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Saint-Denys d’Arcueil : une histoire vivace de 900 ans

Dans le cadre de notre partenariat avec la revue "Le Monde de la Bible", notre chronique intitulée "la Bible des pierres" vous amène à la découverte d'une vénérable église d'une simplicité magnifique, Saint-Denys d'Arcueil, qui témoigne d'une riche histoire et d'une inventivité merveilleuse en termes de sculptures. Son architecture altière et épurée est considérée comme la première inspiration de la future cathédrale Notre-Dame de Paris...
Publié le 08 juin 2020

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L’église Saint-Denys d’Arcueil, dans le Val-de-Marne. Construite par étapes à partir de la fin du XIIe siècle, l’édifice a subi des transformations du XVe au XIXe siècle. © Benoît Rossignol

Un peu d’histoire…

Au XIe siècle, Arcueil et Cachan n’étaient que des villages au bord de la Bièvre, groupés autour des vestiges de l’ancien aqueduc romain. Ces hameaux trop peu peuplés pour avoir leur propre église dépendaient alors de la paroisse de Gentilly. Ce n’est qu’au siècle suivant que l’on songea à constituer Arcueil en paroisse distincte. En 1119 à Pâques, l’évêque de Paris, Gerber, décide de donner à Adam, abbé de Saint-Denis et à son monastère, un « autel avec ses terres » situé à Arcueil. Ainsi, alors que Cachan restera sous la férule de l’abbaye bénédictine de Saint-Germain-des-Prés, Arcueil dépendra largement de l’abbaye de Saint-Denis, au nord de Paris, au cours des siècles suivants.

L’ÉGLISE SAINT-DENYS D’ARCUEIL, vue du choeur © BENOÎT ROSSIGNOL

De multiples transformations

L’édifice actuel fut commencé à la fin du XIIe siècle et dédié à saint Denis, premier évêque de Paris, dont quelques reliques furent apportées par les religieux de l’abbaye. Un procès-verbal de l’archidiacre de Paris, daté de novembre 1217 et ratifiant la nomination d’Amaury, ancien curé de Mery, comme desservant de cette église, laisse penser qu’elle était ouverte au culte à cette époque. À la suite d’un effondrement du clocher, les deux travées occidentales ont dû être reconstruites au début du XVIe siècle. Les nouveaux chapiteaux présentent une superbe ornementation de style Renaissance. Durant la Révolution, Louis-Quentin Guillaumot, curé d’Arcueil, prête serment à la Constitution civile du clergé, votée en 1790, se plaçant ainsi dans le clergé « constitutionnel ». Le comité révolutionnaire d’Arcueil fait fermer l’église en 1793, sous la Terreur. Elle rouvrira en 1794. L’édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1850, puis déclassé en 1878, et de nouveau inscrit en 1908.

Située à proximité de Paris, l’église Saint-Denys d’Arcueil jouxte les villes de Gentilly et de Cachan, dans le Val-de-Marne. Donnant sur une place arborée, elle est nichée dans un environnement urbain qui était autrefois le cœur historique d’Arcueil. Son entrée principale sur la rue a été considérablement modifiée, son tympan gothique ayant été notamment détruit sous Louis XIV pour laisser la place à une façade neutre, en raison de l’enfouissement progressif de l’édifice dont l’entrée n’était plus praticable. À proximité de l’église, des plants de vigne rappellent les anciens vignobles d’Arcueil, évoqués sous la forme d’une généreuse grappe de raisin, sur l’un des chapiteaux de la nef.

Le triforium gothique de SAINt-Denys d’Arcueil, annonciateur de l’élévation de Notre-Dame de Paris © BENOÎT ROSSIGNOL

L’élégance du triforium

Au premier étage, la nef est limitée par un élégant triforium. En effet, chacun des forts piliers est couronné de son chapiteau, supportant un faisceau de trois colonnettes qui, s’élançant vers la voûte, haute d’une douzaine de mètres, reçoivent sur leurs petits chapiteaux les retombées des arcs des ogives. Vue du portail, cette série d’arcades qui a retrouvé sa blancheur après la dernière restauration est d’un prestigieux effet. Alors que l’extérieur a perdu une grande partie de son intérêt à cause du vieillissement de la pierre, de l’érosion et de malheureuses restaurations, l’intérieur a davantage conservé son cachet primitif et permet, par son examen, de fixer avec quasi-certitude les différentes époques de constructions. Seules les deux premières travées en partant du chœur sont de la fin du XIIe siècle, mais il ne reste quasiment rien de la construction originelle. Les cinq travées suivantes datent de la première moitié du XIIIe siècle, dont le travail plus élancé témoigne de l’assurance prise si rapidement par le nouveau style. Les voûtes sont plus hautes et plus légères, la nef prend de l’ampleur grâce au triforium et les œils-de-bœuf s’ouvrent au maximum. Le coup de ciseau des merveilleux sculpteurs de l’Ile-de-France est bien reconnaissable à la sûreté du dessin et de l’effet décoratif obtenu avec les feuillages les plus simples. Le gothique arrive à sa première période, et le triforium apporte luminosité et élévation, avec une grâce architecturale déjà annonciatrice de celle d’édifices majeurs comme Notre-Dame de Paris.

