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Livre II, chapitre 11 de l’Imitation de Jésus-Christ : Du petit nombre de ceux qui aiment la Croix de Jésus-Christ

L'Imitation de Jésus-Christ, en latin « Imitatio Christi », est un best-seller médiéval du mystique allemand Thomas a Kempis. Au fil des semaines, vous êtes invités à en découvrir quelques extraits choisis. Le chapitre 11 du Livre II, que nous étudions aujourd'hui, est une réflexion sur la difficulté des hommes à se livrer à un amour véritable de la Croix de Jésus-Christ.
Publié le 04 juillet 2019
Écrit par Martine Petrini-Poli

Nous arrivons au terme du Livre Second de l’Imitation de Jésus-Christ, le plus court des livres de cet ouvrage. Le chapitre 11 est composé de 5 paragraphes. Le 1er paragraphe est ponctué des figures de style de l’anaphore et de l’antithèse (« beaucoup ou plusieurs » s’opposant à « mais peu »), qui montrent les exigences de l’Imitation de Jésus-Christ. Les paragraphes suivants montrent que l’amour du Christ n’est pas mercenaire, il est pur, désintéressé et détaché de tout, même de soi-même. Un élan mystique et lyrique marque tout ce chapitre.

Livre II, chapitre 11, Du petit nombre de ceux qui aiment la Croix de Jésus-Christ

Tous veulent partager Sa joie ; mais peu veulent souffrir quelque chose pour Lui. Plusieurs suivent Jésus jusqu’à la fraction du pain, mais peu jusqu’à boire le calice de Sa Passion.


1. Il y en a beaucoup qui désirent le céleste royaume de Jésus, mais peu consentent à porter Sa Croix.
Beaucoup souhaitent Ses consolations, mais peu aiment Ses souffrances.
Il trouve beaucoup de compagnons de Sa table, mais peu de Son abstinence.
Tous veulent partager Sa joie ; mais peu veulent souffrir quelque chose pour Lui.
Plusieurs suivent Jésus jusqu’à la fraction du pain, mais peu jusqu’à boire le calice de Sa Passion.

Plusieurs admirent Ses miracles ; mais peu goûtent l’ignominie de Sa Croix.

Plusieurs aiment Jésus pendant qu’il ne leur arrive aucune adversité. Plusieurs Le louent et Le bénissent, tandis qu’ils reçoivent Ses consolations.

Mais si Jésus Se cache et les délaisse un moment, ils tombent dans le murmure ou dans un excessif abattement.

2. Mais ceux qui aiment Jésus pour Jésus et non pour eux-mêmes, Le bénissent dans toutes les tribulations et dans l’angoisse du coeur, comme dans les consolations les plus douces.
Et quand Il ne voudrait jamais les consoler, toujours cependant ils Le loueraient, toujours ils Lui rendraient grâces.

 

Andrea Mantegna (1431-1506), L’Agonie au Jardin de Gethsémani ou des Oliviers, c. 1458-c.1460, National Gallery, Londres. Les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean dorment tandis que le Sauveur prie, avant son arrestation © Wikimedias Commons

3. Oh ! que ne peut l’amour de Jésus, quand il est pur et sans mélange d’amour ni d’intérêt propre !
Ne sont-ce pas des mercenaires ceux qui cherchent toujours des consolations ? Ne prouvent-ils pas qu’ils s’aiment eux-mêmes plus que Jésus-Christ, ceux qui pensent toujours à leurs gains et à leurs avantages ?
Où trouvera-t-on quelqu’un qui veuille servir Dieu pour Dieu seul ?

Qu’est-ce encore ? C’est qu’après avoir tout quitté, l’homme se quitte aussi lui-même et se dépouille entièrement de l’amour de soi.

4. Rarement on rencontre un homme assez avancé dans les voies spirituelles pour être dépouillé de tout.
Car le véritable pauvre d’esprit, détaché de toute créature, qui le trouvera ? Il faut le chercher bien loin, et jusqu’aux extrémités de la terre (Prov. 31, 10).
Si l’homme donne tout ce qu’il possède, ce n’est encore rien (Cant. 8, 7).
S’il fait une grande pénitence, c’est peu encore.
Et s’il embrasse toutes les sciences, il est encore loin.
Et s’il a une grande vertu et une piété fervente, il lui manque encore beaucoup, il lui manque une chose souverainement nécessaire.
Qu’est-ce encore ? C’est qu’après avoir tout quitté, il se quitte aussi lui-même et se dépouille entièrement de l’amour de soi.
C’est enfin qu’après avoir fait tout ce qu’il sait devoir faire, il pense encore n’avoir rien fait.

Nul cependant n’est plus riche, plus puissant, plus libre, que celui qui sait quitter tout et soi-même, et se mettre au dernier rang.

5. Qu’il estime peu ce qu’on pourrait regarder comme quelque chose de grand, et qu’en toute sincérité, il confesse qu’il est un serviteur inutile, selon la parole de la Vérité : Quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles (Lc 17, 10).
Alors il sera vraiment pauvre et séparé de tout en esprit, et il pourra dire avec le prophète : Oui, je suis pauvre et seul dans le monde (Ps. 24, 16).
Nul cependant n’est plus riche, plus puissant, plus libre, que celui qui sait quitter tout et soi-même, et se mettre au dernier rang.

L’imitatio appelle à l’effort moral et mystique pour reproduire dans sa vie personnelle les traits du Christ perçu comme le modèle de toute monastique, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. L’imitatio culmine dans le fait d’entretenir avec le Père une relation similaire à celle du Christ.

Structure du Livre Second de l’Imitation de Jésus-Christ

CHAPITRES
I. De la conversation intérieure
II. De l’humble soumission
III. De l’homme pacifique  
IV. De la pureté du cœur et de la simplicité de l’intention
V. De la considération de soi-même
VI. Des joies de la bonne conscience
VII. De l’amour de Jésus-Christ par-dessus toutes choses
VIII. De l’amitié familière de Jésus-Christ
IX. Du manquement de toute sorte de consolations 
X. De la reconnaissance pour les grâces de Dieu
XI. Du petit nombre de ceux qui aiment la croix de Jésus-Christ
XII. Du chemin royal de la Sainte Croix

Patrick Marquès, Gethsémani, issu de VIA CRUCIS, chemin de croix de l’église de Brignais (69) réalisé par le peintre Patrick Marquès 

Depuis le 1er novembre 2012, jour de la Toussaint, l’église Saint Clair de Brignais, près de Lyon, est dotée d’un nouveau chemin de croix monumental. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a présidé la cérémonie d’inauguration de l’oeuvre picturale de Patrick Marquès, réalisée sur les murs de l’église. Les 14 stations sont représentées par des toiles de toutes dimensions peintes en atelier et marouflées sur les murs par Cité création, spécialiste lyonnais des fresques murales.

Martine Petrini-Poli

Pour en savoir plus sur l’artiste Patrick Marquèswww.marques-peintre.fr

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