La chapelle de la Mission d’Ecole-Valentin dans le Doubs
Créée par le franc-comtois Jacques Crétenet (1603-1666) né à Champlitte, médecin installé à Lyon, la congrégation des prêtres missionnaires de Saint-Joseph de la ville de Lyon s’installe d’abord à Besançon (Église St-Pierre), puis à Beaupré (Thise) où les Missionnaires résident jusqu’à la Révolution. Les Missionnaires diocésains sont des prêtres qui se rendent dans les paroisses du diocèse, envoyés par leur évêque, pour y rencontrer les habitants dans un but pastoral.
Entre 1816-1818, ils font construire à École-Valentin dans le Doubs un vaste ensemble avec chapelle où ils restent jusqu’en 1977. A cette date, l’archevêque Marc-Armand Lallier supprime cette mission de l’Eglise. Les locaux sont vendus, seule la chapelle est conservée et reste propriété du diocèse. Elle est mise à disposition de la Commission diocésaine d’art sacré. C’est là que sont mis en dépôt, les objets qui, à la suite du renouveau liturgique décidé par le concile Vatican II, ne sont plus utilisés et que les paroisses ne peuvent pas ou ne veulent pas garder.
Les vitraux du Père Couturier
Les verrières de la chapelle sont détruites par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. De nouveaux vitraux sont commandés par le chanoine Lucien Ledeur et la commission d’Art sacré au Père Marie-Alain Couturier qui conçoit les cartons peu avant son départ aux États-Unis. C’est le verrier Paul Bony qui les réalisent. Les verrières sont posées entre 1947 et 1949, une réalisation contemporaine des premiers vitraux non figuratifs conçus par Alfred Manessier à l’église des Bréseux.
Le programme iconographique est composé de personnages bibliques et de saints comme Saint-Pierre et Saint-Paul, Saint-Alphonse de Liguori (fondateur de la congrégation du Rédempteur) Saint-François d’Assise, Saint-Férréol et Saint-Ferjeux (les deux évangélisateurs de Besançon), de scènes : l’Ecce Homo, la Vierge à l’Enfant et deux demi-lunes à décor géométrique sont posées à la tribune.
La commande se fait en deux temps : une première tranche concerne les quatre premiers vitraux de la nef côté chœur posés à l’été 1947. Une seconde tranche est posée en janvier 1950, les deux derniers vitraux de la nef suivis par les oculi (petites fenêtres rondes). La bénédiction de l’ensemble des vitraux a lieu le 29 janvier 1950 par Monseigneur Dubourg.
De grandes compositions décoratives
Ce sont des vitraux figuratifs et historiés dans la tradition des Ateliers d’Art sacré.
Les verrières sont éclatantes de vives couleurs car le Père Couturier est un coloriste qui aime à faire résonner des sonorités, faisant vibrer des tons. Des rouges et ocres rouges caractérisent sa palette. Il utilise du verre teint dans la masse et lie les verrières à l’espace architectural par une organisation par plan sans profondeur. Ce sont de grandes compositions au dessin net, précis proposant des lignes pures sertissant la lumière. Des longues figures qui sont proches de l’univers du peintre espagnol Le Greco.
Les fonds et bordures sont ornées de riches couleurs aux motifs géométriques évoquant les pierreries de la Jérusalem Céleste. Les personnages sont habillés de grands manteaux aux larges drapés et aux couleurs sombres les visages traités en grisaille sont austères. Ces figures de saints sont percées de regards profonds illuminés ou douloureux qui concentrent une vie spirituelle intense.
Ce premier projet inaugure toute une floraison de chantiers dans le diocèse de Besançon. Des artistes célèbres comme Alfred Manessier, Jean Bazaine, Jean Le Moal, d’autres plus discrets comme Jean Olin, Janick Rozo répondent aux multiples commandes de vitraux, chemins de croix, nouveaux espaces liturgiques, mise en couleur de l’église.
Pascale Bonnet
commission d’art sacré de Besançon