A l’initiative de la Communauté des dominicaines du Couvent des Tourelles et grâce à la collaboration du Centre Thomas Gleb, l’idée d’une journée portes ouvertes s’est progressivement transformée en trois jours de rencontres ponctuées de musique, de chants, de projections, de lectures et de conférences.
Elles étaient accompagnées de l’exposition des “Douze Tribus d’Israël”, œuvres sur papier présentées en 2012 au musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris et de la tapisserie “Zohar” prenant admirablement place au sein du monastère.
Les sœurs dominicaines “vivent dans une œuvre vivante, une sculpture”, animées par le désir de faire découvrir le lieu et de le faire vivre “pour ce qu’il est”, “une sculpture habitée”.
Les rencontres autour de Thomas Gleb inscrivent de manière inédite, le monastère des Tourelles, dans la quatrième édition du mois de l’architecture en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (9 mai-26 juin 2016).
“C’est ici” entouré du Pic Saint Loup, de la Chaîne des Rochers de l’Hortus et de Montferrand, qu’à la demande de la Communauté, le sculpteur Thomas Gleb a conçu son unique projet de monastère : “tout dans l’architecture devrait donner du sens, sinon cela n’est pas vrai, et donc cela n’est pas beau”.
“La colline a germé une communauté”, celle du quartier de Boutonnet à Montpellier que la pression fonçière et les futurs frais de mise en chauffage avaient conduit à chercher un ailleurs.
Thomas Gleb fait construire un cloître à ciel ouvert autour duquel la règle de vie dominicaine – prière, vie commune et accueil – se concentre et rayonne.
De l’intérieur, chaque ouverture du monastère est un tableau sur la nature environnante.
L’architecture n’est que mouvement et rondeur.
Le film réalisé en 2014 par Kyoko Sato-Kalman donne une tonalité sensible à ces journées. Lieux, lettres, entourage, voyage vers la Pologne où Thomas Gleb a séjourné dans les années 1950… tissent des mémoires fragmentées et restituent des paroles fondatrices : “Mon père me disait, l’essentiel c’est l’espoir ; on était plus nourri par cette phrase que par le pain. C’est cette phrase qui m’a fait échapper de la Gestapo”.
Cet hommage d’artiste à artiste est livré pudiquement par la vidéaste d’origine japonaise Kyoko Sato-Kalman : respectueuse proximité de la figure de l’ancêtre et juste mise à distance.
Anne Zali, conservateur général honoraire à la Bibliothèque Nationale de France, rend l’Appel du Signe particulièrement vibrant. Elle donne une vision spirituelle du parcours artistique de Thomas Gleb. Ce parcours l’emmène, du figuratif (série des coqs, du cirque…) jusqu’à la lumineuse lumière du blanc que révèlent tapisseries et pafilages (technique mêlant le papier et le tissage).
Dominique Dendraël, conservatrice du musée du Hiéron restitue le sauvetage en 2012 du Signe, blessure ouverte sculptée dans la chapelle des carmélites de Niort en 1979. A cette occasion, elle évoque la richesse des échanges entre communauté religieuse, artiste et architecte et rapporte d’autres expériences éclairantes : Pierre Buraglio et les carmélites de Lisieux en 2002, Renzo Piano et les clarisses de Ronchamp en 2011.
Plusieurs moments musicaux ont ponctué ces rencontres dont celui remarqué, de la hauboïste, Véra-Isabel Volz, concertiste et professeur à l’université de Francfort, accompagnant la lecture de poèmes de Gleb par la comédienne Odile Cointepas ; mais également l’Ensemble Vocal Tutti de Saint-Mathieu-de-Tréviers.
La dernière journée était consacrée à une exploration d’architectures habitées menée par Benoît-Philippe Peckle, dominicain résidant à la Sainte-Baume dont l’oratoire, aménagé par Thomas Gleb en 1970, avait été la première expérience de l’artiste dans le domaine de l’architecture et le premier contact avec la communauté dominicaine de Montpellier.
Une conférence de l’historien Mr Michael Iancu sur “Juifs et Chrétiens à Montpellier et en Languedoc à travers les âges” permettait enfin, de restituer les relations du monastère des dominicaines avec la communauté juive pendant la période de la seconde Guerre Mondiale.
Parce que les sœurs dominicaines se sentent habiter une œuvre vivante, ces journées se sont achevées en beauté, et en musique, avec la violoniste solo de l’Orchestre national de Montpellier, Dorota Anderszewska, accompagnée de l’altiste Florentza Nicola.
Les rencontres autour de Thomas Gleb à Saint-Mathieu-de-Tréviers ont ainsi donné la mesure et l’originalité d’un site qui devrait obtenir le label “Patrimoine du XXe Siècle”. Il sera ouvert à la visite, les 17 et 18 septembre prochains, lors des journées du Patrimoine.
Dominique Dendraël
et le Centre Thomas Gleb
Le couvent participe au Mois de l’architecture en Languedoc-Roussillon qui se déroule du 9 mai au 26 juin 2016: www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrenees/Actualites/Actualite-a-la-une/Mois-de-l-architecture-jusqu-au-26-juin-2016
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9 avenue Gambetta
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06 22 47 49 98
centre@thomas-gleb.fr
PROJETS DE L’ASSOCIATION
* Exposition à la Bibliothèque polonaise de Paris, Île Saint-Louis, (mars-avril 2017)
* Expositions en Pologne, à Lodz et Varsovie (2018/2019)
* Le film de Kyoko Sato-Kalman “Je marchais dans la nuit qui enfanta la lumière” (48’) sera prochainement édité en DVD.