Ouvert le 3 avril 1853, le musée Unterlinden propose un parcours de visite couvrant près de 7000 ans d’histoire, de la Préhistoire à l’art du XXe siècle. Dans le cloître médiéval est présenté l’art du Moyen Age et de la Renaissance avec des oeuvres de Martin Schongauer, Hans Holbein, Lucas Cranach…et le chef d’oeuvre incoutournable de Grünewald et Hagnenau.
En plus de sa rénovation, le musée a également été agrandi. L’extension avec la réalisation d’un bâtiment résolument contemporain vient s’insérer dans l’architecture médiévale. Le musée étant devenu trop petit au fil du temps, il était nécessaire de réfléchir à une nouvelle structure, notamment pour accueillir les expositions temporaires.
Le musée Unterlinden s’étend désormais jusque dans les anciens bains municipaux Art Nouveau de Colmar qui datent de 1906. Le projet a prévu son réaménagement, celui du musée actuel situé à quelques mètres et la réalisation d’un bâtiment contemporain, pendant de l’ancienne église du couvent des Unterlinden. Cette extension a ainsi permi de multiplier par deux la surface actuelle du musée, pour la porter à près de 8000 m2. Les nombreux chefs d’œuvre stockés en réserve, pourront enfin être présentés au public.
Son oeuvre phare, le retable d’Issenheim – un ensemble de panneaux de tilleul sculptés par Nicolas de Haguenau et peints par Matthias Grünewald entre 1512 et 1516 – a retrouvé en octobre sa place habituelle, dans la chapelle de l’ancien couvent. Pendant deux ans, ce chef-d’oeuvre mondialement connu de l’art gothique avait été déplacé dans une église de la ville.
La force émotionnelle de ce polyptique monumental s’explique par la qualité picturale de l’oeuvre, la richesse des couleurs employées et l’expressivité des scènes et des personnages. Les 7 panneaux de bois de tilleul et les 10 sculptures qui le composent, illustrent plusieurs épisodes de la vie du Christ et de saint Antoine l’ermite, patron de la commanderie.
Fondée vers 1300 à une vingtaine de kilomètres de Colmar, la commanderie d’Issenheim dépend de l’ordre hospitalier des Antonins, dont la vocation est de soigner les malades atteints du « mal des ardents » ou « feu de saint Antoine ». Véritable fléau au Moyen Âge, cette maladie, provoquée par l’ingestion de farines contaminées par l’ergot de seigle, engendre des symptômes convulsifs et gangréneux.
Le retable devait également participer au rétablissement des malades en leur offrant réconfort et consolation par une présentation très réaliste et douloureuse de la Crucifixion et l’espoir de la guérison transmis par la scène de la Résurrection.
« Là, dans l’ancien couvent des Unterlinden, il surgit dès qu’on entre, farouche, et il vous abasourdit aussitôt avec l’effroyable cauchemar d’un calvaire (…) avec ses buccins de couleurs et ses cris tragiques, avec ses violences d’apothéoses et ses frénésies de charniers, il vous accapare et vous subjugue (…) ». Joris-Karl Huymans.
Longtemps octroyée à tort à Albrecht Dürer, la paternité des peintures et sculptures est désormais attribuée à Grünewald et Nicolas de Haguenau. Alors que la biographie de Grünewald demeure insaisissable, celle de Nicolas de Haguenau est en revanche mieux documentée. C’est dans son atelier à Strasbourg que l’ensemble du retable a probablement été exécuté au début du 16e siècle. Sculpteur actif dans la capitale alsacienne entre 1486 et 1529, il a réalisé de nombreux retables dont celui du maitre-autel de la cathédrale de Strasbourg vers 1500. L’énigmatique Grünewald, de son vrai nom Mathis Nithart Gothart est quant à lui né à Wurtzbourg vers 1480 et mort à Halle en 1528. Peintre et ingénieur hydraulicien, c’est un homme de sciences sensibilisé aux questions de la nature et des techniques. Son oeuvre connu est relativement modeste : dix oeuvres peintes et une quarantaine de dessins la composent.
La présentation actuelle du retable est incomplète ; son démantèlement à la suite de la Révolution française a provoqué la perte du couronnement sculpté qui le surplombait. Par sa structure, le retable entre dans la catégorie des polyptiques à doubles volets. Il est donc conçu pour permettre trois présentations, vraisemblablement déterminées par le calendrier liturgique.
Retable fermé
Le retable fermé offre une vision terrifiante de la Crucifixion emplie de douleur, encadrée des panneaux des deux saints invoqués contre les épidémies : saint Antoine et saint Sébastien, prié contre la peste. Sous la scène centrale, la prédelle représente la Mise au tombeau.
Présentation intermédiaire (Première ouverture)
La première ouverture du retable s’ouvre sur les panneaux lumineux de l’Annonciation, du Concert des Anges, de la Nativité et de la Résurrection, qui expriment tous des symboles de joie et d’espoir.
Retable ouvert (Deuxième ouverture)
L’ouverture complète du retable offre au regard la sculpture magistrale du saint patron de la commanderie, trônant entre saint Augustin et saint Jérôme. Elle est entourée des panneaux peints de L’Agression de saint Antoine et de La visite de saint Antoine à saint Paul. Dans la prédelle, le Christ au milieu des apôtres est représenté en Sauveur du monde.
L’inauguration officielle du musée aura lieu le 23 janvier 2016 en présence de François Hollande, le président de la République et Martin Schulz, le président du Parlement européen. En attendant, vous pouvez dès à présent redécouvrir le chef-d’oeuvre de Grünewald qui nous fascine autant qu’il nous terrifie.
Informations pratiques :
Musée Unterlinden
Place Unterlinden
F-68000 Colmar
Téléphone
Tel. 0033 (0)3 89 20 15 50
Billeterie
Tel. 0033 (0)3 89 20 15 58
Site officiel du musée : www.musee-unterlinden.com