu, se leva aussitôt, pressa en pleurant François dans ses bras, le couvrit de son propre manteau et ordonna à ses serviteurs de lui donner de quoi se vêtir.
Mais François poursuit sa mission et reconstruit successivement les églises de Saint-Damien, Saint-Pierre et Sainte-Marie des Anges à la Portiuncule, où il commença à établir l’ordre des Frères mineurs : Or, la Providence divine, qui dirigeait en tous ses actes le serviteur de Jésus-Christ, le porta à réparer ainsi trois églises matérielles avant de jeter les fondements de son ordre et de se livrer à la prédication de l’Evangile, afin de l’élever graduellement des choses sensibles à celles de l’intelligence, et de ce qui est faible à ce qui est plus considérable.
Bonaventure conclut ainsi chaque chapitre de la Legenda major par un enseignement destiné aux religieux de son ordre.
Martine Petrini-Poli