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Une déambulation contemplative du photographe Bogdan Konopka

Les photographies de Bodgan Konopka offrent l'essence même du 7e art : savoir arrêter son regard et saisir des images sensibles et éphémères, qui deviennent oeuvre d'art et témoignage. Réalisées il y a un an au coeur de Notre-Dame de Paris, ces images prises avec la méthode traditionnelle de la chambre photographique en noir et blanc sont un voyage dans le temps.
Publié le 09 mai 2019
Écrit par Françoise Paviot Co-directrice de la galerie Françoise Paviot

BOGDAN KONOPKA, VUE DU CHOEUR DE NOTRE-DAME DE PARIS, 2018 © BOGDAN KONOPKA / CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX

Il y a pile un an, en avril 2018, Anne Lesage, responsable du pôle Images du Centre des Monuments nationaux confiait une « carte blanche » au photographe Bogdan Konopka sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son travail à la chambre photographique en noir et blanc est une déambulation contemplative, hors du temps, dans un édifice tant admiré.

La mémoire photographique assure le travail des bâtisseurs

La destruction spectaculaire de la charpente, de la toiture et de sa flèche ainsi que d’une partie de la voûte par l’incendie du 15 avril 2019 nous rappelle l’utilité incontestable du témoignage photographique et l’importance d’un exercice qui convoque la richesse d’un médium et le talent d’un photographe pour s’accorder bien au-delà de l’image à en faire œuvre. Anne Lesage ajoute « La mémoire photographique assure le travail des bâtisseurs ».

Bogdan Konopka, Vue du toit et de la flèche de Notre-Dame de Paris, 2018 © Bogdan Konopka / Centre des monuments nationaux

Bogdan Konopka avait rédigé un texte tout aussi sensible que ses photographies : « Equipé de mon trépied et du lourd sac à dos transportant chambre photographique et châssis, je gravis l’étroite spirale des 387 marches des tours pour accéder à la vue qui s’offre au million de visiteurs qui s’y pressent chaque année.

j’enregistre photographiquement une conversation avec les chimères, témoins centenaires et impassibles du patrimoine architectural

Opérant après les heures d’ouverture au public, j’enregistre photographiquement une conversation avec les chimères, témoins centenaires et impassibles du patrimoine architectural et de ses transformations, sans gommer pour autant les éléments « dérangeants » tels les dispositifs anti-volatiles pour préserver la santé de ces êtres fabuleux ou le couloir grillagé pour la sécurité des visiteurs. Le fantôme de Quasimodo rôde autour du bourdon, je me faufile derrière lui dans les combles sur un long chemin de planches pour photographier la cage de l’horloge et la rosace côté ouest. La nef de la cathédrale bruisse, je capte en longue pose ce brouillard d’allées et venues tandis que les bois sculptés des stalles et les polychromes du choeur contemplent avec bienveillance le silence du recueillement. »

Françoise Paviot

 

Un autre témoignage transmis par la photographie : ce tirage sur papier salé du photographe Charles Nègre, réalisé en 1853.

Charles Nègre, Notre-Dame de Paris, tirage sur papier salé, 1853 – Courtesy Galerie Françoise Paviot Paris
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