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De l’alcôve aux barricades, de la Rocaille au Néo-classicisme

C'est une très belle exposition qui se déroule depuis le 15 octobre et jusqu'au 8 janvier à la Fondation Custodia à Paris. Sous le titre De l'alcôve aux barricades l'exposition évoque en suivant la classification des genres et disciplines, le passage du rocaille au néoclassicisme dans la seconde moitié du XVIIIème siècle à travers 142 dessins issues pour la plus grande part de la remarquable collection du cabinet des dessins de l'école des Beaux-Arts de Paris.
Publié le 18 novembre 2016

La hiérarchie des genres de Félibien* est étroitement liée à la création en 1648 de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture, et surtout à l’enseignement qui y est dispensé et dont l’actuelle école des Beaux Arts est une lointaine héritière. Les sujets abordés par les artistes font donc l’objet d’une stricte classification. En premier lieu, l’étude académique de nu, aussi appelé académie, ou encore nu, préparant à la peinture d’Histoire, reine des disciplines. Puis vient la scène de genre, le dessin d’architecture et le dessin d’ornement et d’art décoratif.

Jean-Baptiste Regnault (1754-1829), Homme en Christ déposé, Pierre et estompe traces de craie blanche, ENSBA

La collection de l’école des Beaux Arts est témoin de la formation des élèves à travers l’étude de nu, les prix trimestriels et la désignation annuelle de lauréats prix de Rome. Elle nous permet de voir le travail de l’élève au sein des cours à l’Académie, lors du voyage en Italie, mais aussi ses études d’après les maîtres anciens et l’évolution de son style après son retour et son travail sur des commandes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hubert Robert (1733-1808), Vue du Tempietto de San Pietro in Montorio, 1762 plume et encre brune, lavis brun et aquarelle sur contre-épreuve
Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson (1767-1824), Etude pour la Scène de déluge figure de l’adolescent, pierre noire et rehauts de craie blanche

Tout en nous permettant appréhender la formation des élèves, il s’agit bien ici de percevoir une évolution dans chacun de ces genres. Ainsi le nu, d’abord contourné, est plus droit sur la fin du siècle et l’architecture tortueuse évolue vers des formes massives et des volumes élémentaires.

Armand Corcelle (1765-1843) école de Navigation, plume et encre noire, lavis gris ,aquarelle 1786, EBA

Charles-Pierre-Joseph Normand (1765-1840), Une gare, Elévation 1790, plume et encre noire, lavis gris, EBA

Au sujet de l’orfèvrerie, deux dessins présentent un intérêt tout particulier. En effet il s’agit d’un dessin de Pot à Oille de l’atelier de Robert-Joseph Auguste : modèle pour un pot à oille proche de ceux du service pour Gustave III de Suède et plus encore de celui pour Georges III d’Angleterre conservé au Louvre.

 

Robert-Joseph Auguste (1723-1805), Pot à Oille du service de Georges III d’Angleterre, Musée du louvre 
Robert-Joseph Auguste (1723-1805), Pot à Oille, plume et encre brune, lavis bistre, EBA

Un autre dessin de Jean-Guillaume Moitte rappelle la filiation entre dessin et orfèvrerie. Y sont représentés une table, un trépied, une coupe et des vases à l’antique. Ce dessin est particulièrement intéressant car véritablement inspiré du style antique que Moitte a pu observer lors de son séjour à Rome entre 1771 et 1773. Le vase à l’antique sous la table a clairement inspiré le seau à bouteille destiné au chah de Perse Feth-Ali, commandé par Napoléon à Henry Auguste en 1806. La coupe sur la table est, elle, clairement proche d’un bassin réalisé par Henry Auguste en 1789.
Il est assez rare de trouver une telle parenté entre le dessin et la pièce exécutée.

  

Robert-Joseph Auguste (1723-1805), seau à bouteille de Feth-Ali, anciennement collection Prince Napoléon
Robert-Joseph Auguste (1723-1805), aiguière et son bassin, Paris 1789, ancienne collection Kugel

L’exposition « De l’alcôve aux barricades » présentée actuellement à la Fondation Custodia est une belle occasion de voir la richesse de la deuxième collection de dessin en France après le Louvre, notamment à travers des icones du dessin français (le Déluge de Girodet). On complètera la visite en allant voir la belle exposition organisée au cabinet des dessins de l’école des Beaux Arts jusqu’au 13 janvier 2017 : Pompéi à travers le regard des artistes français du XIXe siècle.

Jean-Guillaume Moitte (1746-1810), Une table, un trépied, une coupe et des vases de style antique, plume et encre noire, lavis gris, EBA

Guillaume Denniel


* Dans la peinture académique, la hiérarchie des genres, qui comprenait tous les genres picturaux, était la suivante :
1. l’Histoire,
2. le portrait,
3. la scène de genre,
4. le paysage,
5. la nature morte.
Cette hiérarchie des genres avait été proposée en 1667 par André Félibien dans une préface des Conférences de l’Académie.

Informations pratiques
De l’alcôve aux barricades, De Fragonard à David. Dessins des Beaux-Arts de Paris Exposition du 15 octobre 2016 au 8 janvier 2017 Fondation Custodia, 121 rue de Lille, Paris 7e – Tous les jours sauf le lundi de 12h à 18h

www.beauxartsparis.com / www.fondationcustodia.fr

Visites guidées
Visitez l’exposition De l’alcôve aux barricades avec une guide conférencière à l’une des dates suivantes :
samedi 19 novembre à 12h00 – jeudi 24 novembre à 12h00 – samedi 3 décembre à 12h00 – mardi 13 décembre à 12h00 – mercredi 5 janvier à 12h00.
Tarif : droit d’entrée de l’exposition
Inscriptions par e-mail à visites@fondationcustodia.fr

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