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Cette richesse, qui constitue l’un des caractères de Saint Roch, s’explique également par ses liens étroits avec les souverains. Située proche du palais du Louvre et des Tuileries, elle bénéficie d’un soutien royal depuis Louis XIV au siècle des Lumières. Elevée par les plus grands architectes du roi, décorée par les plus grands maîtres, Saint-Roch constitue encore aujourd’hui un véritable conservatoire de l’art religieux de l’Ancien Régime malgré le vandalisme révolutionnaire.
Enrichie sur deux cents ans d’œuvres nombreuses, le XVIIIème siècle règne en maître à Saint-Roch : dans le transept, la rigueur de Vien s’oppose au « feu » – pour reprendre Diderot – de Doyen ; dans la coupole de la chapelle de la Vierge Jean-Baptiste Pierre peint une Assomption virtuose ; avec le Christ au jardin des Oliviers Falconet donne un des très grands chefs d’œuvre de la sculpture française. L’église Saint-Roch convoque également le souvenir de ses paroissiens appartenant du monde spectacle : Corneille, Molière, La Fontaine, Le Nôtre, Diderot, Helvétius, Mme Geoffrin… Admirable litanie qui en fait un précieux lieu de mémoire et la caractérise, hier comme aujourd’hui et à tous points de vue, – artistique et religieux,- une église des Lumières.
Style architectural
Saint-Roch cache bien son jeu. Si à l’extérieur l’espace lui paraît compté, elle montre à l’intérieur une ampleur – par l’alignement des trois chapelles – et une luminosité exceptionnelles. Le visiteur la perçoit toute unie quand elle dissimule les aléas d’un chantier long d’un siècle. En effet, il ne faudra pas moins de quatre campagnes discontinues et différents maîtres d’œuvre pour achever l’édifice actuel inauguré en 1740. Commencée en 1653 sur les dessins de Jacques le Mercier, c’est Jules Hardouin-Mansart qui achève le déambulatoire oriental et ses quatre chapelles, élève les deux façades du transept couronnées de frontons triangulaires et achève le portail central de la principale façade. S’inscrivant dans le mouvement de célébration mariale, il ajoute également la grande chapelle de la Vierge au plan circulaire.
La Régence ouvre une nouvelle phase de travaux avec de puissantes voûtes en berceau ajoutées sur le chœur et la nef, tandis que la croisée reçoit une coupole sur pendentifs. En 1736 démarre la dernière phase : la façade principale, dont la parure sculptée par Francin et Monthélan fut anéantie par les révolutionnaires. Avec son ordre dorique orné de mutules que surmonte un riche ordre corinthien, Robert de Cotte conçoit une façade aux lignes puissantes. Puissance que renforce un détail unique dans l’architecture religieuse parisienne : le motif de la colonne carrée et de la colonne ronde accouplées qui ferme latéralement le premier niveau, inspiré de la basilique Aemelia.
L’art dans l’édifice
La Nativité par Michel Anguier (1614-1686)
En 1665 Michel Anguier réalisa le groupe en marbre de la Nativité pour le Val-de-Grâce à la demande d’Anne d’Autriche, en reconnaissance de la naissance de l’enfant tant attendu – Dieudonné de son nom de baptême – qui n’est autre que Louis XIV. En 1805 il fut attribué à Saint Roch afin de remplacer l’Annonciation sculptée par Etienne-Maurice Falconet, détruite par les révolutionnaires.
La Vierge est tout absorbée par la contemplation et ses mains se serrent sur son cœur selon la parole de l’Evangile (Luc 2, 51) : « Marie gardait tous ces événements en son cœur ».
Joseph, tout étonné de participer à ce mystère, s’interroge, pressentant avec gravité la charge qui est la sienne de participer à l’éducation humaine du Fils de Dieu en cet enfant.
La Présentation du Christ au Temple par Jean Restout (1692-1768)
Cette toile décorait la salle du Chapitre du couvent des Feuillants qui s’élevait rue Saint Honoré face à la place Vendôme. Peinte en 1759, elle fut attribuée à Saint Roch à la Restauration. Au centre du tableau, le vieillard Syméon présente l’enfant dont le nimbe rayonne, et lève les yeux vers les cieux. A droite, la prophétesse Anne le rejoint. Sa posture marque son saisissement à la vue de l’Enfant Dieu. De l’autre côté, la Vierge s’incline devant son fils. Derrière elle, son époux Joseph porte une cage contenant les colombes que les parents doivent donner en offrande au Temple. La scène se situe au moment où le pieux Siméon s’adresse à Dieu en ces termes : « Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton Salut que tu as préparé à la face des peuples : Lumière pour éclairer les nations païennes et Gloire de ton peuple Israël » (Luc, 2, 29-32)
Le baptême du ministre de la reine d’Ethiopie par le diacre saint Philippe par Théodore Chassériau (1819-1856)
La toile marouflée, datée de 1853 et commandée par la Ville de Paris, décore la chapelle des Fonts-Baptismaux située à l’entrée de l’église. Cette peinture monumentale s’inspire d’un récit des Actes des Apôtres. Philippe fut l’un des sept diacres choisis par les membres de la première communauté chrétienne de Jérusalem pour seconder les apôtres dans leur ministère. Les Actes relatent le voyage de Philippe depuis Jérusalem jusqu’à Gaza (8, 26-40). Le diacre fut conduit en chemin par un ange, et rencontra un eunuque éthiopien, ministre de Candace, reine d’Ethiopie, de retour de Jérusalem où il était allé en pèlerinage. Assis sur son char, il lisait le prophète Isaïe, et demanda à Philippe de lui expliquer le sens de sa lecture. Alors qu’ils arrivaient à un point d’eau, l’Ethiopien dit au diacre : « Voici de l’eau. Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? ». Chassériau a peint le moment qui suit : saint Philippe baptise l’eunuque.
