L’exposition « Agen médiéval : de la cité des martyrs à la république communale » reflète l’importance stratégique, politique, économique et culturelle représentée par la ville d’Agen au Moyen Âge. Situé à un carrefour en bordure de la Garonne, vers Bordeaux mais aussi Toulouse, la ville d’Agen va réussir à attirer pèlerins et fidèles dès le Ve siècle grâce à l’existence de saints martyrs locaux, sainte Foy et saint Caprais. Le diocèse d’Agen est le terrain de nombreux conflits qui opposent pouvoir communal et autorités ecclésiastiques. Les consuls, en charge de son administration, profitent des tensions existantes pour faire accroître leur autonomie. Vers 1500, la ville d’Agen compte plus de 10 000 habitants.
Le parcours de l’exposition propose de découvrir la période du Ve au XVe siècle, une période millénaire méconnue à travers plus de 230 oeuvres d’art et objets du quotidien, afin de souligner la place singulière de la ville à cette époque.
Agen, cité religieuse
Le souvenir des saints martyrs est aujourd’hui encore très présent dans la mémoire collective. Les saints agenais ont en effet marqué de leur nom les églises et cathédrales primitives de la ville. C’est le cas par exemple la cathédrale Saint-Étienne construite en 1272. Avec la collégiale Saint-Caprais, elle fut le principal monument de la cité. Elle a aussi concentré un patrimoine artistique important : peintures murales, vitraux, objets et vases liturgiques, chapes, manuscrits liturgiques calligraphiés et enluminés, etc.
La cathédrale, fait exceptionnel, fut entièrement détruite pendant la révolution. Dans ses fondations, on retrouva alors deux crosses épiscopales finement ouvragées provenant de tombes d’anciens évêques.
Agen est à la fois une cité épiscopale et un lieu de pèlerinage aux saints martyrs ; c’est également le point de convergences de nombreux ordres religieux, à l’origine d’un florissement de la construction d’abbayes à partir du XIIe siècle. Les jacobins (dominicains) s’installent dès 1249, les cordeliers (franciscains) en 1296, les carmes en 1272 et enfin, les augustins vers 1287-1293. Les églises et les bâtiments des couvents des ordres mendiants marquent le paysage monumental. La Révolution ne laisse en place que l’église des Jacobins et celle des Cordeliers, aujourd’hui église Saint-Hilaire. L’exposition présente une série de chapiteaux des XIVe et XVe siècles provenant des cloîtres de ces anciennes abbayes médiévales.
Une cité prospère et organisée
La réalisation, à la fin du XIIIe siècle, du Livre des coutumes ou Livre juratoire d’Agen est la manifestation tangible du pouvoir des consuls dans l’exercice du gouvernement communal. Ce livre contient la rédaction des libertés et des franchises urbaines de la ville faite à la fin du XIIIe siècle. Il est qualifié de « juratoire » en raison des deux miniatures en pleine page sur lesquels les gouvernants, lors de la prise en fonction, devaient prêter serment. Le droit coutumier se décline en 57 chapitres gascons. On y retrouve une description précise du système d’administration de la cité.
La croissance urbaine de la cité au Moyen Âge s’explique en grande partie par l’essor économique qui touche la ville d’Agen. La cité agenaise se tourne davantage vers la Garonne pour promouvoir le commerce du vin et du blé sur toutes les cités jalonnant le fleuve ainsi qu’à l’étranger. Par ailleurs, le port intérieur devient le lieu d’enregistrement de toutes les marchandises. La place du Marché et le quartier des Cornières eux constituent l’espace de prédilection où se concentre un nombre important de commerçants.
A partir du 15 septembre : trois manuscrits de la BNF exposés à Agen
L’exposition donne l’opportunité de nouer un partenariat exceptionnel avec la Bibliothèque nationale de France. Trois manuscrits provenant d’Agen et de l’Agenais reviendront, l’un d’entre eux pour la première fois, et seront exposés à partir du 15 septembre et jusqu’au 18 novembre 2018.
Le Bréviaire choral, offert par l’évêque Bertrand de Got aux chanoines de la cathédrale Saint-Etienne. Son format exceptionnel a imposé rapidement sa division en plusieurs parties, dispersées pendant la Révolution. Les recherches menées depuis quelques années et un travail analytique de fond entrepris pour l’événement Agen médiéval donnent l’occasion de révéler cet important vestige et de le replacer dans le contexte de la commande de grands manuscrits au XIVe siècle.
Le Nouveau Testament, exécuté vers 1170-1180, est un chef-d’oeuvre de l’enluminure limousine. Il a appartenu au prieuré du Deffès, site proche d’Agen réputé pour son enseignement et complètement disparu aujourd’hui. Le futur pape Clément V y a été un des plus prestigieux élèves.
Le Processionnal à l’usage de l’abbaye de Saint-Maurin (fin XIe-début XIIe siècle), intéressant par ses pages enluminures dont une, représentant deux hommes se heurtant le front, particulièrement belle et énigmatique.
Teaser de l’exposition :
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