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L’icône de la Déisis

Le blog "Patrimoine des Chrétiens d'Orient" vous emmène à la découverte des icônes orientales, sous la plume du professeur Charbel Nassif. L'icône que l'on découvre aujourd'hui présente le thème de la Déisis, qui met toujours en scène les trois mêmes protagonistes : la Vierge et saint Jean-Baptiste, intercédant auprès du Christ.
Publié le 06 février 2019
Écrit par Oeuvre d’Orient

Youssef Al-Musawwer, icône de la Déisis, entre 1641 et 1658 – 22×33 cm

L’iconographie de la Déisis (du grec Δέησις qui signifie prière ou intercession) est constituée par le Christ flanqué de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste tournés vers lui en attitude de prière : ils intercèdentauprès du Christ pour le salut de l’humanité. 

Notre icône constitue la partie centrale d’un triptyque dont les deux volets sont perdus. Elle a été réalisée par le peintre alépin Youssef Al-Musawwer, actif entre 1641 et 1658. Cette icône fait partie de la collection Georges Antaki et mesure 33 cm de hauteur et 22 cm de largeur. Les icônes pliantes, souvent appelées triptyques, étaient toujours présentes dans les maisons des fidèles orthodoxes dans le bassin méditerranéen et les Balkans jusqu’au début du XVIIe siècle.

Sur un fond doré dans la partie supérieure, et vert dans la partie inférieure, la Mère de Dieu et saint Jean-Baptiste le Précurseur sont représentés debout de part et d’autre du Christ. Celui-ci est vu de face, assis un trône en bois recouvert de deux coussins de couleur pourpre et vert, et dont le dos est ajouré. Il bénit de la main droite et tient l’évangile ouvert de la main gauche en le posant sur sa cuisse gauche. Il est barbu avec des cheveux longs qui couvrent son épaule gauche. Il est vêtu d’une tunique pourpre et d’un himation (vêtement ample et enveloppant qui se drape ou s’enroule sur une épaule) vert. Une bande ocre et dorée orne son épaule droite. Le Christ pose ses pieds sur un piédestal. La Vierge et Jean-Baptiste sont représentés de trois-quarts, ils inclinent leurs têtes et tendent les mains dans une attitude de supplication : la Vierge a les deux mains parallèles, tandis que Jean-Baptiste a les mains croisées. Marie est vêtue d’une tunique bleue et d’un maphorion (un manteau féminin couvrant la tête et les épaules) rouge. Jean-Baptiste est vêtu d’une tunique marron et d’un manteau noir. La dimension du Christ est supérieure à celle des autres personnages de cette icône.

L’iconographie de la Déisis se diffuse largement après l’iconoclasme*. Dès le Xe siècle, la Déisis orne le milieu de l’architrave de l’iconostase. Elle est également une composante dans l’iconographie de Jugement Dernier au XIe siècle. La représentation de la Déisis dans l’abside est courante dans toute la périphérie orientale du monde byzantin, notamment en Géorgie, Arménie, Cappadoce et dans les églises de Trébizonde et de Crimée. Jusqu’au XIIIe siècle, la conque de l’abside des églises du Liban et de la Syrie était occupée par la Déisis. Sur d’autres icônes, le Christ peut être représenté debout ou en vêtements épiscopaux. 

Par l’intercession de notre Dame, la toute sainte, immaculée, bénie par-dessus tout et glorieuse, la Mère de Dieu et toujours vierge Marie et du vénérable et glorieux Prophète, le Précurseur et Baptiste Jean, ô Christ sauve nous.

Charbel Nassif

 

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* : On distingue deux périodes d’iconoclasme, la première période (730-787) fut provoquée par l’empereur Léon III l’Isaurien qui interdit l’usage d’icônes du Christ, de la Vierge Marie et des saints, et ordonne leur destruction. Le second Concile de Nicée en 787 autorisa à nouveau le culte des images. Un seconde période d’iconoclasme (813–843) fut provoquée par l’empereur Léon V et fut poursuivie par Michel II et Théophile. La veuve de ce dernier, l’impératrice Théodora convoque un synode qui rétablit le culte des images et la vénération des icônes dans l’Empire byzantin en 843.

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