Voir toutes les photos

Sélection cinéma, été 2017

Avec la période estivale, le cinéma rentre habituellement dans une période creuse pour laisser le terrain aux blockbusters. L’été 2017 n’échappera pas à cette tendance. Cependant on constate que, de plus en plus, juillet et aout représentent une sorte de « niche » pour des films dit « d’auteurs » plus confidentiels. Cet allongement des agendas jusque dans la période de l’été traduit-il un intérêt croissant pour le septième art ? Une exigence du public qui se renforce d’année en année ? Un poids croissant des festivals dans le planning des sorties ? En tous les cas, les cinéphiles, pour qui la passion du cinéma ne s’arrête jamais, ne s’en plaindront pas.
Publié le 06 juillet 2017
Écrit par Pierre Vaccaro

La déferlante des blockbusters a donc commencé depuis juin avec de très grosses sorties telles que La Momie, Transformers The Last Knight ou Wonder Woman. Elle sera suivie d’autres grosses machines à box office telles que le retour de la franchise Spider Man mais aussi le nouveau film de Luc Besson, Valerian et la Cité des mille planètes et La Planète des Singes Suprématie. Pas grand-chose à attendre de ces « tentpoles », ces mats de chapiteau, avant tout fabriqués pour booster l’industrie du cinéma par leur chiffre d’affaire. Revenons tout de même sur trois d’entre eux qui pourraient avoir une place à part pour des raisons différentes.

Image de La Planète des Singes Suprématie: César et ses lieutenants en expédition.

Tout d’abord Valérian la Cité des mille planètes car il s’agit d’un film de science-fiction français – ce qui n’est pas si fréquent – réalisé par Luc Besson. Les fans de ce réalisateur trépignent surement d’impatience et il faut souligner l’ambition habituelle du fondateur d’EuropaCorp d’inscrire le cinéma français dans un marché industriel auquel notre pays, malhabile en la matière, demeure peu habitué. Hélas, au vu de la bande annonce aux couleurs bien laides et à l’esthétique de mauvais goût, il y a fort à parier qu’une fois de plus Besson en fasse trop et pas non plus dans le raffiné. On peut davantage espérer de La Planète des Singes Suprématie, si l’on se souvient du précédent, réalisé par le même réalisateur Matt Reeves.

Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète. Le second opus avait réussi à inscrire le blockbuster dans une réflexion politique et éthique très stimulante. Du coup on espère retrouver ici le même souffle.

Enfin, pour terminer ce chapitre dédié aux blockbusters, il sera impossible de passer à côté du prochain film de Christopher Nolan intitulé Dunkerque. Le réalisateur de Interstellar et de Inception, s’est attelé au récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940. On connaît l’emphase voir la mégalomanie de son style. Cependant, le sujet, le fait qu’un américain porte un regard sur cette page historique avec de gros moyens financiers, l’aura de Nolan elle-même, constituent autant de raisons suffisantes pour se déplacer et se faire un avis.

Coté films d’animation, vous n’échapperez pas à la déferlante Moi moche et méchant 3 qui revient avec ses fameux minions. Point fort, le numéro 2 était une réussite mais point faible on constate que l’intérêt pour les petits personnages jaunes s’essoufflent, eux-mêmes de plus en plus voués au marketing et condamnés à terminer leur vie dans des menus de fast food. Probablement le film de trop ? Il en va de même pour Cars 3 de chez Disney Pixar qui a connu un échec retentissant aux Etats-Unis. Mieux vaut se retourner sur Le Grand Méchant renard et autres contes, film d’animation français, au trait délicat, à l’humour poétique et parfois déjanté, déjà sorti en juin. Une belle idée de sortie ciné en famille.

Le genre épouvante-horreur poursuit son essor au cinéma. 2017 a été marqué par une augmentation de ce type de films. Un regain d’intérêt pas forcément le bienvenu au vu du nombre de films de très bas niveau sans aucune qualité artistique. Le film à retenir de cet été est à n’en pas douter l’intrigant It comes at night de Trey Edward Shults. Le film évoque un monde en proie à une menace terrifiante où un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé. Style minimaliste, malice du scénario et de la réalisation, cette œuvre parle de la présence angoissante du monstrueux au cœur même de la nature humaine et a marqué les critiques autant que les esprits.

