Les sept Répons de Ténèbres sont la dernière œuvre de Francis Poulenc dont la vie fut constamment écartelée entre ce qu’il appelait lui-même son côté « Nogent » avec ses guinguettes et son côté aveyronnais austère. Nous écoutons son « Tenebrae factae sunt » qui exprime à la fois le dépouillement absolu, mais aussi le cri déchirant de l’humanité souffrante dans cette musique qui s’épanche du silence à peine rompu de notes presqu’imperceptibles jusqu’aux accents les plus violents, aux harmonies toujours délicates.
C’est au silence d’une écoute accueillante qu’il nous invite : les résonances que cette musique provoque dans notre souvenir aident le texte liturgique à pénétrer toujours plus profondément au plus intime de nous-même dans un silence de plénitude. La prière a-t-elle encore besoin de mots quand on en arrive à cette densité de médiation lyrique ?
Tenebrae factae sunt, dum crucifixissent Jesum Judaei : et circa horam nonam exclamavit Jesus voce magna : Deus meus, ut quid me dereliquisti ? Et inclinato capite, emisit spiritum. | Les ténèbres se firent lorsque les Juifs crucifièrent Jésus : et vers la neuvième heure Jésus cria d’une voix forte : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Et inclinant la tête, il remit l’esprit. |
Emmanuel Bellanger