La scène, organisée selon une composition pyramidale, présente au premier plan le diacre, au visage nimbé et vêtu de blanc, dirigeant son regard vers le ciel et guidant l’Africain dans l’eau. L’ange est à la droite de Philippe, tandis que la suite du ministre de Candace, richement parée et accompagnée de deux chevaux aux parures chatoyantes, assiste au baptême dans une atmosphère de calme et de recueillement.
L’actualité de l’édifice
L’église Saint-Roch, – ainsi que ses consœurs Saint-Eustache et Saint-Sulpice -, a prolongé la visite de l’exposition « Le Musée disparu d’Alexandre Lenoir », présentée au Louvre d’avril à juillet 2016 (voir l’article dans le Monde de la Bible n°217). La signalétique créée par la COARC (La Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris) indiquait les œuvres passées par le musée Alexandre Lenoir : Sur la trentaine de statues que comptait Saint-Roch avant 1789, cinq sont aujourd’hui visibles dans l’église. Envoyées au dépôt des Petits-Augustins, elles furent restituées à la fabrique entre 1802 et 1819. Le curé Jean-Baptiste Marduel (1747-1833) joua un rôle très actif dans le retour des sculptures et dans l’acquisition de nouvelles œuvres, issues pour la plupart de lieux de culte démolis, initialement situés non loin de l’église Saint-Roch (couvent des Jacobins Saint-Honoré, collégiale Saint-Honoré, couvent des Capucines et couvent des Feuillants).
Les Éditions La Nuée Bleue, fortes du succès de leur prestigieuse collection « La Grâce des cathédrales » ont consacré un ouvrage à Saint-Roch paru fin 2015.
Sous l’égide du Père Philippe Desgens, curé de Saint-Roch et aumônier des artistes du spectacle, l’ouvrage réunit les meilleurs spécialistes reconnus de l’édifice et donne à comprendre cette « paroisse des artistes » sous toutes ses facettes : histoire de sa construction, étude de ses richesses artistiques, analyse des trois orgues, évocation de tous les paroissiens célèbres, les cérémonies et événements récents qui l’on distinguée. Un somptueux reportage photographique permet de révéler avec faste et sensibilité les beautés, parfois peu visibles, de l’édifice.
Père Philippe Desgens, Curé de Saint Roch et aumônier des artistes du spectacle
Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat établi entre Narthex et la revue papier Le Monde de la Bible. Il a été publié dans le numéro 218 – septembre 2016. Cette revue trimestrielle a confié à Narthex le soin de nourrir la rubrique « La Bible des pierres » depuis décembre 2015.
La source biblique (détail n°2)
Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur – ainsi qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur […]. Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui. Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint alors au temple poussé par l’Esprit ; et quand les parents de l’enfant Jésus l’amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes : « Maintenant, Maître, c’est en paix, comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple. »
Le père et la mère de l’enfant étaient étonnés de ce qu’on disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des coeurs. »
Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. […]. Survenant au même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem. Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. (Luc 2,22-39)
A lire
– Saint Roch, Père Jacques Fournier, photos Jean-François Fortchantre, guide pour visiter l’église, édition en français et en anglais, 2011, en vente uniquement à la paroisse.
– Les Grandes Orgues historiques de Saint Roch, Loïc Métrope, organiste adjoint à Saint Roch, 1994, en vente uniquement à la paroisse.
Situation géographique
Malgré la perte de son clocher, l’élévation des marches et la rigoureuse façade assoient l’autorité de l’église Saint Roch au cœur d’un quartier historique de Paris. Entre l’Opéra, la Comédie-Française et le Louvre, elle reste bergère d’un quartier qui, pour l’essentiel, garde sa configuration de l’Ancien Régime. Si sur sa droite l’haussmannisation l’a effleurée, elle est toujours enserrée dans un réseau de rues étroites et ne se découvre qu’au tout dernier moment. Son emplacement désigne tout naturellement Saint-Roch, en 1922, la « paroisse des artistes ».
296 rue Saint Honoré 75001 Paris
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