Photo © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Augerot
Lorsqu’il est inauguré en 1973, le musée national Marc Chagall porte le nom de « musée national Message Biblique Marc Chagall ». Il a en effet été conçu pour abriter l’extraordinaire ensemble constitué par les dix-sept peintures du Message Biblique et l’ensemble de leurs esquisses préparatoires que Marc Chagall a donné à l’Etat en 1966.
L’histoire de ces œuvres monumentales, pourtant, commence bien plus tôt, au tout début des années 1950, lorsque l’artiste rentre des Etats-Unis et s’installe à Vence. Pour ce village, il imagine, dans la lignée d’Henri Matisse, un projet destiné à la Chapelle majeure du Calvaire. L’exposition retrace la destinée du cycle du Message Biblique depuis ce premier programme à ce qui deviendra le premier musée national consacré à l’oeuvre d’un artiste vivant.
La première étape de l’exposition retrace le parcours de l’artiste, et notamment sa relation avec les écritures saintes. Né en 1885, Marc Chagall grandit dans une famille juive hassidique à Vitebsk (actuelle Biélorussie) ; il pratique le rite et acquiert de ce fait une connaissance intime de la Bible. Ses premières œuvres sont imprégnées de références bibliques.
Résidant désormais en France depuis 1911, il reçoit une commande pour illustrer la Bible. Pour se préparer à ce travail colossal, il entreprend en 1931 avec sa femme Bella un voyage en Egypte, en Syrie, puis en Palestine. Profondément marqué par ces terres, il écrira qu’il y a « trouvé la Bible et une part de lui-même ». À son retour, il réalise une série d’une soixantaine de gouaches préparatoires aux gravures qu’il projette de réaliser. Chagall y retranscrit, avec réalisme et sensibilité, la lumière et la minéralité des paysages de cette région du Moyen-Orient. Certaines d’entre elles présentent des compositions qui seront reprises quasiment à l’identique dans le cycle monumental du Message Biblique.
Profondément marqué par son voyage en Egypte, en Syrie, puis en Palestine, Marc Chagall écrira qu’il y a « trouvé la Bible et une part de lui-même ».
Après avoir travaillé sur une première série de cinq tableaux monumentaux pour le Message biblique, et contribué au Renouveau de l’art sacré de l’après-guerre en participant au décor de l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce au Plateau d’Assy, il commence à mettre en œuvre le projet de la Chapelle du Calvaire. Trois cycles sont prévus, soumis à l’organisation du bâtiment de la Chapelle majeure : celui de L’Homme biblique devant son Dieu pour la nef, du Cantique des Cantiques pour la sacristie et celui, non réalisé, se référant au destin actuel de l’Homme. Les deux premiers constituent aujourd’hui Le Message Biblique exposé à Nice.
Photo © RMN-Grand Palais (musée Marc Chagall) / Adrien Didierjean
L’aboutissement du projet avec la chapelle est mis en échec par plusieurs facteurs, d’ordre financier mais également patrimonial : un ensemble sculpté présent dans la chapelle, unique en Provence et datant du XVIIIe siècle, provoque l’émoi de personnalités locales, qui s’opposent à son déplacement. Faute d’accord entre la ville et le diocèse (représenté par une commission d’art sacré) sur une possible cohabitation des œuvres anciennes et modernes, le projet est abandonné en 1955.
Cela ne dissuade pas Marc Chagall d’abandonner la création du cycle du Message Biblique, aboutissement d’une longue gestation autour de la représentation biblique. Chaque tableau est préparé par une vaste série d’esquisses. Grâce à celles-ci, réalisées dans des techniques aussi variées que le crayon, l’encre, la gouache, le pastel ou le collage, Chagall détermine les masses colorées et la composition des œuvres finales.
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE MARC CHAGALL) / AUGEROT
C’est avec André Malraux, qui connaît Chagall de longue date, que le projet de musée à Nice prend forme. Il est rendu possible par deux donations à l’Etat de Marc et Valentina Chagall en 1966 puis en 1972, de la totalité des tableaux et des esquisses du Message Biblique, ainsi qu’un ensemble de sculptures, de gravures et de livres illustrés. La donation des œuvres permet d’imaginer un projet architectural spécifiquement conçu pour leur présentation, dans lequel Chagall s’implique avec ardeur et qui sera financé par l’Etat français.
Outre la richesse de sa collection, l’originalité du musée tient dans le soin apporté par Chagall dans la conception des vitraux de la salle de concert, de la mosaïque et de la tapisserie spécialement réalisés pour le musée. Celui-ci ouvre ses portes le 7 juillet 1973, jour des 86 ans de l’artiste. Il est un lieu incontournable pour tous les amateurs de l’Œuvre immense de Marc Chagall.
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