Image du film d’animation Le Grand Méchant renard (et autres contes) de Benjamin Renner et Patrick Imbert

Le cinéma français, lui, risque de ne pas briller autant que le soleil des vacances puisqu’il n’offrira pas grande chose à se mettre sous la dent. Mentionons tout de  même mais sans grande conviction Mission Pays Basque de Ludovic Bernard, film familial qui semble surfer sur le concept de  Bienvenu chez les Chtis avec la mise en valeur d’une région face aux idées préconçues d’une parisienne aux dents longues. Nous mettons ici à part 120 battements par minute sur lequel nous allons revenir plus bas.

Gardons le meilleur pour la fin. Pour profiter pleinement d’un été de cinéphile et dénicher de vraies perles, c’est du côté des festivals qu’il faut regarder. Ils sont passés par Sundance, South by Southwest, la Mostra de Venise ou le festival de Cannes et sortent dès juillet/aout dans les salles obscures… Voici une sélection de 5 films remarqués et remarquables, à ne pas manquer dans les 8 semaines à venir.

On the Milky Road

Présentée en septembre dernier à la Mostra de Venise, cette comédie dramatique a tardé à sortir en salle. Emir Kusturica se met en scène, aux côtés de Monica Bellucci, dans la peau d’un laitier d’un pays en guerre. Chaque jour, il doit traverser la ligne de front pour des livraisons. Son quotidien est bouleversé par l’arrivée d’une belle réfugiée italienne (Sortie : 12 juillet). 

Song to Song

Le mythique et légendaire Terrence Malick filme la scène musicale d’Austin au Texas, ce qui lui a valu en mars dernier une présentation au South by Southwest Film Festival. Son nouveau film s’articule autour de deux couples qui s’entremêlent dans des triangles amoureux, avec l’obsession, la séduction et la trahison en toile de fond. Avec Ryan Gosling, Rooney Mara, Michael Fassbender et Natalie Portman (Sortie : 12 juillet). Pour la bande-annonce, cliquez ici.

Les Proies

Récompensé à Cannes par le Prix de la mise en scène, ce thriller historique de Sofia Coppola se présente comme un huis clos situé dans un pensionnat de jeunes filles pendant la Guerre civile en 1864, dont l’isolement sera perturbé par l’arrivée d’un soldat nordiste blessé.
Avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning (Sortie : 23 août). Pour la bande-annonce, cliquez ici.

120 battements par minute

Ce film français de Robin Campillo, co-scénariste de Entre les Murs, évoque les premières années de l’association anti-sida Act Up Paris, à travers ses militants et leur travail. Parmi les favoris à la Palme d’or du 70e Festival de Cannes, le long métrage, chaleureusement accueilli sur la Croisette, est finalement reparti avec le Grand prix du jury. Avec Adèle Haenel, Arnaud Valois et Nahuel Pérez Biscayart (Sortie : 23 août)

Wind River

Remarqué à Sundance en début d’année et consacré à Cannes (Prix de la mise en scène – Un certain regard), « Wind River » suit un pisteur du Wyoming qui va prêter main-forte à une enquêteuse du FBI pour trouver un meurtrier dans cette région sauvage et isolée. Taylor Sheridan, Américain à la fois acteur (Sons of Anarchy) et scénariste (Sicario, Comancheria) signe ici son deuxième long-métrage.
Avec Jeremy Renner et Elizabeth Olsen (Sortie : 30 août). Pour la bande-annonce, cliquez ici.

Les cinéphiles auront également la chance de (re)voir en version restaurée à partir du 2 aout Belle de Jour et de nombreux grands films de Bunuel mais aussi l’Ombre d’un doute de Hitchcock.

Enfin derniers mots mais pas des moindres : l’été 2017 c’est aussi l’été Tarkovski ! 31 ans après sa mort, le cinéaste russe est l’hôte de la Cinémathèque française, à Paris, et du festival de La Rochelle, qui lui consacrent une rétrospective. L’occasion de redécouvrir notamment l’ode humaniste et mystique Andreï Roublev qui retrace vingt-quatre ans de la vie du moine peintre d’icône dans la Russie du début du XVe siècle. Pour la bande-annonce, cliquez ici.

Aux lectrices et aux lecteurs de Narthex, un bel été de cinéma riche de diversité et de qualité !

Pierre Vaccaro

Découvrez son webzine sur www.sacrecinema.com ou sur son compte Facebook

Contenus associés
Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *