Ostensoir
métal doré et argenté, cabochons de verre de couleur,
Epoque « art-déco » vers 1940,
Une église du Calvados.
Le trésor de cette église est modeste, un ciboire en argent fin XIXème, un calice XIXème, un autre calice que je n’ai pas vu car en réparation, un ostensoir en métal doré XIXème, et la pièce la plus attachante de ce trésor, un surprenant ostensoir en métal doré et argenté à l’allure furieusement « art déco », à la fois rigoureuse et pleine d’une joyeuse fantaisie.
Les angles vifs et marqués sont adoucis par le jeu des reflets argentés et dorés, une pointe de fantaisie est introduite par les cabochons de verre de couleur rose et violet imitant les pierres précieuses. Les anges très élégants sont de style médiéval aux lignes assez souples, ce qui contraste avec les épis de blé et les pampres de vigne très stylisés.
La modestie des matériaux employés, le métal doré et argenté, ainsi que la verroterie de couleur ne devait pas m’empêcher de percevoir la belle qualité d’exécution de cet objet.
Car cet ostensoir est intéressant à plus d’un titre, et c’est un détail qui m’a surpris, en effet la lunule (pièce en verre et argent recevant l’hostie consacrée) est en argent doré et porte deux poinçons, l’un de maître (aux initiales FF) en forme de losange, l’autre « à la minerve » pour l’argent entre 1838 et 1973, ce dernier poinçon d’argent porte un « différent » pour le bureau de Lyon.
L’ostensoir porte sur son pied un poinçon rectangulaire aux mêmes initiales FF (rectangulaire car il ne s’agit pas d’argent), la lunule et l’ostensoir sont donc du même maître, Charles-Marie Favier, ou alors, après 1941 son fils Georges Favier sous l’appellation commerciale Charles Favier et Cie. C’est donc une œuvre non pas parisienne comme la majorité de l’orfèvrerie produite après la Révolution, mais une pièce réalisée en province dans le plus pur style art déco, probablement vers 1940.
La documentation sur les orfèvres de province postérieurs à la Révolution est malheureusement très faible.
En tout cas, cela fait apparaître un point, que la création d’orfèvrerie religieuse, après la Révolution, est restée davantage vivace en province, et tout particulièrement à Lyon, que la production d’orfèvrerie civile.
Le style néo-gothique a primé chez les fabricants d’orfèvrerie religieuse lyonnais tels que Thomas –Joseph Armand-Calliat, ou André Favier durant tout le XIXème siècle et même au delà, mais cet ostensoir nous montre que les ateliers lyonnais étaient vers 1940 capables de créations à la pointe de la modernité !
*http://leplusgrandmuseedefrance.com/page-objet-crucifixion-43.html