Chapiteau du XVIe siècle, Saint-Denys d’Arcueil © J.P. Carpentier

Le chapiteau des fous et des singes

Contrastant avec les chapiteaux de la nef, aux motifs végétaux tout à fait caractéristiques du gothique primitif, les chapiteaux du XVIe siècle des deux dernières travées sont ornés d’écussons, de rinceaux et de motifs sculptés de la plus haute fantaisie. Beaucoup de ces figures sont inspirées par la symbolique médiévale de la lutte du bien et du mal, ou encore de scènes bibliques. Sur ce chapiteau particulièrement expressif, se confrontent ainsi deux univers. Sur le registre inférieur, des prophètes, des sages enturbannés déroulent avec solennité des parchemins qui se déploient comme d’élégantes volutes. À l’étage supérieur, la frénésie règne et l’on voit des singes (ci-dessous) se livrer à des cabrioles et mener une irrésistible sarabande. Cette vision ambivalente avait été commentée par Alphonse Duchalais (1814-1854) dans le texte « La danse des fous et des singes » : « L’interprétation du second bas-relief est facile à donner : ces singes, ce sont évidemment les diables qui se rient de la folie des hommes et qui cachés sous une forme allégorique, parodient la folie des habitants de ce monde. »

L’actualité de l’édifice

L’année 2019 a été une année de liesse pour la paroisse Saint-Denys. En effet, le Jubilé des 900 ans de présence de l’église à Arcueil a été fêté le jour de Pâques. Le 21 avril dernier, cette célébration pascale hors du commun s’est déroulée quelques jours à peine après l’in-cendie de Notre-Dame de Paris – dont l’église Saint-Denys a été source d’inspiration et de compétence technique. Et pourtant Saint-Denys aurait pu ne jamais célébrer son Jubilé… En 1828, un rapport d’architecte stipule que, depuis des temps immémoriaux, ce monument n’a pas été entretenu et est dans un dramatique état de délabrement. Des travaux entrepris ensuite défigurèrent tant et si bien le bâtiment que son déclassement aux monuments historiques fut prononcé en 1878. En 1886, l’église menaça de s’écrouler. Elle fut étayée en toute hâte et resta ainsi pendant vingt ans. Enfin, en 1898, des travaux définitifs débutèrent sous la direction de l’architecte Ulysse Gravigny, grâce au mécénat de Palmyre de Provigny – à défaut de subvention de l’État. En 1908, l’édifice est de nouveau inscrit au titre des monuments historiques. Depuis, plusieurs campagnes de restauration et d’entretien ont eu lieu, redonnant au calcaire blond tout son éclat et à la nef toute son élégance. De l’avis de l’architecte des Beaux-Arts et de celui des Bâtiments de France, responsables de la dernière campagne de restauration à la fin des années 90, Saint-Denys d’Arcueil serait la plus belle église paroissiale d’Ile-de-France…

La Source

Moïse les envoya explorer le pays de Canaan. Il leur dit : « Montez par le Néguev, montez dans la montagne. Regardez le pays : comment est-il ? Regardez la population qui l’habite : est-elle forte ou faible, nombreuse ou pas ? Comment est le pays où cette population habite : est-il bon ou mauvais ? Comment sont les villes où cette population habite : sont-elles des campements ou des forteresses ? Comment est ce pays : sa terre est-elle grasse ou maigre ? Y pousse-t-il ou non des arbres ? Rassemblez vos forces et prenez les fruits du pays. » Or c’était le moment des premiers raisins. Ils montèrent donc explorer le pays depuis le désert de Cine jusqu’à Rehob, l’Entrée-de-Hamath. Ils montèrent par le Néguev et arrivèrent à Hébron où habitaient Ahimane, Sheshaï et Talmaï, descendants d’Anaq. Hébron avait été bâtie sept ans avant Tanis en Égypte. Ils allèrent jusqu’à la vallée d’Eshkol où ils coupèrent un sarment et une grappe de raisin. Ils la portaient à deux au moyen d’une perche. Ils avaient aussi cueilli des grenades et des figues. On appela cet endroit la vallée d’Eshkol (c’est-à-dire : la Grappe) à cause de la grappe que les fils d’Israël avaient coupée là-bas.

Livre des Nombres 13,17 – 13,24 (AELF)

Valérie de Maulmin

Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat établi entre Narthex et la revue papier Le Monde de la Bible. Il a été publié dans le numéro 231 – décembre 2019-janvier 2020. Cette revue trimestrielle a confié à Narthex le soin de nourrir la rubrique « La Bible des pierres » depuis décembre 2015. → Retrouvez tous les articles issus de cette collaboration.

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