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Introduction à la vie de saint Bonaventure, théologien et philosophe inspiré du XIIIe siècle

Pour ce nouveau cycle du blog Ecrits mystiques, Martine Petrini-Poli nous invite à l'étude de la vie et de l'oeuvre de saint Bonaventure (1217 ou 1221 - 1274). Théologien et philosophe majeur du XIIIe siècle, contemporain de Thomas d’Aquin, il est devenu supérieur de l’ordre des Frères Mineurs (franciscains) et créé cardinal-évêque d’Albano à la fin de sa vie. Sa réflexion philosophique s'inscrit dans le courant de l'augustinisme.
Publié le 10 décembre 2020
Écrit par Martine Petrini-Poli
Vue de la ville natale de Saint Bonaventure, Bagnoregio, Italie

Entre 1217 et 1221, naissance de Giovanni da Fidanza à Bagnorea, (aujourd’hui Bagnoregio) près de Viterbe, au nord de Rome.

En 1230, enfant, il tombe gravement malade, il est guéri à la suite d’une prière adressée par sa mère à saint François d’Assise, canonisé en 1228.

1236 – Giovanni part étudier à la Faculté des Arts à Paris.

En 1243, il entre dans l’ordre des Frères Mineurs (Franciscains) où il reçoit le nom de Bonaventure et commence le cursus des études théologiques.

1248-1255 – Il obtient le grade de baccalauréat, qui lui permet d’enseigner auprès de ses frères, puis de licence pour l’Université de Paris.

En 1257, il obtient son doctorat de théologie.

Statue de saint Bonaventure dans sa ville natale de Bagnorea (Bagnoregio), Italie, photo du frère franciscain Michel Caille

Le Supérieur général de l’Ordre des Franciscains

En 1257, il est élu supérieur général de l’Ordre, chargé d’achever la mise en ordre de la législation propre aux Frères Mineurs, les Constitutions narbonnaises. Les franciscains étaient alors répartis dans toute l’Europe. Il était nécessaire de consolider cette expansion et surtout lui assurer une unité d’action et d’esprit selon le charisme de saint François. Il existait alors plusieurs interprétations de son message, ce qui risquait de provoquer une fracture interne entre Spirituels partisans d’une pauvreté radicale et Conventuels soucieux de l’évolution de l’ordre. En plus de sa charge, il mène de front une vie de prédicateur, d’enseignant et d’écrivain. Il rédige de nombreux écrits, constituant progressivement sa synthèse philosophique et théologique, à laquelle il faut ajouter des écrits spirituels et des sermons.

1259-1260 Il rédige des livres de spiritualité : Les Trois voies de la Vie spirituelle (la triple voie), Itinéraire de l’esprit vers Dieu, L’Arbre de vie, le Soliloquium.

La Legenda Major de François d’Assise

1260 Le chapitre Général de Narbonne lui demande d’écrire une Vie de François. Pour préserver l’esprit franciscain authentique, Bonaventure rassemble de nombreux documents sur le Poverello d’Assise et recueille en Italie les témoignages de ceux qui l’ont connu.

1263 Le chapitre Général de Pise approuve et impose comme seule biographie officielle de François la Legenda Major que Bonaventure vient de rédiger, où il présente le fondateur comme un chercheur passionné du Christ.

En 1265, le pape Clément IV le nomme à l’archevêché d’York, en Grande-Bretagne, mais Bonaventure décline l’offre, préférant rester à Paris pour défendre les ordres mendiants et l’humilité de la bure.

Refus de Bonaventure d’accepter l’évêché d’York, gravure de l’ouvrage de J.B. Boule, 1747

Un théologien et philosophe majeur du XIIIe siècle

La philosophie de saint Bonaventure s’inscrit dans le courant de l’augustinisme et elle se différencie  du thomisme par l’humilité qu’il associe à la raison humaine, incapable d’accéder à la plénitude de la vérité sans l’aide de Dieu, tandis que Thomas d’Aquin est beaucoup plus confiant dans les capacités de l’homme.

1267 Accueil à l’Université de Paris. « La perfection évangélique fut sa réponse lors de sa dispute (disputatio : débat) avec les maîtres séculiers de l’Université de Paris, qui mettaient en doute son droit à enseigner dans les universités ». Il démontra comment les franciscains vivaient selon les vœux, en pauvreté, chasteté et obéissance évangélique.

1267/1273 Bonaventure intervient dans des querelles doctrinales qui agitent l’université parisienne par une triple série de conférences sur Les dix commandements, Les six jours de la Création, Les sept dons du Saint-Esprit, De Septem donis Spiritus Sancti, IV, 12 :  « La science philosophique est une voie vers d’autres sciences, mais qui veut s’y arrêter demeure dans les ténèbres ».

1271 Sur les conseils de Bonaventure, les cardinaux sont retenus en conclave à Viterbe et finissent par élire pape Tebaldo Visconti qui prend le nom de Grégoire X.

Saint Bonaventure recevant le chapeau de cardinal, tapisserie d’Aubusson, église-basilique Saint-Bonaventure, Lyon (quatre tapisseries d’Aubusson, rénovées en 2018, évoquent la vie du saint)

Le 28 mai 1273 Bonaventure est créé cardinal-évêque d’Albano par le pape Grégoire X qui promeut cinq cardinaux parmi lesquels Pierre de Tarentaise (dominicain et grand ami de Bonaventure). Le pape lui demande de participer à la préparation du Concile de Lyon qu’il vient de convoquer pour tenter de mettre fin à la division entre Églises latine et grecque et promouvoir la réforme de l’église.

Francesco de Zurbaran, Saint Bonaventure au Concile de Lyon, huile sur toile, H 2,50 x L 2,25 m, v. 1629, Musée du Louvre

1274 Ouverture du 2e Concile de Lyon. Bonaventure y joue un rôle important, ainsi que Pierre de Tarentaise. Au cours de ce concile, Bonaventure tombe malade. « Il s’endormit dans le Seigneur, le matin du Dimanche 15e du mois de juillet 1274, dans la 53e de son âge … Pierre de Tarentaise, cardinal d’Ostie et archevêque de Lyon, futur pape Innocent V, célébra la Messe, et prononça son oraison funèbre, prenant pour texte des paroles de David : Je suis affligé de t’avoir perdu, mon Frère Jonathas », rapporte, en 1747, dans sa Vie abrégée de S. Bonaventure, le frère J.B. Boule qui ajoute « ‘Tolle et lege’, prenez ses œuvres, lisez-les avec un grand amour de la vérité et de la vertu, et ce vous sera une peine que de les quitter. »

Francesco de Zurbaran, Exposition du corps de Saint Bonaventure (en présence du pape Grégoire X et du roi Jacques Ier d’Aragon), huile sur toile, H. 2,5 m. x L. 2,25 m., 1629, Musée du Louvre

Zurbarán compléta par quatre compositions la série de toiles commencée par Herrera l’Ancien en 1627 pour l’église du collège franciscain San Buenaventura de Séville.

Bonaventure est canonisé en 1482 par le pape Sixte IV. Le Pape Sixte-Quint le nomme docteur de l’Église en 1587. Il est fêté le 15 juillet. Son œuvre, les Opera Omnia, a été publiée en 9 volumes entre 1882 et 1902 par les frères de Quaracchi.

Martine Petrini-Poli

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