L’artiste américaine Sheila Hicks a répondu à une commande de la région Centre-Val de Loire pour la galerie du Fenil ; c’est ainsi qu’est né « Glossolalia ». Sheila Hicks utilise avec une virtuosité phénoménale le fil, les fibres et leurs couleurs, comme un peintre use de ses pigments. Chaque création est pour elle un voyage, une exploration qu’elle engage avec les merveilleux volumes colorés et les cordages monumentaux dans un vaste éventail de fibres naturelles et synthétiques, qui l’accompagnent en permanence et avec lesquels elle invente ses univers infiniment poétiques.
Artiste accomplie et reconnue, elle expose, dans le même temps, au pavillon des couleurs de la Biennale de Venise.
L’espace du fenil est habité par ces installations de toute taille et de toute couleur, tissages et collage de laine ou de lin savamment agencés. C’est une déambulation sensorielle qui est proposée au visiteur, où fils et textiles donnent forme à un « langage mystérieux » ; c’est ce qu’exprime « Glossolalia », le titre de l’œuvre.
Parmi les œuvres admirables que cette édition offre à notre contemplation, il nous faut parler de l’installation de Stéphane Guiran dans le manège des écuries. « Le nid des murmures » est un immense champ de fleurs de quartz que l’artiste a patiemment rassemblées. La poésie du lieu est renforcée par une création sonore composée à partir de murmures d’enfants. « Réunies dans cet écrin posé entre terre et ciel, les quatre mille géodes de quartz deviennent un immense amplificateur de murmures. Un exhausteur de silences. Que chaque visiteur ose y déposer ses songes. Ses vœux. Ses rêves secrets. Et ces silences s’envoleront, par les fenêtres ouvertes, aux souffles du vent. » (S.Guiran)
Les artistes font en effet écho, dans leurs propositions à la thématique du festival des jardins, qui proclame : Flower Power ! et Karine Bonneval n’en fait pas exception. Avec « Saccharumania », le spectateur découvre de délicates fleurs préservées par des bulles de verre. C’est le sucre, matériau aussi fragile qu’inattendu, qui permet à l’artiste de matérialiser pétales et bourgeons en toute poésie. Pour elle, le sucre symbolise un paradoxe, une duplicité, entre le plaisir recherché de sa consommation et son histoire dévastatrice, par le travail des esclaves dans les champs de canne à sucre. Emblématique du meilleur comme du pire de l’humanité, qui aurait cru que le sucre nous ferait cheminer à travers de tels questionnements…
Cheminons encore, dans les jardins oniriques des aquarelles et pastels de l’artiste Sam Szafran, dans les galeries hautes du château, ou les sculptures arachnéennes de la jeune Sara Favriau, du côté de la grange aux abeilles. Ces deux artistes ont en commun une occupation de l’espace, aussi bien verticalement qu’horizontalement, pour nous enfouir dans les méandres de leurs compositions. Le regard s’y perd, s’attarde sur chaque détail, dérangé par une forme de déséquilibre dont il cherche l’origine. A l’inverse, les œuvres de Mâkhi Xenakis et de Andrea Wolfensberger comblent notre soif de régularité, de courbes, de géométries et d’équilibre, que naturellement notre esprit nous amène à rechercher en toute chose.
Bien d’autres artistes offrent leurs œuvres à la contemplation du visiteur, que nous laisserons le soin à tous de découvrir sur le site du domaine de Chaumont ou directement in situ. Les déambulations à travers l’art et la nature sont riches en découverte, cette année encore à Chaumont-sur-Loire, l’occasion de s’adonner avec bonheur à la contemplation et à l’émerveillement.
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