Biographie
Thomas van Kempen, en latin Thomas a Kempis, est né vers 1380 à Kempen, en Rhénanie du Nord-Westphalie, près de Düsseldorf, en Allemagne, sous le nom de Thomas Hemerken. En 1395, il fut envoyé dans la ville hanséatique de Deventer, à l’école des Frères de la vie commune. Il devint un copiste talentueux, capable de subvenir à ses besoins. En 1399, il fut admis au couvent des Augustiniens du Mont Sainte-Agnès (Agnietenberg) près de Zwolle, aux Pays-Bas, où son frère Jean l’avait précédé et avait été élevé à la dignité de prieur. Thomas fut ordonné prêtre en 1413 et fut nommé sous-prieur entre 1425 et 1429. Cette fonction, qu’il assumera jusqu’à 1447, incluait, entre autres choses, la charge de maître des novices. Thomas a Kempis est décédé le 25 juillet 1471 dans ce monastère où il vivait depuis l’âge de dix-neuf ans. Il a été enterré dans le sanctuaire de l’église Saint-Michel (Sint Michaëlskerk) à Zwolle. Thomas a Kempis a été béatifié par l’Église catholique.
Le 11 novembre 1897, un monument fut érigé à sa mémoire en l’église Saint-Michel de Zwolle, aujourd’hui démolie. Son reliquaire est orné de trois têtes d’anges et d’une banderole portant l’inscription Reliquiae Pii Thomae a Kempis. En 2006, ses reliques ont été transférées à la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Zwolle.
Œuvre
Thomas a Kempis appartenait à l’école des mystiques qui s’étendait sur les rives du Rhin, de la Suisse à la Hollande, en passant par Strasbourg et Cologne. Yann Sordet, chartiste, directeur de la Bibliothèque Mazarine, écrit dans une communication à l’Académie des inscriptions et Belles Lettres en 2012 : L’oeuvre de l’Imitatio Christi (Imitation de Jésus-Christ) est l’un des cas les plus complexes, dans l’histoire littéraire occidentale, de tradition abondante avec pluriattribution. On s’accorde cependant aujourd’hui à considérer que les réseaux germano-flamands de la Devotio moderna, au début du XVe siècle, ont constitué le terreau le plus vraisemblable de sa composition, et plus exactement que Thomas a Kempis est l’auteur fort probable des quatre traités qui, réunis vers 1427, lui ont donné naissance (…). L’Imitatio est à la fois un best-seller et un long-seller sans concurrence sur le temps long de l’Ancien Régime typographique (XVe-XIXe siècle).
Dès le XVIIe siècle, le jésuite et traducteur Antoine Girard s’étonnait du succès éditorial de l’œuvre : Après la Bible, il ne s’en trouve point qui ait tant de vogue, qui ait tant de fois roulé sous la presse, ny esté traduit en tant de langues, ny tant contribué au salut & à la perfection des ames, ny qui soit approuvé d’un si général consentement de tout le monde.
De fait, près de 800 manuscrits médiévaux contenant l’Imitatio Christi ont été conservés ; ce corpus est considérable ; il n’est guère dépassé que par celui des textes bibliques. On estime à plusieurs millions le nombre d’exemplaires ayant circulé en Europe entre le XVe et le XIXe siècle.
Composition de l’Imitation de Jésus-Christ
Les quatre livres, d’inégale longueur, composant l’Imitation Christi disposent chacun de leur titre propre :
• Livre I Avertissements utiles à la vie spirituelle (Admonitiones ad vitam spiritualem utiles) : 25 chapitres
• Livre II Avertissements entraînant à la vie intérieure (Admonitiones ad interna trahentes) : 12 chapitres
• Livre III Livre de la consolation intérieure (Liber internae consolationis) : 59 chapitres
• Livre IV Exhortation à la sainte communion (Exhortatio ad sacram communionem) : 18 chapitres
Cependant, une certaine unité de doctrine et de style permet de postuler un auteur unique. Le thème central est l’exemplarité christique, l’union mystique aux souffrances du Christ, la spiritualité intérieure et personnelle. Le plan final adopté par l’auteur présente une réelle gradation, un passage nuancé du problème ascétique de l’acquisition des vertus à l’amour de la Croix et au dialogue intérieur avec le Christ.
On peut penser que Thomas a Kempis, maître des novices, a conçu cet ouvrage pour sa communauté de moines, incitant à la piété individuelle. Cependant la simplicité du texte lui a gagné, dès le XVe siècle, un vaste public laïc.