La hiérarchie des genres de Félibien* est étroitement liée à la création en 1648 de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, et surtout à l’enseignement qui y est dispensé et dont l’actuelle école des Beaux Arts est une lointaine héritière. Les sujets abordés par les artistes font donc l’objet d’une stricte classification. En premier lieu, l’étude académique de nu, aussi appelé académie, ou encore nu, préparant à la peinture d’Histoire, reine des disciplines. Puis vient la scène de genre, le dessin d’architecture et le dessin d’ornement et d’art décoratif.
La collection de l’école des Beaux Arts est témoin de la formation des élèves à travers l’étude de nu, les prix trimestriels et la désignation annuelle de lauréats prix de Rome. Elle nous permet de voir le travail de l’élève au sein des cours à l’Académie, lors du voyage en Italie, mais aussi ses études d’après les maîtres anciens et l’évolution de son style après son retour et son travail sur des commandes.
Tout en nous permettant appréhender la formation des élèves, il s’agit bien ici de percevoir une évolution dans chacun de ces genres. Ainsi le nu, d’abord contourné, est plus droit sur la fin du siècle et l’architecture tortueuse évolue vers des formes massives et des volumes élémentaires.
Au sujet de l’orfèvrerie, deux dessins présentent un intérêt tout particulier. En effet il s’agit d’un dessin de Pot à Oille de l’atelier de Robert-Joseph Auguste : modèle pour un pot à oille proche de ceux du service pour Gustave III de Suède et plus encore de celui pour Georges III d’Angleterre conservé au Louvre.
Un autre dessin de Jean-Guillaume Moitte rappelle la filiation entre dessin et orfèvrerie. Y sont représentés une table, un trépied, une coupe et des vases à l’antique. Ce dessin est particulièrement intéressant car véritablement inspiré du style antique que Moitte a pu observer lors de son séjour à Rome entre 1771 et 1773. Le vase à l’antique sous la table a clairement inspiré le seau à bouteille destiné au chah de Perse Feth-Ali, commandé par Napoléon à Henry Auguste en 1806. La coupe sur la table est, elle, clairement proche d’un bassin réalisé par Henry Auguste en 1789.
Il est assez rare de trouver une telle parenté entre le dessin et la pièce exécutée.
L’exposition « De l’alcôve aux barricades » présentée actuellement à la Fondation Custodia est une belle occasion de voir la richesse de la deuxième collection de dessin en France après le Louvre, notamment à travers des icones du dessin français (le Déluge de Girodet). On complètera la visite en allant voir la belle exposition organisée au cabinet des dessins de l’école des Beaux Arts jusqu’au 13 janvier 2017 : Pompéi à travers le regard des artistes français du XIXe siècle.
Guillaume Denniel
* Dans la peinture académique, la hiérarchie des genres, qui comprenait tous les genres picturaux, était la suivante :
1. l’Histoire,
2. le portrait,
3. la scène de genre,
4. le paysage,
5. la nature morte.
Cette hiérarchie des genres avait été proposée en 1667 par André Félibien dans une préface des Conférences de l’Académie.
Informations pratiques
De l’alcôve aux barricades, De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris Exposition du 15 octobre 2016 au 8 janvier 2017 Fondation Custodia, 121 rue de Lille, Paris 7e – Tous les jours sauf le lundi de 12h à 18h
www.beauxartsparis.com / www.fondationcustodia.fr
Visites guidées
Visitez l’exposition De l’alcôve aux barricades avec une guide conférencière à l’une des dates suivantes :
samedi 19 novembre à 12h00 – jeudi 24 novembre à 12h00 – samedi 3 décembre à 12h00 – mardi 13 décembre à 12h00 – mercredi 5 janvier à 12h00.
Tarif : droit d’entrée de l’exposition
Inscriptions par e-mail à visites@fondationcustodia.fr