Le 21 novembre, nous célébrons la fête de l’Entrée de la Mère de Dieu au Temple. Le Nouveau Testament ne renferme aucun détail sur l’enfance de Marie. Cet événement nous est connu par les écrits apocryphes, en particulier le Protoévangile de Jacques. Pour accomplir le vœu prononcé par Joachim et Anne, Marie est présentée au Temple à l’âge de trois ans et elle est accueillie par le Grand-Prêtre Zacharie. Elle y vivra cloîtrée, consacrant tout son temps à la prière et au service du Temple, nourrie par l’ange Gabriel jusqu’à ses fiançailles avec Joseph.
L’icône que nous présentons fait partie de la collection Hadi et Naji Skaff (Liban). Elle mesure 85.5 cm de longueur et 59 cm de largeur. L’inscription arabe en bas de l’icône nous informe qu’elle a été peinte par Abd El-Massih, un peintre originaire de Homs (Syrie) en 1850 à Zahlé dans la Béqaa (Liban).
Sur cette icône où les inscriptions arabes foisonnent, on voit la jeune Marie accueillie par le Grand-Prêtre qui se tient debout sur un piédestal. Son visage a les traits d’une personne adulte pour montrer sa maturité spirituelle dès sa naissance. La petite Marie est à la tête d’une procession composée de ses saints parents, Joachim et Anne et d’un cortège de six jeunes vierges tenant des cierges allumés. Derrière cette scène, le Saint des Saints est représenté sous la forme d’un ciborium éclairé par une lampe. Le voile ouvert suspendu nous laisse voir sur une étagère : la vase de la manne, la vase d’or, les deux tables de la Loi, la menorah (chandelier à sept branches), le livre de la Torah et le rameau d’Aaron qui a fleuri. D’habitude, les icônes byzantines se contentent de représenter uniquement le voile du temple. Sur les pieds des colonnes du ciborium figure un phylactère arabe qui reproduit le tropaire de cette fête :
Aujourd’hui c’est le prélude de la bienveillance de Dieu et déjà s’annonce le salut du genre humain. Dans le Temple de Dieu la Vierge est présentée pour annoncer à tous les hommes la venue du Christ. En son honneur, nous aussi, à pleine voix chantons-lui : Réjouis-toi, ô Vierge en qui se réalise le plan du Créateur.
Dans une seconde scène illustrée derrière Zacharie, Marie figure assise les mains croisées sur la poitrine sur le toit d’un bâtiment entouré d’une balustrade. Un ange lui présente un baluchon contenant de la nourriture. Les icônes byzantines reproduisent souvent Marie assise sur la dernière marche d’un escalier surmonté d’un ciborium.
Cette fête met en exergue la sainteté de Marie qui s’est consacrée dès son enfance pour servir Dieu. La troisième lecture des vêpres (Ez 43, 27 – 44, 4) nous parle de la porte du sanctuaire, fermée à tout homme et par laquelle Dieu seul entre. Ce texte fait allusion à la conception virginale de Marie. En outre, par l’incarnation du Verbe dans ses entrailles, Marie est devenue le vrai temple, un thème largement utilisé dans la liturgie byzantine :
Le très-saint temple du Sauveur, sa chambre nuptiale de grand prix, la Vierge, trésor sacré de la gloire de Dieu, est présentée en ce jour au Temple du Seigneur; elle y apporte la grâce du saint Esprit et devant elle les Anges de Dieu chantent: Voici le tabernacle des cieux.
– Kondakion de la fête de l’Entrée de Marie au Temple
Charbel Nassif