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Arbre de Jessé, Arbre d’Espérance, Arbre de Solidarité

Tandis que l'obscurité semble gagner de jour en jour, dans cette longue attente de l'Avent, une oeuvre lumineuse vient éclairer et transformer la nuit citadine : le vitrail de l'Arbre de Jessé de Pierre Le Cacheux, tout récemment installé à Notre-Dame d'Espérance à Paris dans le 11e arrondissement, à la fois signe et appel.
Publié le 13 décembre 2020

Pierre Le Cacheux, Arbre de Jessé, vitrail thermoformé réalisé par l’Atelier Loire, 2020, Notre Dame d’Espérance Paris 11e © Barriquand

Loin d’être une durée ouverte sur la lumière de Noël, l’Avent est d’abord la plongée dans une obscurité qui nous enveloppe chaque jour davantage. Lentement, continûment, les aubes de décembre se lèvent plus tard de matin en matin tandis que chaque soir les  ténèbres emportent la clarté du soleil quelques minutes plus tôt. Dans ce voyage au bout de la nuit, on découvre depuis quelque temps une lumière nouvelle au sortir de la rue des Taillandiers dans le 11e arrondissement de Paris, un vitrail réalisé par Pierre le Cacheux et l’atelier Loire de Chartres, qui vient d’être installé à l’église Notre-Dame d’Espérance. Cette œuvre figurative fait apparaître comme un arbre sur la facade en pierre de l’édifice. Dans cet univers rectiligne et minéral se déploie tout un jeu de courbes, de nuances, de couleurs, qui viennent humaniser et adoucir l’espace.

Visible uniquement de l’extérieur, dans une niche prévue originellement pour accueillir une statue de la Vierge d’Espérance, ce vitrail thermoformé, en léger relief, présente de manière actualisée le motif médiéval de l’Arbre de Jessé, qui symbolise la généalogie de Jésus. Les commentateurs ont associé depuis le Moyen Âge une phrase du prophète Isaïe « un rameau sortira du tronc de Jessé, et un rejeton naîtra de ses racines » (11, 1)  à la généalogie du Christ fils de David, fils d’Abraham, retracée au début de l’évangile de Matthieu. Pour évoquer cette  filiation divine et humaine, les artistes ont  inventé depuis des siècles ce schéma iconographique qu’on retrouve dans cette évocation modernisée.

Du corps horizontal figurant Jessé, et qui est aussi bien cet homme sans domicile fixe allongé sur le trottoir juste à côté, sourd un tronc qui s’épanouit en fruits, en personnes bibliques culminant avec les figures de Marie et de Jésus, placés sous la protection d’une colombe avec son rameau de paix.

Espérance, tel était le thème donné à l’artiste pour faire de cette niche une boite à lumière et  à couleurs, un support pour nos rêves et nos prières. L’Espérance, selon  les mots du pape François dans Fratelli tutti, « nous  parle d’une soif, d’une aspiration, d’un désir de plénitude, de vie réussie, d’une volonté de toucher ce qui est grand, ce qui remplit le cœur et élève l’esprit vers les grandes choses, comme la vérité, la bonté et la beauté, la justice et l’amour. »
Dans la nuit  de nos doutes, ce vitrail-lumière dessine les fragiles formes d’un arbre d’Espérance. Les silhouettes et les visages sont juste esquissés, pour que chacun puisse les achever, avec son regard, son invention personnelle. Comme un appel aussi à regarder ces personnes que nous côtoyons dans l’anonymat de nos cités, attendant qu’un geste, une action les aident, peut-être, à se remettre debout.

Il dépend de nous de transformer cet Arbre de Jessé en Arbre de Solidarité. Aujourd’hui, ou demain. Peut-être.

Paul-Louis Rinuy

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