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2e et 3e parties du livre de la Sagesse éternelle d’Henri Suso

Le Petit Livre de la Sagesse éternelle est une méditation sur la Passion du Christ prenant la forme d’un dialogue entre la Sagesse éternelle et son Disciple, écrit par le dominicain Henri Suso.
Publié le 20 septembre 2018
Écrit par Martine Petrini-Poli

La 2e partie du Livre de la Sagesse éternelle porte sur le Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, l’Eucharistie, fruit de la méditation sur la Passion du Christ. La 3e partie est constituée de brèves invocations au Christ et à la Vierge à propos des stations du Chemin de croix que le dominicain récite chaque jour au cloître et dans le chœur de l’église.

Dans la 2e partie, la Sagesse montre au Serviteur quelle genre de vie il doit désormais mener. Il doit, comme le marin, faire des tours de garde et maintenir le cap malgré la tempête : « Veille bien sur toi-même car, lorsque tu perds la présence de Dieu, tu es comme un marin qui a perdu ses rames sur une mer démontée et qui ne sait plus comment se diriger. Si tu ne peux pas rester constamment dans la contemplation de ma présence, ni en faire ta demeure, la fréquence de tes retours, l’ardeur que tu mettras à me chercher, t’y fixeront toujours davantage, autant qu’il est possible. » (II, § 308, p. 186). La méditation vise à montrer les fruits de la Passion par un enseignement sur l’Eucharistie, sacrement du corps et du sang du Seigneur. Quelques têtes de chapitres : De quelle manière l’âme doit se préparer à recevoir l’Eucharistie. 

Combien de grâces s’acquièrent par la fréquente communion. La Sagesse éternelle montre ainsi au Serviteur comment recevoir dignement le sacrement de l’Eucharistie, Corps Glorifié du Christ ressuscité : « Ce sacrement renferme véritablement mon corps et mon âme, en toute leur beauté. De quelle manière ? Personne ne peut l’expliquer, parce que personne ne peut le comprendre. C’est là l’œuvre de ma toute-puissance. […] Tu dois me recevoir avec respect, me consommer humblement, et veiller à garder ma présence ; tu dois m’étreindre avec un amour d’épouse ; tu garderas néanmoins à l’esprit que je suis ton Dieu. C’est une sainte ferveur et une vraie faim spirituelle qui doivent te faire désirer me recevoir, plus que d’habitude. L’âme qui veut éprouver ma présence au-dedans d’elle-même, y trouver sa consolation, doit savoir rester dans sa cellule intérieure, et vivre séparée des créatures. Elle doit avoir été purifiée de ses défauts, avoir grandi dans la vertu, être pauvre et détachée. »

Maître du Haut Rhin, Petit jardin de Paradis, vers 1410-1420, tempera sur bois, 26,3X33,4, Städel Museum, Francfort

« L’âme doit ressembler à un beau jardin : ornée de roses rouges de la ferveur amoureuse, de l’humilité cachée de la violette, de la blancheur et de la pureté du lys. Elle devra me faire reposer dans la paix de son cœur, car de la paix j’ai fait ma demeure, et me tenir serré dans ses bras, libre de tout amour qui ne serait pas moi. » (II, § 334, p. 197-198).

La Sagesse apprend au Serviteur à s’alléger de toute attache afin de se préparer de façon adéquate à la mort. Il est envisagé ce que peut être la mort physique et la mort spirituelle. La damnation est aperçue comme une seconde mort. Le Serviteur doit découvrir sa véritable vocation qui est de louer Dieu sans cesse.

Plume dans la neige

« L’âme ressemble à du duvet, elle est légère, comme lui. Si rien ne le retient, le duvet, grâce à légèreté naturelle s’envole. S’il est chargé, il tombe. Il en est de même de l’âme. Lorsqu’elle est purifiée de ses attaches, de ses défauts, sa noblesse naturelle lui permet de s’élever vers les choses célestes, aidée en cela par la contemplation. » (II, § 381, p. 214). L’âme ainsi libérée peut laisser, à chaque occasion, sa prière s’élever vers Dieu : « Autant qu’on peut l’exprimer, lorsque l’âme a atteint ce degré de pureté, ce qu’il y a de trop terrestre en elle est spiritualisé, elle est transformée à la ressemblance des anges. Dès lors, quels que soient les événements qui lui arrivent, quoi que cet homme entreprenne et fasse, qu’il mange, qu’il boive, qu’il dorme, qu’il veille, tout cela devient louange, louange parfaite. »

Enfin, dans la 3e partie, est suggéré un exercice de piété quotidien, portant sur la méditation de la Passion, accompagné de prostrations et de prières. C’est au cours d’une vision de l’âme que le dominicain est conduit à rédiger le Livre de la Sagesse éternelle : « Il lui est dit que chaque jour, il doit parcourir ces cent sujets dans une pieuse méditation de la Passion, en faisant cent prostrations, ajouter autant de demandes, et, autant que possible, se conformer spirituellement, en ces mêmes choses, au Christ qui a souffert ».

 

Martine Petrini-Poli

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