Voir toutes les photos

Espace musées : attraper l’art au vol

Lieu d’attente interminable, de passage éclair entre deux correspondances ou d’achats détaxés, un terminal d’aéroport est l’un des derniers lieux dans lequel on s’attendrait à visiter une exposition. C’est pourtant le pari réussi d’Espace musées depuis près de cinq ans : proposer, en un petit espace dans le terminal 2E de l’aéroport Paris Charles de Gaulle, un condensé du meilleur de l’art des musées parisiens, autour d’expositions thématiques.
Publié le 06 mars 2018

Vue d’Espace Musées dans le terminal 2E de l’aéroport Paris Charles de Gaulle, 2017

L’art a cette capacité formidable de parler à tous et de s’affranchir des frontières. Insolite de prime abord, l’existence d’un espace d’exposition dans une salle d’embarquement du gigantesque aéroport Paris Charles de Gaulle fait sens. Grâce à Espace Musées, l’art s’invite où il est inattendu, et c’est précisément l’une de ses plus grandes forces : habiter tous les espaces de vie.

Plus de 4 millions de voyageurs par an (dont 60% d’étrangers) transitent par la salle d’embarquement du Terminal 2E Hall M de l’aéroport Paris Charles de Gaulle, et nombreux de ces voyageurs en escale attendent en moyenne 2 heures avant d’embarquer. Proposer l’art en accès libre et gratuit, comme alternative aux nombreuses boutiques de luxe qui essaiment le terminal est un message fort. La culture appartient à tous !

Grâce à la mobilisation des plus grandes institutions qui depuis 5 ans montent des expositions dédiées à ce musée hors du commun, l’excellence du patrimoine culturel et artistique français s’aventure à la rencontre d’un public de voyageurs résolument international. Le challenge est de taille : en deux salles, avec en ligne de mire un temps de visite assez court (10 à 20 minutes), les commissaires attitrés doivent parvenir à traiter une thématique de l’histoire de l’art. Neuf expositions ont déjà été proposées, avec le soutien de neuf institutions françaises pour le commissariat et le prêt des œuvres (Petit Palais, musée Rodin, fondation Dubuffet…).

Alexander Calder Mobile, 1955 – Paris, Centre Pompidou – MNAM © CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian © Calder Foundation New York / ADAGP, Paris

C’est le Centre Pompidou qui est à l’origine de l’exposition en cours jusqu’au 10 septembre 2018. Intitulée «L’Art abstrait des années 1950», elle met en lumière une sélection de 20 œuvres majeures de ses collections.

La peinture abstraite triomphe à Paris après les années sombres de la guerre, portée par de grands critiques et par le dynamisme des galeries apparues dans l’effervescence de la Libération. Si l’abstraction géométrique s’est installée dans le paysage artistique parisien depuis les années 1920-1930, il n’en est pas de même de l’abstraction gestuelle. Ce courant, très novateur, ne fait son apparition en Europe qu’après 1945. Toutes deux font alors l’objet de nombreux débats et polémiques relayés par d’importantes revues.

Nicolas de Staël, Le Lavandou, 1952 – Paris, Centre Pompidou – MNAM © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Bertrand Prévost © ADAGP, Paris

Caractérisée par le recours à des formes géométriques soigneusement délimitées et par des aplats de couleurs uniformes, l’abstraction géométrique se développe tout au long du XXe siècle et connaît de nouveaux prolongements dans les années 1950 : compositions plus complexes, parfois inspirées par des considérations mathématiques ou par le libre jeu du hasard, et coloris plus vifs, souvent éloignés des couleurs primaires prônées par Mondrian, et reflétant la foi des artistes en l’avenir. Les peintures de Jean Dewasne ou Aurélie Nemours, les sculptures de Jean Arp ou Alexandre Calder ont été, entre autres, choisies pour présenter ce courant.

L’abstraction gestuelle fait appel à une pratique instinctive et un rapport inédit au matériau pictural se fait jour dans un premier temps sous la notion d’ « informel ». D’abord tributaire du Surréalisme, cette abstraction témoigne de la volonté de nombre d’artistes de « repartir à zéro » après le traumatisme de la seconde guerre mondiale. Les peintres de cette mouvance, défendue notamment par le critique Michel Tapié, abandonnent toute maitrise académique au profit d’une pratique spontanée en prise directe avec « la nécessité intérieure » de l’artiste.

Les voyageurs en transit dans le terminal 2E de l’aéroport Paris Charles de Gaulle qui auront manqué de visiter le centre Pompidou lors de leur séjour parisien seront enchantés d’en découvrir une infime partie dans Espace musées. 

 

Informations pratiques

Exposition « L’art abstrait des années 1950 – collectins du centre Pompidou«  au terminal 2E, hall M de l’aéroport Paris Charles de Gaulle.

Commissariat : Christian Briend, conservateur au musée national d’art moderne,assisté d’Anna Hiddleston, attachée de conservation.

Jusqu’au 10 septembre 2018.

Entrée libre et gratuite, accès tous les jours à toute heure. 

Site internet : http://espacemusees.com/

Contenus associés
Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *