Fondée en 1379 par Charles V, la Sainte-Chapelle conférait à l’ensemble du château de Vincennes une nouvelle dimension. Sa création ne répondait pas à un besoin architectural puisqu’il existait alors plusieurs chapelles et oratoires sur le site. Mais son statut canonique calqué sur celui de la Sainte-Chapelle de Paris allait élever Vincennes au rang de seconde capitale du royaume. Elle aussi serait destinée à abriter une part des reliques de la Passion et appellerait la protection divine sur la résidence royale et sur la dynastie. Inaugurée en 1552 sous le règne d’Henri II au terme d’un long chantier, la Sainte-Chapelle clôt ainsi le projet architectural de Vincennes et traduit, par sa qualité, sa richesse et son décor, l’ambition politique initiale: l’idéologie d’une monarchie triomphante !
Comme celle du palais de la Cité élevée au XIIIème siècle, la Sainte-Chapelle de Vincennes est construite selon le plan traditionnel des chapelles castrales : un vaisseau unique de cinq travées, un chœur d’une seule travée et une abside à cinq pans avec deux oratoires latéraux destinés l’un au roi, l’autre à la reine.
Bâtie sur un seul niveau, la chapelle de Vincennes est plus large, plus longue et moins haute que celle de Paris qui est à double étage. Le décor des fenêtres, gothique rayonnant dans le chœur et gothique flamboyant dans la nef, témoigne de l’évolution stylistique depuis son commencement.
Entre 2000 et 2004, la Sainte-Chapelle de Vincennes avait subi un programme de rénovation d’urgence pour remonter six baies de la nef qui avaient été soufflées par la tempête de 1999. De 2008 à 2009 les voûtes et les peintures du XVIe siècle avaient été restaurées à leur tour et les parements et le décor sculpté mis en valeur.
Entre avril et décembre 2015 la campagne de restauration, placée sous la houlette de Gabor Mester de Parajd, architecte en chef des monuments historiques, s’est attelée à la façade Ouest. L’ensemble des parements, unis et moulurés, a été nettoyé par micro-gommage, les vitraux de la rose ont été restaurés en atelier et les pierres neuves du remplage entièrement taillées à la main. Une nouvelle gargouille haute est également venue remplacer celle que la tempête avait fait chuter en 2009.
La seconde phase de ce chantier de restauration débute actuellement. Elle comprend la restauration, par des maîtres-verriers spécialisés, des vitraux exceptionnels du chœur et de l’avant-chœur datant du XVIème et complétés au XIXème siècle ; notamment les cinq grands vitraux de l’Apocalypse. Ils seront protégés par l’installation de verrières de doublages thermoformés, comme ceux récemment installés lors de la restauration des verrières de la Sainte-Chapelle de Paris. Cette protection permet de concilier esthétique et conservation du patrimoine.
Enfin, cette année verra la restauration des toitures et ouvrages en superstructures de la Sainte-Chapelle et du Sacraire. L’authenticité des éléments anciens, remontant au moins aux travaux dirigés par Eugène Viollet-le-Duc puis Anatole de Baudot entre 1874 et 1877, sera maintenue.
« Cette campagne, d’un montant de 8 M€, s’inscrit dans un programme global de réfection du monument », annonce Philippe Béléval, président du Centre des monuments nationaux qui gère et ouvre le site à la visite. « Elle se poursuivra dans les prochaines années avec la restauration du châtelet, puis du chemin de rondes du donjon. »